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mercredi 2 décembre 2020

Puis vient la Peur

Je ne suis pas croyant. Je me dis que croire en une entité enchaîne trop d'Hommes et leur enlève leur liberté de penser. Que les Dieux ont été inventés pour unifier les Hommes mais qu'ils sont source de guerres et conflits, parce que chacun pense que son Dieu est meilleur que celui de l'autre. Je ne crois pas en un Dieu, mais je crois en l'amour, la nature, la famille et les amis. 
Je ne suis pas conspirationniste. Je pense que dans notre pays, au sein de notre gouvernement, chacun fait ce qu'il peut, espérant alors faire de son mieux. Mais l'avidité et le pouvoir biaisent trop souvent l'idée première de ce que devrait être une République: œuvrer pour un monde meilleur. Je me dis que tant qu'il y aura cette notion de pouvoir, jamais nous ne pourrons y parvenir, tout comme jamais nous ne pourrons contenter un autre que nous-même.
Je ne suis pas parfait, j'ai mes qualités, mes défauts, mes rêves et mes idéaux. Comme je viens de le dire, je ne suis pas parfait, je suis juste différent, et je sais que la différence est le propre des êtres vivants. J'agis selon mes convictions profondes, je me laisse guider par mes idéaux. Chaque jour, j'apprends de mes erreurs, j'essaie d'être meilleur, je sais qu'il faut toute une vie pour approcher la sagesse et je m'évertue à suivre cette voie, gardant à l'esprit les fondamentaux du bonheur.
J'aime lire, écrire, me dépenser, partager un bon repas autour d'une belle table, une table riche en convives, parce que la vie n'offre rien de mieux que les plaisirs simples, plus encore lorsqu'ils sont partagés. L'innocence flotte toujours quelque part dans mes pensées. 
Il fut un temps où les enfants vivaient dans l'insouciance, et j'étais l'un d'eux, creusant la terre à pleines mains, mettant ensuite mes doigts à la bouche sans me soucier de leur état, grimpant aux cimes des arbres sans avoir peur que la branche ne se brise. Il fut un temps où nous nous arrangions de la peur, et même si elle était toujours dans un coin de la tête, nous la laissions de côté pour continuer à nous émerveiller des petites choses de la vie.
Bientôt, nous n'irons plus nager au risque de nous noyer, nous n'irons plus en montagne au risque de nous perdre ou de chuter, nous ne rirons plus au risque de nous étouffer, nous ne naîtrons plus sachant que, tôt ou tard, de toute façon, nous mourrons.
Mais à force de nous priver de toutes ces libertés, viendra le jour où, à force d'avoir peur de mourir, nous ne saurons plus vivre.
Alors courons, sautons, lisons, jouons, skions, sortons, mangeons, buvons. Et surtout, laissez-nous courir, sauter, jouer, skier, sortir, manger, boire.
Laissez-nous respirer.




lundi 16 novembre 2020

Première victoire de l'année en course à pied!

A défaut de mettre un vrai dossard, il y avait ce week-end une course improvisée "à distance". 150 concurrents réunis (de loin) sur une butte à proximité.
Le concept ? Faire le maximum de dénivelé dans le périmètre d'un kilomètre autour de chez soi, le tout en une heure. Oui, cette histoire sentait déjà le hamster à plein nez. Pas de problème, tu as l'habitude, me diriez-vous. A l'entraînement, oui, mais en course, tout seul, en contre la montre, c'est autre chose. Heureusement, pour ne pas se sentir trop isolé, nous étions trois athlètes (avec autorisation et respect de la distanciation sociale) sur ce tracé d'environ 200 mètres pour environ 90 mètres de dénivelé. Une belle pente, digne d'un Kilomètre Vertical. Le terrain avait été bien préparé par Titouan, l'un des coureurs, avec un sens montée et un sens descente. Une première partie dans un champ, la deuxième dans une sapinière, terrain mouillé et gras au début, sec et technique ensuite, décidément, en 200 mètres, nous avions droit à toute la panoplie de découverte du trail. Il y avait même une table avec ravitaillement à mi-montée, avec fan club (la petite famille, autorisée à sortir pour 1h, juste le temps de la course, comme quoi, tout s'est bien goupillé), le tout donnant une réelle impression de faire une vraie course à deux pas de la maison.



A tel point qu'au bout d'une heure, on en aurait presque redemandé.
Presque, parce qu'au bout d'une heure à faire le hamster, y'avait quand même les quadriceps qui commençaient à brûler. Le cardio qui avait explosé. La gorge qui brûlait. Et plus beaucoup de jus dans le moteur.
Comme quoi, finalement, une heure, c'était déjà pas mal.
Au final, je gagne le challenge Dré dans l'pentu (champagne! Ma première victoire à pied de la saison) avec environ 1250 mètres de dénivelé positif (et 1180 négatif), sous les encouragements des enfants qui n'ont pas manqué de me dire au retour "Dis donc, papa, tu allais pas très vite dans la montée, hein?"
Ils ont toujours les mots pour remonter le moral, ces petits.

lundi 9 novembre 2020

Le Grand Trail du Lac en images

Parce que je sais que certaines personnes ont du mal lorsqu'il y a trop de lignes à lire, voilà le roman photo du trail du lac. Merci Yoann et Elodie ainsi que Bruno Lavit, pour les photos!


















mercredi 4 novembre 2020

V comme...

J'ai peur. Une peur viscérale, ancrée désormais depuis plusieurs mois. Une peur soudaine, croissante, démesurée. Une peur panique, violente, incompréhensible.

Le peuple gronde et personne ne s'en soucie, nous ne vivons plus dans un état de Droit mais dans un état de Police, d'aucuns diront qu'il faut sauver des vies, reste la question de savoir s'il faut le faire au détriment d'autres vies. Il n'existe pas de vérité, parce que nous avons tous nos valeurs et nos croyances, que tout un chacun les estime justes et nécessaires, mais aujourd'hui, certains sont prêts à tout pour les faire respecter, quitte à faire justice soi-même, au dépens de nombreuses lois. Aux armes, citoyens... 

