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mardi 21 décembre 2021

Canada, veux-tu de moi?

J'avance lentement dans le Hall immense. Les néons scintillement faiblement, il règne dans cette salle démesurée un climat étrange, personne ne parle, comme si, au fond, nous allions tous à l'échafaud. Dehors, les nuages sombres ont dévoré le soleil, le froid ajoute à l'atmosphère vicié un malaise grandissant. Je tremble, je sais que ce n'est pas l'émotion, mais la peur. J'avance à la manière d'un automate, tout mon corps me crie de faire demi-tour, une force obscure m'en empêche. Je suis paralysé, mes jambes continuent leur course en avant, vers l'obscurité, vers les ténèbres. Je voudrais hurler, mais aucun son ne sort de ma bouche. Un homme me bouscule et me fait perdre l'équilibre, je m'effondre au sol. Personne ne vient m'aider, dans ma tête, deux notes lancinantes ne me quittent plus. Je me relève avec peine, mes oreilles bourdonnent, le rythme des notes s'accélère et... 

Naaaaaaaan, j'déconne ! Vous vouliez du stess, du suspens, du thriller, mais bon, y'a rien eu de tout ça. Je suis arrivé tout guilleret à la douane, j'ai fait mon plus beau sourire, présenté mon passeport, mes documents, mon offre d'emploi et, dans les minutes qui ont suivi, j'avais mon permis de travail. Je sais pas, peut-être qu'en fait, j'ai l'air plus jeune que je ne le suis sur les papiers (vu qu'au delà de 35 ans, comme je vous l'avais précisé, l'immigration est compliquée), ou alors, je suis réellement plus jeune que j'en ai l'air. Ou alors les papiers ont l'air plus jeune que... Je m'emmêle un peu, revenons-en à nos Caribous. Oui, parce qu'ici, les moutons (attention faut suivre, je passe du coq à l'âne), ça ne court pas les rues. À Calgary, j'ai retrouvé mon co-voitureur (jusqu'à Banff), un gars sympa avec un bel accent du fond Québec, que j'ai eu presque plus de difficultés à comprendre que mes Canadiens du ski Club qui m'ont emmené de Banff à la destination finale. Ce jour là, il faisait 15 degrés, il pleuvait, le ciel était brumeux, maussade, pas un brin de neige, j'avoue m'être alors demandé ce que je faisais là, ici, tout seul, un peu perdu, les épaules basses et les idées pas très claire (pour les idées, faut dire que 4h de sommeil en 48h, ça n'aide pas vraiment..). 

Allez, pour le suite, je vous parlerai un peu de mes premières semaines d'immersion canadienne. 

À tantôt ! 

Calgary et son downtown, aperçue rapidement ce matin
Calgary et son downtown, ville construite à la manière américaine, découverte rapidement ce matin


dimanche 19 décembre 2021

Canada, me voilà (toujours)

 ... C'est à la toute fin du mois d'octobre qu'il a fallu prendre une décision un peu risquée et changer les plans initiaux. Au lieu de faire un Visa de travail et d'effectuer toutes les démarches pour la famille depuis la France, j'ai décidé d'aller dans un premier temps seul à la frontière Canadienne pour effectuer ma demande de Visa sur place, directement auprès des douaniers. J'allais donc tenter ma chance sur place en évitant de longues démarches administratives, mais sans savoir si j'allais devoir rentrer dans la foulée en France où alors si ce "coup de poker" allait marcher. Le plus dur, c'était de se faire à l'idée de partir seul, sans la famille, qui me rejoindrait mi-février. (Même si j'avais tout de même prévu de rentrer pendant les fêtes). Qui plus est, le timing devenait très, mais vraiment très serré, sachant que j'avais dès lors un mois de moins pour finir tout ce que j'avais entrepris à la maison. Il allait falloir également rapidement trouver un logement sur place, ce qui n'était pas gagné. Croyez-moi, ceux qui se plaignent du coût de la vie et des logements en Haute-Savoie, faites un tour à Inversmere et vous verrez que finalement, la Haute, c'est pas si mal à ce niveau-là

Moi qui ne suis pas de nature très stressée, je le suis devenu (un peu). J'ai eu la bonne surprise de voir débarquer des amis qui sont venus me prêter main forte (merci -ordre chronologique d'apparition, j'espère n'oublier personne- Louis, Valentin, Gauthier, Hugues, Cédric, Antoine, Benoît) et finalement, à quelques jours du départ, tout était prêt. Armé d'un housse et d'un sac dans lequel j'ai fourré toutes mes affaires pour plus d'un an, gonflé (du surplus de gras dû au manque de sport) à bloc, j'ai débarqué à l'aéroport de Lyon le 30 novembre. J'avais trouvé un lieu de vie la semaine précédente, un co-voiturage depuis Calgary le matin même (au Canada, le co-voiturage n'existe pas), et questions bus, hormis les grands axes, vous pouvez toujours courir (dans les deux sens du terme) pour vous déplacer entre un point À et un point B avec les transports en commun. 

