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col de la Botte, copyright le Dauphiné |
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podium avec l'Espagnol Tejada Ocejo copyright le Dauphiné |
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col de la Botte, copyright le Dauphiné |
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podium avec l'Espagnol Tejada Ocejo copyright le Dauphiné |
La première partie, elle remonte à 2020. A cette époque, je me lançais dans l'Ultra. Une première tentative dans les Belledonne. En 2019, je faisais mes premiers pas dans le trail, deux 25km, et puis la SaintéLyon. Et puis... c'était tout.
La suite, vous la connaissez. 125km, et puis le cerveau a disjoncté. Il en avait marre de tous ces cailloux, avalés jusqu'à l'indigestion. Je me suis dit que cette course n'était pas pour moi. Trop long. Trop dur. Les cuissots n'avaient pas tenu, le cerveau avait déraillé. En redescendant du col de la Perche, je m'étais dit: plus jamais. J'en étais convaincu, personne n'allait me faire changer d'avis.
Sauf moi. Trois ans plus tard, la cervelle avait digéré, la douleur avait été oubliée, j'étais de nouveau prêt. Et puis, comme on dit, il n'y que les cons qui changent pas d'avis. En rentrant du Canada, lorsque j'ai vu dans ma boîte mail l'invitation pour remanger du caillou, je n'ai pas hésité longtemps. D'autant plus que je n'aime pas rester sur un échec. Il m'a fallu une minute pour cogiter, la décision était prise, j'allais retenter l'aventure dans les Belledonne. Même si physiquement, j'étais bien loin de mes préparations lorsque j'étais en carrière sportive, le mental était présent: j'avais une solution imparable pour me préparer à la course: faire des chantiers. L'échappée Belle, tout le monde le sait, c'est un véritable chantier. Alors rien de mieux que de continuer dans la lignée: terrassement, coulage de dalle, isolation. J'avais du boulot à la pelle, et rien de mieux que de travailler à l'extérieur en pleine canicule pour me mettre en situation de course.
A coups de pelles et de grandes transpirées jusqu'à l'avant veille au soir, j'étais fin prêt pour ma bambée. Pour ne rien laisser au hasard, je suis quand même allé reconnaître le dernier morceau avec Cédric, mon chocolatier préféré et fournisseur de Cr'oc&Go. Un petit 50 bornes pour savoir à quoi allait ressembler l'arrivée à Aiguebelle.
Attention, photo codée... Allez-vous réussir à la décripter?... |
En arrivant à Vizille, la veille de l'épreuve, le thermomètre affichait 42 degrés. Même si la météo annonçait quelques orages, j'étais assez confiant sur le déroulement de la course. Le premier coup de tonnerre est pourtant arrivé très tôt: à 18 heures, l'organisation annonçait une épreuve raccourcie. Les prévisions étaient plus mauvaises que prévues, et il fallait jouer la sécurité. Une décision difficile à prendre, mais il fallait en prendre une et tout le monde le sait, il faut savoir rester humble devant les forces de la nature.
Une course réduite de moitié, mais la plus belle moitié, et probablement la plus dure. De toute façon, ça ne changeait rien pour moi, j'étais prêt à en découdre, d'autant plus qu'Isa avait accepté de m'accompagner pour encouragements et ravitaillements. J'avais là mon assistance personnelle de choc.
Après un passage dans l'Ouest, à faire des globules à l'Océan (oui, je sais, les globules à 0m d'altitude, ça ne s'est jamais fait, mais faut bien que quelqu'un s'y colle un jour), j'ai mis le dossard à la 6000D. Bien obligé, avec l'objectif Echappée Belle qui se profilait fin août et avec exactement 2 sorties à pied dans les montagnes en juillet, fallait remettre les cuissots en mode montée/descente. Je ne croyais pas si bien dire, la 6000D, c'était exactement ça: en gros une montée, puis une descente. La 6000D, je la connaissais de nom et même si avant de me lancer dans le Trail je croyais qu'elle faisait 6000 de D+, je savais qu'elle restait un gros morceau avec ses 3600 de D+/D-. Un gros morceau surtout pour mes cuissots en manque de descente.
Le départ a sonné à quatre heures. Quand on fait du trail, on sait que les nuits risquent d'être courtes. Et les journées, parfois trèèèèès longues.
Après avoir limité les dégâts dans la montée (5ème et pas trop loin de la tête au sommet), j'ai entamé la descente. Interminable. J'ai pataugé mes foulées, vu les minutes défiler, une vingtaine au total sur l'ensemble du profil descendant. Pas de quoi faire le fier, j'ai bien cru que je ne verrais jamais la banderole d'arrivée. Je passe la ligne en 7ème position, en titubant, me demandant comme souvent dans ce moments: mais qu'est-ce que je fous la?