Liberté, égalité, fraternité, trois mots pour une devise, une devise pour laquelle nos aïeux se sont battus, Trois mots qui perdent leur sens désormais, alors que beaucoup y ont laissé leur tête et auraient rêvé d'une mort meilleure, ou seulement d'un fin de vie plus honorable. Le virus est dans toutes les bouches, servi à tous les plats et à toutes les sauces, et voilà qu'avec lui, avec cette microscopique particule née comme nous sur cette Terre, cherchant des hôtes pour se développer, pour survivre, une devise s'écroule. La liberté de circulation est bafouée. Les inégalités atteignent leur paroxysme, et pour ce qui est de la fraternité, les insultes fleurissent à tout bout de champ, il n'y a plus ni respect, ni tolérance. Notre colère nous ronge, dégradant nos neurones. Bafoués dans nos valeurs, des bataillons se forment et chacun tente de rallier l'autre à sa cause. 

Le Monde change. L'Homme a envahi les continents. Dans sa quête inlassable d'inconnu, dans son désir inassouvi de tout vouloir connaître et maîtriser, dans sa soif de pouvoir, chaque parcelle de vide tombe dans son escarcelle. Le Monde change et le monde reste tel quel, désireux de contrôler, avide de pouvoir et de réussite, soucieux de faire valoir ses idées et de les faire accepter aux autres. Bon gré, mal gré. Tout n'est qu'une question de fin, qu'importent les moyens. Dût-il faire douter les valeurs profondes de la démocratie.

J'ai peur. Je l'ai déjà dit, mais je le répète, j'ai peur. Une angoisse réelle, profonde. Non pas d'un virus, mais de voir l'évolution de ce Monde que j'imaginais fait d'amour et de partage, je n'ai pas peur de mourir, mais de laisser un lieu imparfait à nos enfants, aux générations futures, j'ai peur de les voir grandir avec nos maux, de les voir cheminer en portant le poids de nos erreurs, qu'ils ne sachent plus, au fond, ce que sont la liberté, l'égalité, la fraternité.

J'ai peur qu'une révolution prochaine se mette en place, que 1789 ravive les souvenirs. J'ai peur que les mains s'agitent dans les airs, deux doigts levés qui ne seraient pas le signe de victoire, en l'occurrence sur un virus, mais celui d'une Vendetta, violente, vile et vaniteuse, nécessaire pour beaucoup, inévitable presque. D'ici, je perçois déjà son murmure, s'amplifiant au fil des jours, une rumeur bientôt impossible à contenir. Quatre mots, répétés en boucle, Et viva la révolution ! Et il sera trop tard pour faire marche arrière.




mardi 27 octobre 2020

Grand Trail du Lac, suite et fin.

 

Alors, j’en étais où ? Ah oui, la dernière partie de l’histoire.

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants…

Je sais, je radote, l’histoire de l’histoire qui n’est pas la bonne, je vous l’ai déjà faite.

Alors voilà, j’ai perdu mes précieuses minutes, terminé la première grosse descente, rattrapé quelques concurrents, je suis à fond, et je me demande comment tout cela va se terminer. J’ai une foulée magnifique, je vole plus que je ne cours, et lorsque je jette un coup d’œil à ma montre et qu’elle indique que je fais laborieusement du seize à l’heure alors que j’ai l’impression d’être à vingt-deux, je comprends que le calvaire bonheur ne fait que commencer.

J’arrive au deuxième ravitaillement, mes deux acolytes se demandent si j’ai fait un plongeon dans le lac pour avoir perdu autant de places. Quand je repars, je les entends soupirer que la fin de course risque d’être longue (surtout pour eux).

Vraiment très longue, lorsqu’ils me voient arriver au ravito suivant en marchant, mon genou grince, les jambes sont dures. Oui, je galère, et j’entends dire que derrière, beaucoup de favoris ont déjà abandonné. J’en suis à cinquante kilomètres de course, avec un lancinant rappel de l’Echappée Belle. Vingt-cinq bornes, c’est ce qu’il me restait il y a moins de deux mois lorsque j’ai posé le dossard. L’idée est tentante.

Je croise des familles qui ramassent les châtaignes et cueillent les champignons, je les envie, mais d’un autre côté, personne ne m’a obligé à être ici. Alors je continue, je n’ai pas le choix, sinon, ça va être ma fête à la maison en rentrant ce soir. Deux abandons en deux mois alors que je n’avais pas abandonné la moindre course en dix ans, ça allait faire tâche… à quoi ? Mon minuscule palmarès ? Mon orgueil ?

Je ne cessais de repenser aux huit dernières minutes avant de m’inscrire sur la course. Aux huit minutes perdues lors de mon plantage. Je venais de me faire doubler par deux concurrents, et devinez en quelle position j’étais à ce moment ?

Bah non, neuvième.

J’ai retrouvé mes deux ravitailleurs au kilomètre 59, il me restait 900 mètres de dénivelé et 16 bornes. La montée ne me faisait pas vraiment peur, j’appréhendais plutôt la descente de 1300 mètres de dénivelé, d’autant plus qu’à ce moment, je courais davantage dans les montées que dans les descentes. Et là, allez savoir pourquoi, le corps s’est débloqué. J’ai pris trois coups de fouet. Je vous arrête tout de suite, ne m’imaginez pas avec une boule dans la bouche, une chaîne autour du cou et en combinaison en cuir moulante et train de me faire flageller par Isa, vous n’êtes pas sur le bon site. S’il y a un aliment Cr’oc and go indispensable, autant pour les papilles que pour le regain de forme, c’est bien le coup de fouet. L’idée, peut-être, de ne plus avoir de plat. Il y a eu une montée d’adrénaline, occultant la longueur, la douleur, la langueur. J’aimerais vous raconter que j’ai doublé tous mes concurrents, que j'étais aérien, que c’était beau à voir, mais rien n’a changé ou à peine, j’ai juste gagné quelques kilomètres heure, j’ai pu courir durant toute la descente, et pour moi, c’était déjà un sacré succès. J’ai fini par voir la banderole d’arrivée, la famille était là, et lorsqu’ils se sont mis à courir (plus vite que moi) pour m’accompagner jusqu’aux derniers mètres, je me suis dit que la prochaine fois, j’irai faire une sortie piscine, j’aurai au moins une chance de les semer. Encore que…

Quand j’ai vu ma place, j’ai eu un sourire. J’ai repensé aux huit minutes de l’inscription, aux huit minutes perdues sur la course. Parce que bien sûr, vous vous doutez de ma place.