J'ai suivi la course du soleil, atterri à Calgary le 30 en début d'après-midi, et l'instant fatidique était juste en face de moi: la Douane! 



mardi 14 décembre 2021

Canada, me voilà (encore)!

... J'ai donc passé mon fameux entretien, pas glorieux au premier abord, s'il y avait eu un quelconque podium sur lequel monter à l'issue de cet échange qui m'avait semblé très laborieux, il ne fait aucun doute que je n'y serais pas monté. De toute façon, les podiums, ça fait quelques temps que je les avais oubliés.
Pourtant, dès le lendemain, j'ai reçu un beau courriel, me demandant quand j'étais prêt à commencer. Ah oui, très bien, donc... L'hiver allait commencer dans moins de trois mois, il y avait une multitude de démarches à effectuer, et à force de me renseigner et d'avoir des échos de part et d'autre, immigrer au Canada, ce n'était pas gagné d'avance. D'autant plus que j'avais passé la barre fatidique des 35 ans (il doit y avoir une erreur sur ma date de naissance, dans ma tête, j'ai toujours 20 ans), âge critique faisant presque de vous une "personne non grata" au Canada. En gros, à écouter les détracteurs, le permis de travail, ce fameux sésame permettant de réaliser ce rêve Canadien, eh bien je pouvais toujours me brosser pour l'avoir. Mais vous connaissez mon opiniâtreté, je n'ai pas trempé dans le sport et la compétition depuis plus de vingt ans pour rien, oubliant au passage que j'y avais également pris de belles douches froides. Mon défaut d'éternel optimiste... 
Alors navigant entre la paperasse et les travaux, j'ai continué les démarches. J'ai essayé de remettre le dossard aux France de trail, croyant pouvoir, sans entraînement, faire des miracles. J'en suis revenu avec un dossard de côté et la confirmation d'un TFL obtenu à l'issue de la CCC (il fallait bien sûr je gagne quelque chose cet automne, non?). Il allait falloir que je fasse définitivement une croix sur les dossards d'ici la fin de saison.
Ah, je suis obligé de faire une petite parenthèse question TFL. Et pour les néophytes (dont j'ai fait partie), ne croyez pas que le TFL est une nouvelle chaîne de médias ou une émission télé réalité, c'est juste une galère que vous avez de grandes chances de vous traîner lorsque vous faites de la course à pied. 
Ne sachant trop que faire avec cette douleur qui s'accrochait à moi comme une sangsue, je me suis décidé à appeler un jeune Marabout du coin, dont on m'avait dit fort bien. J'ai eu rendez-vous le lendemain. L'homme, d'abord de loin, a examiné mon maintien. Sur ma tête il posé ses mains, s'est très certainement dit "tiens, dans ce crâne il n'y a rien", m'a remis en place et le surlendemain, je n'avais plus rien. (Au genou, je précise). Allez, on arrête les rimes, et pour le Sorcier Gauthier Galland (et sa compagne Marion Croset), ils sont Ostéopathes. Allez-y, sincèrement, il sont formidables. Si bien que deux semaines après, je mettais un nouveau dossard aux Templiers (oui, je sais, je n'ai rien écrit sur ce sujet, mais je vais m'y coller, parce que bien sûr, il y a à raconter).
J'ai donc continué les démarches et les travaux, continué à faire du gras à défaut de faire du sport, les jours ont passé et l'échéance Canadienne approchait. Nous étions bientôt fin octobre et je n'avais ni mon offre d'emploi définitive, encore moins mon visa de travail... 



lundi 13 décembre 2021

Canada, me voilà !

Je n'ai pas pris la plume depuis des lustres, mais ces derniers mois ont été plutôt chargés. Il y à beaucoup de choses à dire, ke vais donc y aller doucement Pour ne pas trop vous saouler. Et vous excuserez quelques erreurs de frappe, mais écrire avec un téléphone portable, ce n'est pas ce qu'il y a de plus simple, mon ordinateur récalcitrant refuse tout simplement de se prêter à ce jeu. 

