Petit, j'étais fan de trumpoline. Je passais mes journées sur le vieux matelas à ressorts de mes parents, qui, lorsqu'ils me prenaient sur le fait, me mettaient au passage une bonne trumpe qui me rougissait les fesses. Ce qui ne m'empêchait pas de recommencer. Ah, ça oui, j'avais de la trumpe, un sacré caractère, me disait-on. Au fond de moi, je me disais que ça m’aiderait à avancer dans la vie, à ne pas
me laisser marcher dessus.
Néanmoins, je devais impérativement grandir et évoluer. Et cela passait forcément par un travail assidu. Comme le dit le proverbe africain, « Un éléphant n’est jamais fatigué de porter sa trumpe ». Je me pris donc en main. M'intéressant rapidement aux médias pour suivre l'actualité de notre Monde, les pages m'ont peu à peu amené vers la politique. J’ai rapidement compris l’intégrité de nos gouvernements, eux qui détenaient dans leurs mains le pouvoir de changer les choses, et surtout d’œuvrer pour un monde juste et meilleur.
Peu à peu, la politique a pris le
pas sur ma vie. Grâce à l’avènement de la télévision, de la radio, des réseaux sociaux, impossible de passer une
journée sans s’intéresser aux différentes actions de nos politiciens. Je dormais, mangeais, buvais devant la télé ou en lisant les journaux. Le goûter de 16 heures était un grand moment de plaisir. Avec un bon magazine ouvert en face de moi, je buvais mon chocolat chaud, y trumpant des tartines beurrées. Grand moment de délectation. Les
débats me subjuguaient, plus encore les traditionnels directs du mercredi à l’Assemblée
Nationale, libérant en moi des sentiments incroyables. Suspense, joie, tristesse,
drame, il y avait là plus d’émotions qu’un film ne saurait jamais retranscrire,
sans artifice, sans trumpe-l’œil.
Étonnants de sincérité, je savais
qu’en politique, il n’était question que de vérités, je ne pouvais me trumper,
ces gens-là étaient incorruptibles. D’autant plus qu’il est question d’adultes,
et qui dit adultes dit forcément irréprochables.
Bill Clinton, au début des années
2000, s’est empêtré entre les jambes de Lewinsky, ternissant son image de
président, trumpant par la même occasion sa femme Hilary. Oui, le bougre était
marié. Un fait marquant pour moi, je tombais des nues. Comment un adulte, qui
plus est homme politique, pouvait mentir ? J’ai mis cela sur les comptes
des américains. Nous, français, étions forcément au-delà de tout soupçon.
Mais détrumpez-vous, mon monde n’allait
pas tarder à s’écrouler avec de nombreuses affaires sordides, bygmalion avec Sarkozy,
les trumperies de Cahuzac, les écoutes à l’époque de Mitterrand.
A force, j’ai compris que pour
faire de la politique, il fallait à tout prix détourner la vérité. Trumper son
électorat, telle était la clé d’une grande carrière dans le milieu.
Il y a quelques
jours, le monde entier ne parlait que de ça : les élections américaines. Madame
Clinton face à Trump. Tous les sondages donnant la Dame gagnante. Le clown
Trump n’était là que pour le spectacle, il n’y aurait pas de trumplin pour
briguer la présidence. Le discours effronté de l’homme suffirait à le
décrédibiliser. La comédie ne durerait pas longtemps, une fois les élections
passées, les choses sérieuses reprendraient et notre grand milliardaire serait
vite oublié. Ne vous y trumpez pas, Clinton gagnerait haut la main.
Sauf que voilà. L’impensable est
arrivé.
Trump, celui que les
médias du monde entier prenaient pour la plus grande farce de l’histoire, se
retrouve au sommet du pays le plus puissant de la planète.
Certains se disent comme
Saint-Thomas, ne croire que ce qu’on voit. Alors attendons… Si les trumpettes
sonneront bientôt, chacun espère qu’elles ne seront pas signe de mauvais
augure.
Et puis, comme le dit notre héro dans le film "la cité de la peur": on peut trumper mille fois
mille personnes… Non, on peut trumper une fois mille personnes, mais on ne peut
pas trumper mille fois mille personnes… Euh, non, pas ça non plus, on peut trumper
une fois mille personne mais on peut pas trumper mille fois une personne… Ah
non…
PS : un conseil pour le futur président : Donald,
ne fais pas ton Picsou, avec les milliards de ton portefeuille, un petit don
pourrait certainement sortir de la misère les nombreux pays en
difficulté.
A bon entendeur.