"Et sinon, vous faites quoi dans la vie ?" est un recueil de 25 nouvelles parfois inspirées de vécu, bien souvent totalement imaginaires. Le livre est en 13cm par 19cm, 164 pages. Un court extrait ci-dessous (la première nouvelle est parue pour la première fois dans le magazine Nordicland).
Préface
-Comment ça,
toi, tu écris ?!
Je regarde le
pote qui se moque ouvertement de moi, me dis que je ne vais pas le garder
encore longtemps sur la liste de mes amis. Malheureusement, la liste est trop
courte, et si je bannis le pote en question, j’ai bien peur qu’il ne m’en reste
plus aucun. Alors je prends sur moi.
-Ben oui,
j’écris.
-Naaaannn, tu
me fais marcher, là.
-…
Il s’arrête de
rire. Puis de sourire.
-Ah, c’était
pas une blague ? me fait-il avec sérieux.
Silence. Même
pas une petite mouche qui vole, histoire de détendre l’atmosphère.
-Tu veux
lire ? je lui demande.
-Euh… non. Tu
sais, moi, la lecture… Tu connais Obélix et la potion magique ?
A voir sa moue,
j’imagine qu’il ne me voyait pas du tout tenir une plume.
-Je vois pas le
rapport, lui ai-je répondu…
Voilà à peu
près comment l’histoire a commencé. Pour la suite, il faut tourner les pages.
Je dis
toujours : sourire, c’est comme lire, à consommer sans modération.
Le
ski de fond
-Et sinon, vous
faites quoi dans la vie ?
-Du ski de
fond.
-Ah ?!
Ce Ah, il
a tout. Le point d’exclamation, d’interrogation, sans oublier les trois points
de suspension qui vont suivre. Les deux premiers marquent la déception de
l’interlocuteur.
Comment ça,
vous ne faites QUE du ski de fond ?!
Cette
discussion, elle arrive de nulle part. A une soirée, dans un magasin, lors d’un
pique-nique, en montagne, partout en somme. Juste deux personnes qui se
rencontrent et qui commencent à parler. Une banalité pour ouvrir le débat,
ensuite on parle de la pluie et du beau temps, de la guerre dans le monde, de
la crise économique, du pays qui va mal, des coucheries médiatiques, celles du
président des Etats-Unis dans les années 60, ça va de soi, et enfin, on tombe
sur le classique, la question à laquelle personne n’échappe :
-Et sinon, vous
faites quoi dans la vie ?
Je ne sais pas
pour vous, mais en ce qui me concerne, elle a toujours le don de me faire
sourire, celle-là.
Je tords un peu
des mains, j’essaie de digresser, de revenir au président et de ses frasques
avec Marilyn Monroe, mais l’histoire est vieille et le sujet se fane. Lorsque,
pour la deuxième fois, la personne me repose la même question, je vois bien que
je ne vais pas pouvoir y échapper.
Au début, je ne
rentre pas dans les détails. Je parle du sport de haut niveau. Ça fait classe,
Haut Niveau.
Grandiose,
élitiste, impressionnant, superlatif.
Niveau tout
court, ça passe inaperçu, c’est plat, ça n’éveille pas la curiosité. Mais Haut
Niveau, oui, tout de suite, ça cause. On est dans un autre domaine.
Et lui, elle,
la personne en face de moi, elle s’attend au joueur de foot, tennis, voire
encore rugby, passe encore pour la pétanque…
Je vois bien
que lorsque j’avance le ski de fond, lorsqu’elle me répond son Ah ?!, et
qu’elle ajoute à la fin ses trois points de suspension : Ah ?!
..., il y a dedans toute la déception du monde.
Elle fait
ensuite mine de s’intéresser au sujet. Parce qu’elle est polie, convenablement
élevée, et que bien qu’elle meure d’envie de tourner les talons et trouver un
autre gars un peu plus intéressant, elle
s’abstient.
Donc, nous
parlions de ski de fond…
Il y a soudain
cet éclair de lucidité dans son regard, et le sourire au coin des lèvres, la
personne s’exclame :
-Ah oui !
Du ski de fond. Vous voulez dire du Skating !
Je lui explique
alors gentiment ce qu’est le ski de fond. Qu’il n’y a pas que du skating, mais
aussi le pas alternatif, dans les traces, et que lorsqu’on fait du ski de fond,
on alterne les deux styles, parfois le classique, et parfois le skating.
Elle laisse une
courte pause, le temps nécessaire à la réflexion, passe en boucle les images de
sa jeunesse, se rappelle ses galères d’enfant, d’école, des sorties par vingt
degrés en dessous de la barre du zéro, là où même le thermomètre n’arrive plus
à afficher la température tellement il se les caille lui aussi.