Pour cette petite (grande serait probablement plus approprié) histoire, aventure, donnez lui le nom que vous voulez, il faut remonter début septembre avec un appel "numéro inconnu". Au bout du fil, une voix anglaise, " Are you ok for a meeting "? 

En fait, un club de ski, basé à Invermere, recherchait activement un entraîneur pour la saison d'hiver. J'avais fouiné sur Internet, trouvé les grandes Rocheuses Canadiennes, des photos d'Ouest sauvage étaient passées en boucle dans ma tête, je m'étais vu en Davy Crickett (chassant le cricket plutôt que l'Ours, vous savez, moi, la chasse...), enfin voilà, j'étais dans les rêves, il y avait un bouton "accepter" pour le job et j'ai cliqué dessus. Un ami me dirait une nouvelle fois, "toi, ça te prend comme une envie de pisser !"

Nous étions en septembre, le job commençait fin novembre, on avait eu un dégât des eaux à la maison et j'avais entrepris de tout refaire, sol, cloisons, plomberie, électricité, en passant par de la charpente, bref, j'avais la tête sous l'eau (par mon dégât des eaux), j'étais dans le jus (l'électricité, c'est du 220V et ça envoie pas mal quand on se le prend), et je sais, mes blagues vaseuses, je les garde pour moi.

Alors j'ai eu ce fameux "meeting" à distance, il a fallu ressortir la boîte à vocabulaire d'Anglais, instaurée dès la 6eme à la maison (vous connaissez? On écrit le mot en anglais sur un petit bout de Bristol, et de l'autre la traduction française, on met tout ça dans une boîte à bonbons, on mélange le tout et hop, on le ressert le matin au réveil, au repas du midi, au goûter et le soir en guise d'histoire. Croyez moi, ça se mange sans fin. Pour mon cas, c'était plutôt l'indigestion au bout de trois mots). Dans un Franglais des plus laborieux, en parfaite vache espagnole, j'ai baragouiné tout ce que je savais pour leur montrer que je voulais le poste. Répétant à tours de bras le fameux "Brian is in the kitchen" pour montrer que je savais... 





mercredi 29 septembre 2021

Le corps ne veut plus

Après avoir coupé une grosse semaine fin août, j'ai repris le chemin de l'entraînement. J'avais deux petits objectifs en septembre: les France de Montagne le 12 avec un 13km, puis les France de Trail long (54 km en Alsace) le 27. Persuadé que je n'avais pas laissé trop d'énergie sur la CCC (qui était en mode marche plutôt que course à pied), je tenais à enfiler le maillot du Club de l'Entente Athlétique de l'Arve sur ces deux échéances. La première s'est soldée par un bel échec, avec des sensations aux raz des pâquerettes, et pour la deuxième, le corps n'a pas voulu. De grosses douleurs aux adducteurs, ainsi qu'un début de tendinite au genou (syndrome de l'essui glace, bien connu des coureurs) m'ont fait poser le dossard au bout de trente kilomètres. Cette fois-ci, je n'ai pas voulu prendre le risque de continuer et d'aggraver la sentence.
Difficile de savoir si je remettrai un dossard sur les prochaines semaines, ma participation au Grand Trail des Templiers semble compromise. Bien sûr, j'aurais préféré vous parler de podiums, mais le sport est ainsi, tributaire du corps, et si j'ai parfois tendance à ne pas écouter les signaux, cette fois-ci, je vais ménager la monture.





lundi 6 septembre 2021

Retour sur ma CCC (2ème partie)

(Suite de la 1ère partie)

35ème à Champex.
La montre indique 6 heures de course. Je suis au kilomètre 54, il m'en reste 45 à parcourir. J'ai fait plus de la moitié en kilomètre, je sais qu'en terme de temps, je ne suis pas au bout de mes peines. Sauf si le corps veut bien se remettre en route, mais ça me semble peu probable. Cédric et Valentin sont là, on rigole, Valentin me dit "t'abandonne pas, hein?", je lui dit que non, si je suis encore là, c'est pour aller au bout, histoire de voir ce qu'est une galère, une vraie.
Je prends mon temps au ravito, qui sait, peut-être vais-je trouver un second souffle, même si le premier, je le cherche encore. Depuis le début de la journée, j'ai un air qui tourne en boucle dans ma tête. "Il y aura les jours avec et les jours sans". Les paroles m'aident à faire passer la galère.

