La nuit du vingt-quatre
au vingt-cinq, j'ai été réveillé par un craquement. Tout d'abord,
j'ai cru que c'était dû à un mauvais rêve, mais en tendant
l'oreille, j'ai à nouveau entendu craquer. Je me suis levé en
sursaut, j'ai ouvert la porte de la chambre et là, stupeur.
Le carrelage était
couvert de cendres et de suie, la porte de mon poêle à cheminée
grand ouverte. Il y avait de la poussière partout, sur le canapé,
sur les murs, et même sur mon service en porcelaine offert par mon
bisaïeul. Au milieu de la pièce, un gros type barbu s'époussetait
en ronchonnant.
-Non mais qu'est-ce que
ce bazar ?!
-Je me demandais la même
chose, a fait le gars.
J'ai cru un instant
rêver.
-Attendez, c'est vous qui
me dites ça ? ai-je fait, incrédule.
-Ben oui, vous auriez pu
ramoner votre conduit de cheminée, vous croyez pas ?
-Mais de quoi je me
mêle ? Vous pouvez pas passer par la porte, comme tout le
monde ?
-Vous savez qui je suis ?
m'a-t-il alors rétorqué, avec un petit air hautain.
-Non, c'est pas
possible...
Là, je suis tombé des
nues. Le type, non content d'avoir mis sens dessus dessous la pièce,
avait en plus cassé le conduit. L'un des tubes gisait à côté du
poêle.
-C'est pas de ma faute
s'il y avait un rivet mal enfoncé. Il s'est accroché à ma hotte.
-Un rivet mon œil! Gros
comme vous êtes, je vois pas comment vous ne pouviez pas le casser !
-Gros, gros... Je ne vous
permets pas !
-Bah tiens, j'vais me
gêner !
Comme le dirait notre bon vieux Renaud (le chanteur), avant qu'il ait pu dire
un autre mot, j'ai chopé l'mec par le patelot et j'lui ai dit :
-Toi tu m'fous les
glandes, pi t'as rien à foutre dans mon Monde. Arrache toi d'là
t'es pas d'ma bande, casse toi tu pues, les marches à l'ombre.
Il m'a filé une baigne,
j'lui ai mis une torgnole, il m'a filé une châtaigne, et une fois
qu'on tenait plus debout, on s'est réconcilié devant une bonne
bouteille de gnôle.
On a vidé nos verres, on
a refait le Monde, et au petit matin, il a fini par dire qu'il avait
pas mal de boulot à faire.
On s'est serré la pince,
il a voulu repartir par la cheminée, je lui ai dit que la porte
était pas mal. Il titubait et avait du mal à trouver ses mots. Là,
il m'a répondu qu'il avait garé sa voiture sur le toit, je pense
qu'il avait un peu trop abusé de la bouteille. Je l'ai donc laissé
faire, de toute façon, vu l'état de ma cheminée, je n'avais plus
qu'à rappeler le chauffagiste.
Quelques instants plus
tard, j'ai entendu un raffut inouï. Un arbre s'est écroulé dans le
champs, une horde d'oiseau s'est envolée. J'ai entendu mon gaillard
ronchonner et s'excuser. Voilà qu'il se mettait à parler aux piafs.
Je me dis que ce n'était pas très sérieux de l'avoir laissé
repartir dans cet état.
Je suis finalement
retourné dans ma chambre. Isa a ouvert un œil et m'a demandé qui
c'était.
-Oh, juste un fou qui se
disait le Père-Noël.
-Ah bon.
Et on s'est rendormi.
Casser la gueule au Père Noël. .. quand même ... quel iconoclaste ;-)
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