Septième, bien entendu !






vendredi 23 octobre 2020

Trail du Grand Lac (2ème partie)

Cinq heures, réveil en sursaut, la montre n’a pas sonné. C’est le coup de fusil du départ qui m’avait sorti de mes songes.

Cinq heures, j’étais sur la ligne, mais je n’avais plus de dossard.

Sept heures, j’étais perdu en pleine nuit dans les Belledonne, ne comprenant pas ce que je foutais là, vu que j’étais censé courir autour du Bourget.

Quatre heures cinquante-cinq, je cours partout pieds nus, mes baskets, quel est l’imbécile qui m’a piqué mes baskets ?

Une heure trente, je me réveille une nouvelle fois, me rendors, la tête pleine de ces rêves à deux balles, de tous ces rêves de course loupée, de départ manqué, de réveil qui m’oublie. J’essaie d’occulter le ronronnement de la VMC, je me dis que la prochaine fois, je prévoirai un matelas plus confortable dans mon hôtel luxueux, et puis enfin, le vrai réveil sonne, j’allume ma Stoots fraîchement reçue, 1000 lumens au compteur, je fais le plein de Cr’oc and go, salés, sucrés, plaisir et loisir, de boisson énergétique Fenioux, j’enfile mes Scott, je repense à tous ces films américains qui placent grossièrement leurs pubs dans la moindre scène, et je suis prêt pour le top départ. Ça tombe bien, celui-là arrive à cinq heures pétantes, et toute la ribambelle de coureurs commence à s’étirer le long du lac.

Un petit groupe d’une dizaine de coureurs prend les devants, je referme la marche, me sermonnant régulièrement reste calme, reste calme. Nous avalons le bitume, des portions à dix-huit kilomètre à l’heure, une moyenne à dix-sept, pendant huit kilomètres, et au bout de dix, nous attaquons enfin les choses sérieuses. Le premier s’échappe déjà, Reste calme, reste calme, un leitmotiv que je me répète en boucle. Les lampes s’agitent dans la nuit noire, donnant quelques indices sur les concurrents, j’arrive au premier ravito en 5ème position. Yoann et Élodie, deux amis venus me ravitailler sur l'épreuve, me changent mes gourdes, me lance un cr'oc and go que je gobe au passage et je repars tout aussi rapidement du stand en 4eme position sans avoir besoin de changer mes pneumatiques. 

Copyright Bruno Lavit
 

Je reviens en quelques enjambées sur le 3ème, accompagné par un autre coureur qui fait la course en relais. Reste calme… Descente, petit plantage, relance, je rétrograde, virage à droite, chicane, j'accélère, autre petit plantage mais rien de grave, ce genre de chose arrive à priori souvent dans les courses de nuit. Montée, je me dis que les jambes ne sont finalement pas en si mauvaise forme, ça tombe bien, il reste 50 bornes au compteur, j’ai fait le tiers.

Bien calé derrière mon concurrent, je ne le lâche pas d’une semelle. Même lorsqu’il se plante de parcours, que nous nous engouffrons dans un chemin qui part à droite alors qu’il fallait prendre à gauche, je reste derrière, le nez dans ses baskets, trop concentré à regarder où je mets les talons pour éviter toute chute inopinée. Les marques sur les arbres nous confortent dans notre prise de décision, jusqu’au moment où le chemin devient difficilement praticable et qu’une gros tronc nous barre la route. C’est là que nous comprenons notre erreur.

Reste calme…

Rapide discussion « T’as vu des fanions ? ».

En fait, aucun de nous trois n’en a vu depuis plusieurs minutes. Pourtant, les arbres ont tous des marques réfléchissantes.

Reste calme…

Tout s’emballe. Aucun doute, nous nous sommes plantés de chemin. 

Demi tour, je craque, je dégoupille, je fonce tête baissée et lorsque je retrouve mon chemin, ma montre affiche près de huit minutes de perdues. Je peste, je jure, je fais une descente à bloc, je double un coureur, je lui demande s’il connaît sa place, il me répond qu’il est à peu près 15ème. Je continue à lâcher les chevaux sans réussir à me raisonner, persuadé que la course est perdue, adieu le podium.

mardi 20 octobre 2020

Le Grand Trail du Lac (du Bourget), une course de dernière minute (1ere partie)

Dimanche dernier, j’étais en course. Oui, je sais, ce n’était pas vraiment prévu. Normalement, ça aurait dû être un week-end tranquille, à remplir le coffre de la voiture le samedi matin pour partir en vacances dans l’après-midi. Rouler paisiblement en direction du Sud en se disant que ces quelques jours de repos seraient bien mérités. Mais voilà, il y a eu un élément fortuit. 
Revenons quelques jours (ou semaines en arrière). Après l’annulation des Templiers, j’avais donc obtenu un dossard à l’Ultra de Haute Provence, m’inscrivant également, à la dernière minute, à l’Ultra Montée du Salève dans le but de peaufiner ma préparation. Après le Salève, j’ai enchaîné par trois grosses journées d’entraînement, histoire de vider la machine avant d’en recharger les batteries, et effectivement, le mardi soir, j’ai senti qu’il fallait couper. Deux jours sans baskets, une bonne fondue le jeudi soir avec des amis et quelques verres de vin (pour le côté anti-oxydant), il me restait encore 8 jours avant d’en découdre avec les 150 bornes à l’affiche, 8 jours pendant lesquels je n’allais plus beaucoup faire d’heures, parce que dans le trail, s’il y a un truc important à savoir, c’est de miser sur la récupération les deux semaines précédant une grosse échéance. J’avais un poil entamé le capital repos en arrêtant le volume à 10 jours du départ, mais ça ne m’effrayait pas, le timing était correct. Vendredi matin, séance gainage (essentiel pour tout sportif), l’aprèm, j’avais trouvé une jolie côte pour faire des intensités (même en période repos, il est important de garder du rythme, pour moi l’occasion également de faire passer la fondue et le vin), retour à 18h30 à la maison, et c’est précisément à cet instant que tout s’est emballé. Je reçois un message, le Trail de Haute Provence est annulé. La faute à qui on sait, une petite bestiole sournoise qui fait des siennes depuis plusieurs mois. J’ai sauté sur l’ordinateur, cherché une course de repli, il y en avait une le dimanche à 5 heures du matin au Bourget du Lac. Dimanche, ça voulait dire… dans à peine deux jours. J’ai envoyé un mail à l’organisation à 18h52, on me répondait dans la foulée que j’avais de la chance, à 19h, ils fermaient boutique et exceptionnellement, on m’octroyait un dossard sur la course. Tout s’est joué en 8mn. J’ai eu une pensée pour la soirée de la veille, le fractionné à peine terminé, les heures enchaînées jusqu’en début de semaine, pas de doute, niveau prépa, je ne pouvais pas rêver mieux. Samedi, ça a été la course avant la course, d’une pour préparer les vacances, et de deux pour préparer la course. J’ai réussi à trouver deux âmes généreuses pour m’accompagner et me ravitailler (un grand merci au passage à tous les autres qui se sont proposés), et à 20h, j’étais au Bourget, j’avais récupéré mon dossard, planté ma tente, le réveil était réglé pour 3h30 (adieu la grasse mat), et je me suis dit que s’il y avait un seul avantage à tout ça, c’était peut-être de ne pas avoir eu à stresser plusieurs jours avant l’épreuve. La nuit est tombée tôt, après quelques pages de lecture, du papier toilette dans les oreilles (à défaut de boules quies) pour atténuer le son de la VMC du bâtiment contre lequel j'avais posé ma toile de tente, j'ai éteint les feux, me demandant dans quelle (nouvelle) aventure je m'étais embarqué. 
 