Je repars avec un Mexicain qui, au bout du lac, prend à gauche alors que le chemin part à droite. Il est une centaine de mètre devant, je lui hurle dessus, "wrong way!". Il met du temps à comprendre, je braille encore un coup en lui montrant le sentier à droite, il comprend enfin. Plus loin, dans la descente, il me remercie, me passe au petit trot. J'ai du mal à courir dans les descentes. Je crois que ça va être long.
J'essaie de penser à ce que signifient les sigles CCC.
Cuit, cuit et recuit.
(une bonne) Claque. (dans les) Choux. (Je suis) Cramé. (je suis vraiment trop) Con (d'être là).
Il y a un mot qui va bien je trouve: CALVAIRE.
Mais bon, ça ne m'empêche pas de continuer.
Il y aura les jours avec et les jours sans...
C'est bon, Claudio, j'ai compris. Pour une fois, ferme là! Ou alors donne moi un jour avec.
Je m'en sors à peu près dans les montées, doublant quelques concurrents qui me redoublent dans les descentes.

36ème à Trient. Je n'ai pas perdu grand chose en place, quelques spectateurs me disent qu'il faut que je savoure, mais je ne savoure rien du tout. Je souris, sourire, c'est un peu tout ce qui me reste. Je grapille sans le vouloir deux places dans la montée des Tseppes, lorsque la pente est plus raide. Je me moque bien de la place, ce qui m'effraie, c'et plutôt les kilomètres. 
Puis vient le plat et la descente sur Vallorcine. Ce qui devait arriver arriva, les jambes grippent complètement, j'ai désormais deux poteaux à la place des cuisses. Je n'ai plus qu'à tendre les bras au ciel, et qu'on me passe un câble dans les mains pour ressembler à une ligne de haute tension. D'ailleurs, je crois qu'en plus de mon corps, mon cerveau est en train de griller, sinon, je ne vois pas pourquoi je m'infligerais une telle galère.

54ème en repartant de Vallorcine.
Je suis descendu piteusement jusqu'au village, essayant même la marche arrière. Au ravito, j'ai demandé à Cédric combien de bornes il me restait: 20. Ne pouvant plus courir, j'ai estimé le temps pour arriver jusqu'à Chamonix: plus de quatre heures.
-T'es pas sérieux?! m'a-t-il dit.
-Tu parie quoi? j'ai fait.
-Pari tenu.
En chemin, je rencontre Yan, un ami du club de Megève, on papote un peu, ça fait passer le temps. Plus loin, au col des Montets, je croise mes parents et mes nièces, nouvelles pause, ils me disent qu'ils vont m'attendre à Chamonix, je leur répond qu'il va falloir être (très) patient.
Un peu plus haut, je sors les habits de nuit, moi qui étais persuadé de terminer de jour. Eh oui, il va falloir que j'allume la lampe frontale. Le mois précédent, j'étais exactement sur ce chemin, en sens inverse, à l'occasion du 90km du Mont-Blanc. C'était l'époque où j'arrivais encore à courir!!!
Le temps passe, je prends les minutes les unes après les autres, et vu que je n'arrive plus à lever les pieds, je prends également les cailloux les uns après les autres, je crois que je vais encore perdre trois ou quatre orteils dans l'histoire.
Arrivé en haut de la Flégère, je vois Chamonix en contrebas. Une descente avalée en 30mn par les meilleurs coureurs. Pour ma part, il me faudra pratiquement 2 heures pour y arriver.

J'ai donc franchi l'arrivée. Il a fallu que je range mon égo de côté. A vrai dire, je ne sais pas ce que j'ai voulu me prouver. Je ne voulais pas abandonner, je trouvais cette option trop facile, mais autant il est facile de terminer une course de ski lorsqu'on est dans un jour "sans", autant en trail, c'est un chemin de croix.
Pour être honnête, je ne sais pas si c'était la bonne option. Oui et non. Je pourrais me dire que c'est une sorte d'apprentissage de la douleur, qui me permettra de me surpasser dans d'autres moments difficiles, grapiller quelques secondes pour aller chercher un podium ou une victoire dans un autre grand événement. D'un autre côté, c'est créer de la fatigue inutile, risquer les blessures alors que, justement, d'autres événements sont prévus dans le calendrier. L'avenir me le dira.
Bien sûr, je reviendrai, avec la "grande" course, les 170km de l'UTMB dans un coin de la tête. Même si ce n'est pas exactement le genre de course à l'ambiance simple et chaleureuse que j'affectionne, l'atmosphère, grâce au public, y est incroyable, et pour tout coureur à pied, c'est un moment à vivre.