Et elle se
revoit avec une paire de skis à écailles, des chaussures en plastique avec bout
en caoutchouc qu’il fallait pincer dans la fixation. Et la marche à ski comme
en plein Pôle Nord. A ce moment, je perçois l’éclat des yeux qui perd encore un
peu plus de son intensité.
Pour changer de
tonalité, pour la faire rêver, je lui dis que comme le dirait ce bon vieux
Prévert, le classique, c’est fantastique. Elle n’a pas la rime facile,
alors dans un langage plus prosaïque, je lui parle des sensations de glisse, du
déroulé du pied, des cristaux de neige crissant sous la semelle du ski.
A son sourire,
je devine qu’elle me prend pour un givré.
On commence à
devenir tous deux mal à l’aise. La personne regarde derrière elle, moi je lève
la tête en disant qu’il va peut-être pleuvoir bien qu’il ne manque pas une
seule étoile au ciel.
Et enfin,
presque par désespoir, elle me lance :
-Mais, vous
faites comme Raphaël Poirée, avec le fusil ?
Je soupire, on
touche le fond. Toujours le même refrain, probablement parce qu’on se souvient
d’un sport de par son potentiel médiatique, et que son potentiel médiatique
dépend en quelque sorte de ses champions. Parce qu’on retient plus les
médailles que le sport en lui-même. Alors, pour lui faire plaisir, pour éviter
de rentrer dans un nouveau débat dont je sortirais de toute façon perdant, je
lui réponds :
-Oui, oui,
c’est ça, comme Raphaël Poirée…
Coucou Benoit,
RépondreSupprimerJe T'ai rencontré hier dans notre foyer de ski de fond de La Chapelle Rambaud et j'ai eu beaucoup de plaisir à converser avec Toi ....
Bonne continuation et surtout ne change rien de tes envies pour les années à venir ..... Annie
Merci Annie, je n'ai pas pu te revoir cet hiver, mais j'arriverai bine à trouver un moment pour passer durant l'été!
SupprimerA très bientôt
bonjour, je suis actuellement entrain de lire votre livre. Le début que j'ai deja lu est pas mal, plein d'humour j'aime bien!
RépondreSupprimerBonne chance pour le championnat de ski fond ce week end à la Clusaz.
Sabrina
Merci Sabrina pour ce gentil message. Sourire est tellement important dans notre monde de fous, que j'ai écrit mon livre avec l'espoir qu'il donne la banane à ses lecteurs. C'est cool si j'ai atteint mon but !
SupprimerBonjour benoit,
RépondreSupprimerJe voulais sincérement te féliciter pour ce truc que tu as fait hier, c'est énorme
T'avais deja gagné y a 2 ans mais c'était un peu kermesse, j'y étais
Hier , c'était un truc de costaud: neige abrasive, froid polaire j'y étais aussi
J'espere pouvoir te féliciter de vive voie aux glières
Un poireau anonyme comme on dit au motocross
J'ai du retard dans les réponses, mais un grand merci pour ce commentaire bien sympa. Maintenant, cap sur la troisième!!!
SupprimerBonjour
RépondreSupprimerPublierez-vous un nouveau livre cette année?
Vous aviez dit espérer pouvoir en publier un par an, en ayant déjà écrit plusieurs d'avance...
A bientôt
Pierre-Etienne
Il va arriver sous peu! Il est déjà bouclé, dans les stands, prêt à filer sous les yeux des lecteurs. Normalement, il passera par une maison d'édition (je dis bien normalement, après, dans ce milieu, il y a toujours pas mal de surprises...) Je mets un petit extrait rapidement, ce ne sera pas un roman, mais un récit un peu romancé, dans le même style d'écriture que le premier bouquin.
SupprimerHello Benoit,
RépondreSupprimerJe suis la soeur de Denys. Je ne sais pas si tu te souviens. J'espère que tu vas bien. Je confirmes les souvenirs d'enfance de ski de fond, surtout pour les skieurs alpins du sport étude de Boëge lol Bon courage et peut être que je viendrais une fois t'encourager avec Denys.
Sabrina
Bien sûr que je me souviens. Tu vas laisser croire que j'ai une mémoire de poisson rouge! Ah, le collège de Boëge, de bien belles années avec Daniel Desjacques. Tout va bien, merci pour ton message, pas de problème pour vous voir sur une course, ce sera avec plaisir!
RépondreSupprimerA bientôt,
Benoît
J'ai lu votre livre,acheté par hasard,juste pour vous dire que j'ai eu beaucoup de plaisir à le lire,j'espère que vous pourrez,bientôt, publier le prochain.
RépondreSupprimerBonne continuation,pour tout.
Vincent.
Merci pour ce commentaire, le prochain paraîtra aux Editions du Belvédère début mai!
SupprimerA bientôt