 

dimanche 11 octobre 2020

Mes essais alimentaires dans le trail: l'Ultra Montée du Salève

Hier, en préparation de mon prochain Ultra dans la Provence, j'ai pris le départ de l'Ultra Montée du Salève. Le principe est sympa: des montées sèches de 3km et 675mètres de dénivelé, avec descente en téléphérique. L'idée est de faire le plus de montée possible sur 6 heures de course, tout en essayant de caler ses descentes en fonction des horaires du téléphérique. Ne pouvant pas laisser de sac ni au départ ni au sommet et voulant voyager léger, à l'instar de la plupart des coureurs, j'ai choisi de prendre comme ravitaillements ceux fournis par l'organisation.

Encore relativement néophyte dans le trail, curieux de tester différentes choses avec une démarche empirique dans mes essais, j'ai également voulu expérimenter le ravitaillement d'une boisson dont certains vantent les mérites lors d'épreuves sportives, une boisson à bulles commençant par Coca et finissant par Cola, dont je tairai bien évidemment la marque pour ne pas faire quelconque publicité (bonne ou mauvaise).

Mon projet de course était de ne pas me mettre dans le rouge pour effectuer des montées homogènes et essayer d'approcher le record d'épreuve, même si la pluie et le terrain glissant limitaient le chrono. Peu après le départ, je prends la tête de course pour ne plus la lâcher jusqu'au sommet. Je prends rapidement un verre de cette fameuse boissons gazeuse sucrée (20cl) ainsi que trois tranches de cake. Descente en téléphérique, et deuxième montée dans la foulée. Bien en jambes, je me retrouve rapidement seul en tête de course. Je prends une bouteille de 50cl que j'avale pendant la descente avec à nouveau trois tranches de cake, réussissant à prendre in extremis le téléphérique alors que mes concurrents restaient à quai. 

Troisième montée à peu près dans les temps des deux précédentes, je prends au somment une nouvelle bouteille de 50cl, celle avec du sucre, hein, pas l'autre "zéro", un morceau de banane, deux tranches de gâteaux et je repars. Au bout de la quatrième montée, j'ai alors plus de cinq minutes d'avance en terme de "temps de montée" sur mon plus proche concurrent, et je réussis à sauter dans une benne avant qu'elle ne reparte. Je prends cette fois-ci une demi bouteille, quelques tranches de pain et une tranche de gâteau. J'ai alors deux bennes d'avance sur le deuxième, une avance très confortable et si les 10 montées  finales me trottent dans la tête, les 9 montées sont une certitudes.

La cinquième montée est un peu délicate, je m'en rends compte sur certaines relances. Nouveau ravitaillement au sommet, 25cl de notre boisson gazeuse sucrée, et puis je repars. Je fais alors 10mn, rattrape une concurrente qui a alors un tour de moins, la double, et puis à ce moment, plus rien. Impossible de faire un pas normalement, tout s'emballe en moi, la concurrente me dépasse, me sème, et moi, je zigzague sur la montée, et les crampes arrivent. Un énorme trou d'air qui durera quasiment jusqu'à la fin de la montée, que j'effectue alors en 42mn alors que mes premières étaient en 29. Pratiquement un tiers de plus. Les jambes tremblantes, croyant être en manque de sucre, je poursuis mon ravitaillement comme lors des montées précédentes, je repars, et le résultat est identique, 10 minutes à peu près bien, puis plus rien. Extrême sudation, froid, symptômes d'une hypoglycémie bien que question sucre, je n'étais pas du tout en carence.

Je termine finalement 5ème sur les temps de montée, prenant une longue pause avant d'entamer ma 8ème montée qui sera également ma dernière et après quelques recherches, voilà pourquoi éviter les sodas et les ravitaillements trop sucrés (gâteaux et autre) lors d'une épreuve longue:

Le soda (en particulier celui tout noir avec des bulles finissant par cola) est d'une part très sucré (11g/100ml) et également très acide. Lors de l'effort, l'organisme a un réel besoin d'apport de glucides à Index Glycémique élevé, mais si la consommation de sucres est trop élevée, le corps va sécréter de l'insuline pour faire redescendre la glycémie, sauf que celle-ci va redescendre sous le seuil limite et la réaction sera celle d'une hypoglycémie. Deuxième points négatif: l'acidité qui, ajoutée à un corps qui sera déjà en lutte avec l'acide lactique, pourra vous laisser d'autres séquelles (crampes?). 

Enfin voilà, j'ai testé pour vous et sincèrement, un verre ou deux de temps en temps, ça peut passer, mais si vous avez une bouteille d'eau minérale naturelle gazeuse à côté ou mieux encore, de la boisson isotonique, un conseil, foncez dessus et gardez éventuellement un verre de soda pour la fin de course.