mardi 31 août 2021

Retour sur ma CCC (1ère partie)

Par quoi commencer ?
Par ces longues journées de préparation, afin d'être au top pour la course ? Par cette histoire de téléphone avec obligation de télécharger une application particulière sous peine d'être disqualifié ? Par cette envie soudaine de tout changer dans mon alimentation (régime dissocié) pour pouvoir être au top le jour J ?

La CCC, c'était pour moi l'occasion de mettre un pied dans l'univers de l'UTMB. Même si le plateau était extrêmement relevé, je savais qu'un top 5 était possible. Comme il est désormais coutume sur les Ultra Trails, j'avais fait la liste de tout le matériel obligatoire, et à part la galère du téléphone portable, tout était prêt. Concernant le téléphone, j'avais passé un temps fou à essayer de télécharger la fameuse application sur mon téléphone, sans succès. Je n'étais pas assez dans l'ère du temps, mon téléphone étant trop vieux, impossible d'installer quoi que ce soit. Mais au moment de récupérer mon dossard, on m'annonce que finalement, l'application n'était pas indispensable. Tout ça pour ça.
Depuis quelques nuits, j'avais le sommeil agité. Pourtant, des courses, j'en avais une quantité dans la besace. On dit toujours qu'il y a le bon stress et le mauvais stress. Celui d'avant course, je le connaissais, pourtant. Pensé-je.
Le matin, en rejoignant Courmayeur, la pression est montée tranquillement. Le monde, les coureurs, les spectateurs, les médias... c'était tout bonnement incroyable. même dans ma carrière de skieur, je n'avais jamais vécu cela. J'avais hâte d'entendre le décompte du départ. Les trente secondes. Puis le quinze. Le coup de sifflet.
La course était lancée. 101, comme les Dalmatiens. 101 kilomètres autour du Mont-Blanc, quelques cols à gravir, de belles vues, de l'émotion, une belle journée, j'espérais vivre toutes ces choses avec légèreté. Pourtant, dès les premiers mètres, j'ai senti qu'il y avait un hic. Un problème de synchronisation entre la tête et le corps.

Je bascule en 14ème position au sommet de la première montée, et dès la relance, mes jambes me paraissent trop grosses, trop lourdes, trop pataudes. J'essaie de me calmer, de faire une descente tranquille, en me persuadant que la course sera longue, que je dois être dans la gestion. Quelques concurrents me dépassent, je mange, je m'hydrate, je me ménage. Les minutes passent, les kilomètres également, et il ne m'en faut pas beaucoup pour comprendre que la journée sera longue. Sur le sentier vallonné qui rejoint le refuge Bonatti, j'ai une première vision de l'abandon. 20km au compteur, je suis 19 ou 20ème, un peu plus de deux heures de course, à ce moment, je n'imagine pas l'enfer qui va suivre. 

Pourtant, tout les ingrédients sont réunis pour la journée parfaite: un ciel dégagé, une température assez fraîche pour un mois d'août, des vues imprenables sur les massifs alentours. Je sais que sur un Ultra Trail, le corps peut être surprenant, et qu'il ne faut pas se fier aux sensations du départ. Au fil des heures, la forme peut venir, je me dis que les sensations médiocres sont dues au régime dissocié, et que bientôt, j'entrerai dans le vif du sujet. Même si je pense à l'abandon, je ne veux pas mettre le clignotant, d'autant plus que Valentin et Cédric m'attendent au premier ravitaillement.

Dans la longue descente qui m'amène vers la Fouly, je me perds une première fois. Pas grand-chose, un petit détour d'une minute, mais assez révélateur de mon manque de vigilance. Je suis ailleurs, j'essaie de convaincre mon corps que tout va bien aller.