Pour la suite, quelques jours de récup (à me coltiner un petit Virus attrapé sur les pentes escarpées de la Tarentaise. Pas de doute: la montagne, ça vous gagne!), puis une bonne semaine d'entraînement en vue de mon gros morceau fin août, avec en point d'orgue de cette semaine volume, un retour sur un format sur lequel je me suis longtemps cantonné: le Kilomètre Vertical (cette fois-ci sur celui du Criou).
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Âmes (et cuisses) sensibles s'abstenir |
Enfin voilà, j'en avais terminé avec ma super prépa pour mon Echappée Belle.
Et j'ai réalisé que j'étais bien loin du chantier prévu dans quelques jours. Qu'il était loin, le temps où je faisais du sport à longueur de journée.
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Copyright le Dauphiné |
L'occasion était trop belle pour la laisser passer. Une course à quelques kilomètres de la maison, ça ne se refuse pas. Un premier dossard sur du long depuis deux ans, j'y allais avec envie et surtout, prendre du plaisir pendant la course. Oui, faut être un peu barge pour prendre du plaisir pendant des heures de course, mais c'est comme ça, on ne se refait pas. J'avais fait quelques belles séances de course à pied en préparation, et l'envie y était, c'est le moins qu'on puisse dire.
La veille, je suis allé dormir sur Annecy. Enfin, dormir, c'est un bien grand mot, parce qu'avec un départ à 2h45, avec l'excitation du départ, difficile de fermer l'oeil. J'ai enfourché mon biclou à 2h pour traverser la ville, l'ambiance était assez particulière, les coureurs sortaient de partout pour converger vers le Petit Port, croisant en même temps les fêtards bien imbibés qui faisaient la fermeture des bars. A ce moment, j'avais le sourire.
Le sourire, j'ai commencé à le perdre deux heures plus tard, après la descente du Semnoz. Pourtant, je n'étais pas parti trop fort, assez content de ma gestion de l'effort. Dans le top 10 à ce moment, à quatre minutes de la tête au point d'eau de Saint-Eustache (km30 environ), la suite a été plus compliquée.
J'avais deux objectifs, le premier étant de terminer la course sans avoir de problème physique ni musculaire. En mémoire ma CCC de 2021 qui a été un véritable calvaire. Le deuxième, celui de prendre du plaisir, m'aurait sûrement permis de rallier plus rapidement le départ à l'arrivée. Il m'a fallu un peu moins de dix heures pour boucler la boucle (16ème place au final), on va dire qu'à défaut d'un bon résultat, j'ai travaillée mon mental.
Pour la petite histoire, j'avais lu que tous les coureurs qui passaient sous la barre des 10h20 recevaient une petite prime financière. Du coup, c'était devenu l'objectif de fin de course. Sauf qu'à l'arrivée, on m'a annoncé que la prime s'arrêtait au 15ème. Je me suis fait doubler dans le dernier km 😭Il y a des jours, comme ça...
Quoi qu'il en soit, s'il y a une chose merveilleuse dans ces courses avec départ de nuit, c'est l'ambiance du départ avec toutes ces lampes allumées, et plus encore, le réveil de la nature à l'aube. Pas de doute, je remettrai le dossard l'an prochain sur cette MaxiRace, on va dire que cette année était en mode découverte ;o)
Décidément, après un gros loupé il y a deux ans lors des championnats de France de course de Montagne, cette édition 2023 ne m'aura guère mieux réussi. Ne vous fiez pas à la photo, le podium, c'est dans la catégorie "Vieux", pas de quoi se pavoiser. On va dire que j'ai encore le décalage Canadien dans le sang, il faut bien se trouver une excuse 😁. Jamais dans le rythme, que ce soit dans les montées ou les descentes, certains diront qu'au moins, j'ai eu le temps d'apprécier le paysage magnifique du Dévoluy. Eh bien même pas, j'ai surtout bien regardé où je mettais les pieds pour ne pas me retrouver par terre. Le terrain était parfois technique et vous savez, moi, je suis plutôt éléphant de mer que cabri des montagne.
Là, va falloir faire du jus, comme on dit dans le jargon. Parce qu'après un joli bloc d'entraînement de trois semaines, je mets le dossard à la MaxiRace à la fin du mois. Tour du lac au programme, en passant par les crêtes. Un gros morceau en perspective, 88km et 5000m de D+. En tout cas, une chose est sûre, j'aurai davantage le temps de me mettre dans la course. Et peut-être d'admirer le paysage au levant, vu que le départ de la course est à... 3 heures du matin!!!