Et comme quoi, rien ne vaut un petit Cr'oc&go et une bonne rasade de boisson Hydrogel Fenioux.




lundi 28 septembre 2020

Reprise de septembre, annulation des Templiers et deuxième Ultra.

En janvier, j'avais déjà organisé toute ma saison de course à pied. Et puis il y a eu un petit Covid qui est passé par là et qui a pas mal chamboulé les choses. J'ai réorganisé le calendrier, et, folie des grandeurs, décidé de faire mon premier Ultra lors de l'échappée Belle, avec le résultat que vous connaissez. Il y avait ensuite les grands rendez-vous d'automne, avec notamment les Templiers, annulé à la dernière minute l'an passé, la faute à un épisode Cévenol. J'avais hésité à courir la Transju'trail pour tenter un doublé, mais préférant garder mes forces, j'ai préféré renoncer. Mais voilà, mardi dernier, l'annonce est tombée, le grand trail des Templiers est annulé. Et moi, j'ai craqué une deuxième fois, cherchant une course de repli, je me suis inscrit sur un autre Ultra. Le trail de Haute Provence, 150km, 7000 mètres de dénivelé, de la rigolade, quoi! Mais pour ça, il va falloir que mon corps ne fasse plus des siennes. Peu après l'échappée Belle, j'ai repris l'entraînement très rapidement. Trop, peut-être. J'ai eu l'effet Boomerang. Deux semaines après, suite à une séance longue, je ne mettais plus un pied devant l'autre. Fatigue générale et grosse douleur au genou, comme quoi, les miracles n'existent pas, il y a bien un moment donné où il faut payer les efforts consentis. Côté fatigue, ça s'améliore, mais niveau douleur, c'est un peu yoyo. Il paraît que c'est l'âge. La quarantaine, me disent certains. Pourtant, dans ma tête, j'ai toujours vingt ans. Il va falloir réussir à accorder la tête et le corps, le mieux serait que le corps suive la tête!!!

Du coup ces derniers temps, c'était ski roue, ski roue et ski roue. Et pour ma reprise avec baskets, j'ai eu la bonne idée de remettre un dossard, à l'occasion des Championnats de France de course de montagne, dans le Dévoluy. Il y avait un drôle de truc qui tombait du ciel, un machin blanc et froid qu'on voit d'ordinaire en plein hiver. Le genre de truc qui, dix ans auparavant, m'aurait rendu fou de joie: je me serais précipité chercher une paire de ski pour aller faire ma trace dans un champ. Isa m'a dit que le doute n'était plus possible, je vieillissais. Elle a toujours des mots pour me réconforter. Enfin bon, j'ai laissé les skis et je me suis retrouvé dans le Dévoluy avec le club de course à pied.  

Petite marche en reconnaissance (pour voir si la neige est de la vraie neige)


Format court: 12km, avec montées, descentes, plat, neige, boue, la totale. Pas une grande partie de plaisir pour une reprise. Diesel tout au long de la course, je termine 28ème. Mais le pire, c'est ce matin. Ayant très peu couru en montagne ce dernier mois, j'ai à peu près perdu tout le travail acquis durant des mois, et les quadriceps sont courbaturés comme le lendemain d'une première sortie de printemps. Paraît que c'est le sport. Trois semaines pour perdre ce que tu as mis quatre mois à prendre. Pas vraiment gratifiant, je vous l'accorde. Mais quand on aime...

dimanche 13 septembre 2020

Cr'oc and go, 2ème vidéo

Après celle tournée cet hiver, voici la deuxième vidéo tournée avec mon partenaire Cr'oc and go. Un bon moment de rigolade avec la famille Revillard

 https://youtu.be/pNMl5Ziin04

mardi 1 septembre 2020

Echappée belle (3ème partie)

Et puis la nuit est arrivée. Rapidement. Une nuit sombre, avec un croissant de lune à peine visible. Une nuit sans étoile, emportant avec elle les derniers chants du jour. Je l'avais espéré depuis longtemps, car avec elle, le thermomètre chutait enfin. J'avais passé la journée à chercher des points d'eau pour boire, pour me tremper la tête, pour faire descendre la température de mon corps en surchauffe, perdant parfois de nombreuses minutes. J'espérais que l'obscurité me transforme en SuperBen, déployant ses ailes pour voler jusqu'à l'arrivée. Probablement m'étais trop gavé de bouquins de super-héros dans mon enfance. Je croyais en une nuit facile à gérer, il n'en fut rien. D'abord parce que les premières ampoules sillonnèrent mes voûtes plantaires, rendant les descentes pénibles. J'ai essayé de changer ma façon de courir, avec un appui talon, mais là aussi, les ampoules apparurent rapidement. Je croisai Luc juste avant la montée à Super Collet, qui entamait lui-aussi une nuit blanche à venir à ma rencontre sur différents points du parcours pour m'encourager. Physiquement, je me sentais bien, la deuxième place était à trois minutes devant, mais mes pieds me faisaient souffrir. Arrivé à SuperCollet, je retrouvai Cédric, toujours fidèle au poste, que je ne remercierai jamais assez pour tous ses efforts. Nous avons essayé de mettre des Compeed sur les pieds endoloris, mais avec l'humidité, difficile de les faire tenir. C'est à ce moment que j'ai vraiment bâclé mon premier ravitaillement. Voulant repartir avec l'un de mes concurrents pour éviter d'être seul sur le parcours, j'ai mangé à la va-vite et je suis reparti à la hâte. La montre affichait 100km, il m'en restait encore 50 à parcourir. Arrivé au Col de Claran, j'ai pris mon deuxième coup de moins bien de la journée. A l'entame de la descente. Les cuisses étaient dures comme du bois, je peinais à courir. J'avais l'estomac noué, mais je me suis forcé à avaler de la nourriture. Les sensations sont revenues au refuge des Férices, après un arrêt sirop de menthe, proposé par les bénévoles. Mais sans le savoir, j'avais dépassé une sorte de point de "non retour". Trop accaparé par l'idée du podium, voyant les frontales à peine plus loin, j'ai fait une montée (trop) rapide, oubliant toujours de manger. Il me manquait la lucidité pour me raisonner. Je suis arrivé à Val Pelouse au galop. Kilomètre 118, il m'en restait trente à courir, j'étais persuadé que j'arriverais sans problème au bout, j'étais encore 4ème et les écarts se resserraient en tête de course. Avec Cédric, on a essayé de soigner les ampoules. J'ai fait une pause toilettes. Un concurrent est alors arrivé, et comme au précédent ravitaillement, voulant repartir trop vite pour ne pas être seul, je n'ai pas pris le temps de manger.

