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mardi 7 avril 2020

Confinement: page 19

[...]

Sandra était ponctuelle, ça aussi, Jules le savait. Il savait que, lorsque la grande aiguille serait tout en haut de l'horloge, sa maman ne tarderait pas d'arriver. Qu'il n'avait plus le temps d'ouvrir un livre, ni de jouer à la dînette. Il s'agitait, bousculait les autres petits. A la fin de la journée, beaucoup étaient surexcités. La fatigue, l'énervement, la hâte de quitter ce lieu confiné et trop sonore les rendaient difficilement obéissants.
Jules profitait de ces débordements collectifs pour donner quelques coups gratuits, il savait que ce n'était pas bien, sa maman le lui avait dit de nombreuses fois, mais c'était plus fort que lui, de toute façon, il n'était pas le seul à agir ainsi.
Il vit sa maman derrière la fenêtre. Deux minutes plus tard, il lui sautait dans les bras, la couvrait de baisers.
– Maman, je t'ai attendu.
Elle le serra fort contre elle, s'apprêta à habiller Jules lorsque l'éducatrice demanda à lui parler. Sandra voulut poser son enfant pour échanger avec elle, mais Jules se débattit pour rester dans ses bras.
– Il a encore tapé ses camarades, aujourd'hui, commença-t-elle.
Aussitôt, le encore l'agaça.
– Ce ne devait pas être un acte gratuit. J'imagine qu'il s'est défendu d'une injustice, qu'on lui a pris l'un de ses jouets, répliqua instantanément Sandra. Je connais Jules, jamais il ne ne donnerait un coup par pur plaisir. C'est un enfant doux et aimant.
– Je ne sais pas Madame, ce n'est pas la première fois qu'il le fait...
Jules enlaçait le cou de sa maman, il aimait respirer son parfum, il aimait la douceur de sa peau. Elle était merveilleuse, elle était sa maman, et leur amour réciproque était colossal, il savait qu'aucun autre enfant ne pouvait partager ce genre d'amour. Jules se sentait privilégié, parce que sa maman lui appartenait, à lui et pas aux autres. Il la trouvait belle, intelligente, douce, gentille. Il la trouvait parfaite alors que toutes ces autres femmes, mères des autres enfants, paraissaient si fades. Il pensa à tout ça, avec ses mots, son langage, ses pensées, en attendant qu'elle finisse sa conversation avec l'éducatrice. L'oreille collée à son corps, il écoutait son cœur battre, s'accélérer aussi, parce que sa maman n'était pas d'accord, parce qu'elle était irritée, il ressentait la tension, il ressentait tout ce qui se passait chez cette femme à laquelle il appartenait et qui lui appartenait en retour.
Il s'agita, pour lui montrer qu'il en avait marre, et qu'il avait envie de partir. Il posa sa main sur son menton, essaya de lui tourner la tête pour détourner son attention.
– Maman, maman, on y va ? Maman, je veux y aller.
– ...oui, nous allons en parler tous les deux, il est inutile de le faire ici. Je vais avoir une discussion lorsque nous serons au calme. Il est fatigué, je dois y aller. Au revoir, madame.
Jules serra davantage sa maman dans ses bras pour lui montrer qu'il l'aimai. Une fois dehors, il voulut descendre jouer sur le stade de jeu contigu.
– Non, mon chéri, on doit rentrer à la maison.
– Non, je veux pas y aller, je veux jouer !
Il s'énerva, sa maman lui céda. Juste un instant, et après, on y va, lui dit-elle. Ils restèrent une demi-heure, jusqu'à ce que le petit tombe et s'écorche les mains. Elle courut vers lui, il hurlait de douleur.
– Oh, mon chéri, maman est là. Ça va ? Tiens, regarde, je vais te faire un bisou magique. Là, voilà, ça va mieux. Tu sais, mon amour, il faut faire attention, tu sais que si tu vas trop vite, tu peux tomber.
Elle le câlina pour le réconforter, lui chanta une berceuse, elle appréhendait les chutes de l'enfant, elle veillait à toujours être à ses côtés pour le surveiller, qu'il ne se fasse pas mal, qu'il sache qu'elle était toujours là pour lui, qu'elle l'aimait de tout son cœur. Elle était anéantie par ses douleurs, ses fièvres et vomissements lorsqu'il était malade, ses chutes lorsqu'il se mettait à courir, s'emmêlant les pieds dans la précipitation. Elle se sentait alors mauvaise mère, impuissante devant ses pleurs.



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