Coureur dans le dur
Crédit photo: Pascal Rudel


5mn plus tard, je n'avais plus rien dans le moteur. J'ai vu les frontales s'éloigner, je suis monté comme j'ai pu, mais le pire était à venir. Impossible de courir dans les descentes, tant les quadriceps étaient tétanisés. La montée au Col de la Perche m'a paru interminable, le brouillard était en train de se lever, je n'avais aucune idée de l'endroit où j'allais, je n'espérais qu'une chose, en terminer avec cette galère. J'ai entendu un "pop", ce n'était pas le champagne qu'on sabrait pour fêter une arrivée victorieuse, seulement mon cerveau qui disjonctait. Je me suis arrêté à une minute du col, j'avais besoin de me reposer et je me suis dit que je serais mieux ici, à l'abri du vent plutôt qu'en haut. Il fallait que je ferme quelques instants les yeux, tremblant de froid et de fatigue, je me suis changé, j'ai enfilé une polaire et un coupe vent, j'ai essayé de sortir ma couverture de survie. Elle avait pris l'humidité lors de la SaintéLyon et je n'arrivais pas à la déplier. Elle s'est déchirée, je l'ai mise sur moi, mais j'étais frigorifié. Je suis resté là une trentaine de minutes, jusqu'à ce je me raisonne et me décide à repartir pour ne pas finir congelé. Matis (un fondeur bien sympa), passait à ce moment là et m'a aidé à faire les quelques mètres restant. Ma course se terminait ici, au col de la Perche, dans la tente de l'un des bénévoles, à moitié en hypothermie. Je savais que je n'allais pas repartir. J'en étais à 23 heures de course et 125km.

J'ai passé une heure à essayer de me réchauffer, attendre que la pluie passe (eh oui, il a même plu!), que le brouillard s'éloigne, que le vent disparaisse et que, surtout, le jour se lève. Un bénévole (merci beaucoup à lui) m'a accompagné jusqu'au parking au col du Champet. Je lui ai laissé mon dossard, il ne me restait plus que 20km, j'avais effectué 10850 mètres de dénivelé sur les 11400 totaux, une misère me direz-vous, mais je ne voulais pas finir pour finir, me blesser (j'ai mis deux mois à pouvoir recourir après la SaintéLyon), et surtout, ne plus prendre du plaisir. Car pour moi, même si on pousse parfois le corps à des extrêmes, le sport doit rester avant tout du plaisir.

Alors bien sûr, sur le moment, je me suis dit plus jamais. Comme une certaine course en fin d'automne. Mais je sais désormais qu'il ne faut jamais dire plus jamais. Et surtout, jamais dire jamais plus jamais. Mais aussi jamais, ô grand jamais, jamais dire jamais dire jamais plus jamais.

Enfin bref, y'a de grandes chances que j'y revienne!!!


jeudi 27 août 2020

L'échappée Belle (2ème partie)

-Trrriiit ! (Onomatopée du bruit de sifflet).
-Glp (j'avale ma dernière bouchée de petit déj)
Pfff pfff pfff (là je cours)
En gros, j'étais partie pour ma nouvelle aventure. A quatre heures du matin, je me sentais frais comme un gardon (hors de l'eau depuis trop longtemps), les yeux grand ouverts par l'adrénaline (surtout pour essayer de voir dans le noir), prêt à savoir ce que le bonhomme avait dans le ventre.



Les deux premières heures n'ont pas été évidentes, non pas à cause de la nuit, mais plutôt à cause de ma mini frontale qui n'éclairait absolument rien. Bien sûr, je ne l'avais pas testée, je l'avais prise pour son poids et son faible encombrement, le sac étant déjà bien chargé, j'avais optimisé les grammes. J'avais juste prévu de faire les dernières heures de nuit avec, la garder la journée dans le sac (matériel obligatoire), puis la troquer contre une autre à la tombée de la nuit. Je n'avais rien laissé au hasard, sauf ma connerie (désolé pour les yeux sensibles, y'a pas d'autre mot).
Heureusement, la première partie de course était en profil montant, et j'ai pu arriver sans encombre, les chevilles intactes, au premier ravitaillement. Nous étions alors 4 en tête. Je prends le temps de me recharger en eau, avale deux cr'oc et go, je repars en quatrième position. Pendant le ravito, deux coureurs se sont fait la malle, j'ai beau me dire que la course est longue, j'ai déjà peur d'avoir loupé la bonne échappée.


Puis les bornes s'enchaînent, les ravitos aussi. Je retrouve Cédric sur nombre d'entre eux, je croise Luc, venu m'encourager à de nombreux points du parcours, débordant d'énergie, tout sourire, et je suis heureux d'être là, même si avec mes talents aérien de pachyderme, je galère dans chaque descente. Malgré tout, chemin faisant, j'arrive au Pleynet, presque à mi-course, en deuxième position. Je me dis que le plus dur est fait. Déjà 5500 mètres de dénivelé positif, presque 70 bornes, tout va bien, je gère, je gère.


Je prends alors mon premier coup de chaud, lors de la montée au chalet de Grande Valloire. La température est caniculaire, je rêve de neige, de froid, de glaciers, mais le soleil de plomb me ramène à la dure réalité. La montre indique douze heures d'effort, j'attends patiemment que ce coup de pompe passe rapidement, j'ai hâte de rejoindre le ravitaillement de Gleysin, où m'attendent Cédric et Benjamin.
Benjamin, c'est mon Pacer. Mon quoi?!
Mon Pacer. La première fois que j'ai entendu ce mot, j'ai fait comme si je connaissais, pour ne pas paraître stupide en face de mon interlocuteur. En douce, j'étais allé chercher la définition dans la bible du Traileur. 
Pacer  /ˈpeɪsə/  nom masculin: meneur de train.
Le pacer est la personne qui va accompagner le traileur durant une partie de la course, l'aider à surmonter les moments difficiles, le remotiver, le calmer lors des moments d'euphorie, le canaliser, lui donner la paix intérieure.
Benjamin sortait de convalescence, une cheville en vrac pendant plusieurs semaines. Il avait accepté de m'accompagner, m'avait proposé les 40 derniers kilomètres, j'avais insisté pour 70, par peur de me retrouver seul en début de nuit, et surtout dans le fameux col de Morétan.
Il n'y avait pas pire pour lui pour démarrer: nous étions au pied d'une ascension de 1400 mètres, en plein cagnard, au moment du goûter, et l'une des portions les plus techniques du parcours: pas de chemin, mais des blocs de rochers à gravier, un névé à descendre, puis rebelote, pierres, pierres et encore pierres. D'autant plus que j'avais près d'une heure d'avance sur notre timing prévisionnel, qu'il n'avait rien eu le temps d'avaler. Pour ma part, après une longue pause au ravitaillement, j'entamais un moment d'euphorie. Je me suis rapidement retrouvé seul, Benjamin galérant avec sa cheville incertaine et les trop nombreux cailloux, j'ai rattrapé mon 1/4 d'heure de retard sur mes deux plus proches concurrents, j'avais avalé le Morétan en un instant, j'étais au ravitaillement de Périoule, la nuit commençait gentiment à tomber et je me disais que la victoire était vraiment possible.

lundi 24 août 2020

L'échappée Belle (1ère partie)

Pour moi, la course a réellement commencé deux semaines avant l'épreuve, lorsque, après avoir terminé quelques cycles de bons entraînements, entre sorties à pied, vélo et ski à roulettes, j'ai pris un peu de repos pour "faire du jus", comme on dit dans le jargon sportif. Bizarrement, durant ces deux semaines à faire du jus, le cardio n'avait jamais été aussi haut. Parce qu'il y a un élément essentiel auquel je n'avais pas prêté attention jusqu'alors: le STRESS! Eh oui, je partais dans l'inconnue la plus totale, ma seule et précédente expérience sur un format "long" étant un 76km avec 2000 mètres de positif sur la SaintéLyon. 6 heures de course (avec crampes dès la moitié).  Là, je m'embarquais sur 150km, 11 400 de positif et minimum 25 heures de course, sur une des épreuves les plus techniques et difficiles du continent. L'Everest, en quelque sorte, pour moi qui n'avais jamais gravi que la colline en face de chez moi.
Pourtant, une fois n'est pas coutume, j'avais essayé d'anticiper. J'étais même allé faire une reconnaissance en famille, sur une jolie rando autour des Sept Laux.
Pause photos lors de notre rando:

Avec un sac de la taille des enfants!

Sauvage et minéral

Descente sur les Sept Laux

Mais revenons à notre histoire...
J'ai préparé mon sac dix fois, je me suis fait dix mille scénarios possibles, réveillé toutes les nuits en hurlant "c'est où l'arrivée, c'est où l'arrivée?!", couru en dormant, bref, pour moi, l'expression "faire du jus" n'avait jamais été aussi loin de la vérité, le jus, je le perdais plus que je ne le faisais.
M'enfin, les jours ont fini par passer avec en ligne de mire le grand départ. Cédric Revillard (que je ne remercierai jamais assez pour sa disponibilité) m'avait gentiment proposé de m'accompagner pour faire mon ravitaillement et je n'ai pas fait la fine bouche, connaissant ses talents de chocolatier pâtissier, il valait mieux être bien accompagné sur cette épreuve. J'allais pouvoir manger du Cr'oc and go... à gogo.
Le jeudi en fin d'après-midi, j'ai chargé mes affaires dans la voiture de Cédric, direction Vizille pour planter la tente près du départ. Le thermomètre affichait 36 degrés, moi qui affectionne le froid et la neige,  pas de doute, j'étais dans mon élément.
On a planté les tentes, et j'ai fait la grimace en mettant mon réveil à 3h30 du matin. Entre la chaleur et l'appréhension de la course, pas évident de trouver le sommeil, d'autant plus qu'un hurluberlu s'est mis à jouer de la flûte au moment de s'endormir, du coup, j'ai rêvé de rats toute la nuit (Cf Joueur de flûte de Hamelin, pour ceux qui ne connaissent pas). En fait, je n'avais qu'une hâte, que le réveil sonne et que je puisse enfin en découdre.
Ce n'est pas le réveil qui m'a sorti de mes songes, mais la sono de la course. La montre affichait 3h20, j'avais quand même réussi à dormir, aucun rat ne m'avait dévoré les orteils, amen, j'allais pouvoir courir.
Par contre, je n'avais toujours pas mon dossard. A 3h45, on me dit qu'il est au départ. A 3h50, on me dit qu'il est dans le gymnase. Bon, je ne bouge plus, j'attends, je sens l'adrénaline qui monte, je vais faire quoi sans dossard? D'autant plus que Cédric doit récupérer son bracelet accompagnant et qu'il faut aussi récupérer le dossard du "Pacer" (mot découvert à l'occasion de ce trail, je n'en avais jamais entendu parler auparavant).
Enfin, à moins de 5mn du départ, j'ai mon sésame, je peux finir mon petit déj tranquillement sur la ligne en attendant que le coup de fusil retentisse.  

samedi 1 août 2020

Entraînements longs et podium au Trail de Megève

Comme vous le savez désormais si vous vous perdez de temps en temps sur ce site, j'ai choisi cette année de m'aligner sur l'Echappée Belle, qui sera mon premier Ultra Trail. J'enchaîne les heures (33 heures pour ma plus grosse semaine il y a deux semaines) et des grandes sorties. Dimanche dernier, c'était au tour de la traversée des Aravis en empruntant une grosse partie du GR 96, soit une virée d'un peu plus de 65km pour 3500 de D+, pour rallier la maison à Sallanches.
Un peu patraque, j'ai pris le départ à 7h30. Une petite grimpette en direction des Glières, un site que je connais bien plus l'hiver que l'été, avant de redescendre sur Entremont. L'estomac a du mal à avaler de la nourriture, je poursuis mon bonhomme de chemin en direction du col de la Forclaz

Je laisse derrière moi le plateau des Auges avec les Glières sur la droite des crêtes



 qui me mène ensuite au lac de Lessy. 


Je bascule ensuite en direction du Chinaillon

 
le sentier que j'emprunte est laborieux et glissant, et me voilà ensuite sur un gros chemin carrossable qui me mène au Col des Annes. 


J'en suis à un peu plus de cinq heures de course à pied et quarante bornes. L'estomac est toujours contracté, je n'ai quasiment rien avalé depuis le départ, et je me dis bien qu'à un moment donné, le corps va bien me le rendre.
A part les vues, le GR96 n'est pas grandiose, trop de chemins carrossables. C'est bien plus agréables sur les hauteurs du Reposoir


et la vue est magnifique lorsque je bascule de l'autre côté de la chaîne des Aravis avec le Mont Blanc en arrière plan. 


Le sentier est ensuite mal balisé (une clôture de bétail barre l'accès aux Chalets de Vormy et je me retrouve dans la cambrousse, avant de rebrousser chemin. Fidèle à moi-même, je n'avais pas de carte pour vérifier mon itinéraire). Je descends ensuite le passage du Saix, assez laborieux (comme quoi, le [SEX] a ses limites -jeu de mots facile, je vous l'accorde-) et aux Chalets de Mont Ferron, avec mon petit plantage, je n'ai plus le temps de remonter sur les Chalets de Doran, itinéraire qui aurait dû m'amener directement à Sallanches, mais termine ma course à Magland où la petite famille m'attend. Un peu rôti, vous en conviendrez. Et bien entendu -jamais deux sans trois- comme pour mes deux dernières grosses sorties, je termine par un interminable bitume.

C'était la sortie du dimanche. Et puis après quelques autres entraînements casse-pattes, j'ai mis le dossard aujourd'hui à Megève. Mon premier de l'été. Un premier août. Cette année, fallait être patient pour se mettre une grosse transpirée.
Je termine 3ème. C'est pas la gagne, je sais, mais ça reste un podium. Je vais pas faire la fine bouche.



Désormais, je compte les jours, je suis passé sous la barre des 20.
20 jours avant les Belledonne.











jeudi 16 juillet 2020

Souvenirs d'une sortie à pied

Parce que le sport, ça se partage, j'avais à coeur de vous montrer les jolies vues de ma sortie d'aujourd'hui. 

Départ le matin



Vue en haut de Sous Dine dans le brouillard


Après 5 heures de course à pied alors que la vue se dégage (mais que les idées ne sont plus très claires à cause de la fatigue)

Avouez, ça vous en bouche un coin, toutes ces paysages magnifiques ?! C'est normal, moi aussi.

Autre chose, ce qu'il y a de bien dans les sorties dans le brouillard, c'est que bien souvent, on se perd. Et souvent, quand on retrouve son chemin, on est bien loin de l'endroit où on pensait être.


mardi 30 juin 2020

Petit tour dans les Belledonne: Reconnaissance de l'échappée belle

En mode trail sur ce printemps et cet été, je suis allé mercredi reconnaître une partie du GR 738 qui fait la traversée du massif de Belledonne.
Je ne connaissais pas du tout cette région montagneuse, et la découverte a été assez surprenante.
Nous sommes partis la veille à trois et avons dormi aux portes de Vizille, au départ du GR, pour éviter de faire la route au petit matin. 

Mise en place du bivouac

Un départ à 6 heures du matin de Vizille avec mes deux compagnons d'échappée (dont Cédric Revillard, chocolatier et créateur de Cr'oc&Go, ainsi que Rachid) chargés chacun d'un petit sac de victuailles pour affronter une journée de course à pied. 



Dès les premiers kilomètres de la montée sur Chamrousse, nous perdons le sentier (qui partait sur la gauche, après coup, nous avons compris que la marque verte sur un muret indiquait le chemin à suivre) et après une bonne galère à monter droit dans la pente, nous retrouvons le chemin au hameau de la Croix, décidant alors d'être vigilent pour ne pas perdre de nouveau le GR.
Au bout de deux heures, nous arrivons à Chamrousse et remplissons les gourdes pour poursuivre notre montée. Nous décidons de passer à droite de la croix de Chamrousse pour rejoindre le lac Achard et revenir sur l'itinéraire de l'échappée belle. C'est à partir de ce lac que le parcours devient grandiose.

Lac Achard

Au col des trois Fontaines, je fais un petit détour jusqu'à la Croix de Chamrousse pour profiter du panorama, mais avec toutes les remontées mécaniques, la vue est un peu décevante. 

Vue depuis la croix de Chamrousse

Descente depuis le col des Trois Fontaines

Autant continuer sur le GR en direction des lacs Robert.

Lacs Robert


Le sentier n'est pas très roulant, mais les paysages sont sublimes, et nous en prenons plein les yeux. Même si le coin est très rocailleux, les lacs et rivières sont nombreux et nous pouvons remplir nos gourdes bien plus que nécessaire. Nous croisons des lacs aux couleurs turquoise, une eau limpide à donner envie de piquer une tête.


Lac Leama







Lac Longet

Au refuge de la Pra, nous perdons définitivement l'un des trois coureurs, pas en grande forme. Après hésitation, je décide de prendre, seul, en direction du col de Freydane. 

Montée après le refude de Pra en direction des lacs Domenon

L'itinéraire est enneigé dès 2200 mètres et la montée est assez glissante, et surtout, très humide. La descente sur le lac Blanc finit de me tremper les pieds et je sens déjà mes voûtes plantaires en surchauffe. 

descente depuis le col de Freydane

Au refuge Jean Collet, je retrouve l'un de mes compagnons, qui a préféré éviter la neige. Le deuxième, en difficulté depuis le début de la journée, a préféré rentrer.
L'idée de départ était de poursuivre jusqu'au Habert d'Aiguebelle, puis de descendre sur Vaujany pour faire du stop et rejoindre Vizille pendant que les deux autres coureurs redescendent vers Crolles, pour que je les récupère en voiture là-bas. 
Je préfère finalement redescendre en direction de Saint-Martin d'Uriage et tends le pouce à ce moment là pour éviter les derniers kilomètres de route jusqu'à la voiture.
Une belle sortie de 11 heures, avec 4500 mètres de D+ et 70km. La chaîne des Belledonne porte bien son nom, et j'ai hâte d'y revenir en août pour y mettre le dossard.