24ème à la Fouly. 
Vienent ensuite les 10km de plat descendant avant la remontée sur Champex-Lac. Je ne connais pas, il paraît que c'est joli là-haut. Joli de quoi ? Encore faut-il pouvoir apprécier. J'ai mal aux genoux, mes cuisses tétanisent, je n'en peux plus. Ma tête déraille, je ne veux plus entendre parler de Trail. De courses. De dossards. Je suis au fond du trou, je me perds une nouvelle fois, tant pis, tant mieux, j'avoue qu'en ce moment, je me fous de tout, j'aimerais être partout sauf ici, je me dis que ma carrière de Traileur n'aura pas duré, qu'elle aura pris fin sur un sentier autour du Mont-Blanc... 
(...suite sous peu)

On échange de place? Prendre des photos, c'est un bon job aussi




mardi 17 août 2021

Trail des Hauts Forts (suite)

...J'ai cherché un endroit douillet pour poser ma tente, déballé mon sac pour préparer mes affaires de course, me demandant ce qui m'avait pris de prendre une telle décision. Heureusement, j'avais un peu de rab dans mes ravitaillements, j'avais également emporté, au cas-où, un sac léger avec deux flasques (sachant que sur les formats courts, je prends uniquement un porte-gourde) et aussi une paire de bâtons. Bien m'en a pris. Sauf que je me suis rendu compte en étalant toutes mes affaires qu'il me manquait un élément essentiel, que j'avais malheureusement glissé dans mon sac de randonnée: les chaussettes! Eh oui, je n'avais aucune paire à me mettre aux pieds. Sauf qu'il y avait ma petite étoile qui passait par là, figurez-vous que le lot souvenir offert à chaque participant était... une paire de chaussettes. C'était un jour à jouer au loto.

A dix heures, j'ai éteint la lampe, à onze heures, je l'ai rallumée pour être sûr de n'avoir rien oublié, à minuit, j'ai regardé si j'avais bien changé l'heure de réveil, à une heure, j'ai essayé de compter les moutons, remettant sans arrêt en question mon choix: n'avais-je pas présumé de mes forces en m'inscrivant sur cette longue distance, avec toute la fatigue accumulée des dernières semaines d'entraînement ? Finalement, à deux heures, Morphée a eu raison de moi, j'ai enfin pu fermer les yeux. Trois heures plus tard, la sonnerie du réveil m'a sorti de ma torpeur, j'ai enfilé ma tenue de course, pressé d'en découdre. En mettant mes chaussettes, j'ai une nouvelle fois béni l'organisation d'avoir intégré ce lot souvenir.

Le départ a été donné au moment de l'Angélus, j'étais parti pour une sortie de près de 6 heures, avec 4000 mètres de dénivelé positif. Mes premiers pas ont été prudents, aux alentours de la vingtième place. Je n'ai pas voulu présumer de mes forces, je savais pertinemment qu'une cadence trop rapide transformerait cette bambée en bon traquenard. En haut de la première bosse, j'étais septième. J'ai grapillé deux places dans la descente (oui, vous avez bien lu, dans la descente!). Une autre un peu plus tard, si bien qu'à mi-course, j'avais le podium en ligne de mire. J'ai doublé un concurrent au début de la montée du Col du Fornet. Un type aux épaules bien carrées, qui me semblait en perdition. Je croyais le podium était assuré. Eh bien que nenni. Le concurrent, c'était un coureur de Spartan. Un guerrier, à qui il ne manquait que l'armure. En gros, tout le reste du parcours, j'ai senti son souffle derrière mes baskets. Il n'a pas lâché mes semelles, ni dans les montées, encore moins dans les descentes. Heureusement pour moi, j'ai réussi à faire des descentes honorables (comme quoi, à force de travailler ses points faibles, on progresse!), et même si la dernière montée a été très difficile, j'ai réussi à garder ma place jusqu'à l'arrivée, franchissant la ligne peu avant midi. Je n'avais plus une once d'essence dans le moteur.

Une heure plus tard, c'était le déluge, les éclairs se sont mis à zébrer les montagnes, le ciel nous tombait sur la tête. J'étais au chaud dans un bus, la panse bien pleine, me disant que les éléments s'étaient mis en place comme il le fallait pour que cette journée ne se transforme pas en grosse galère. Côté galère, je ne savais pas que j'allais en vivre une (petite) dès le lendemain à l'occasion de notre itinérance avec les enfants, du côté des sentiers du Mont-Blanc.

Je tire mon chapeau à l'organisation, fantastique. Outre le pack ravito, le lot souvenir, tous les concurrents ont eu le droit à un bon d'achat "repas" à l'arrivée, à faire valoir dans les commerces d'Avoriaz, et même si la course a été arrêtée pour certains à cause des orages soudains, je crois que tout le monde était ravi de mettre le dossard sur ce trail des Hauts Forts.





jeudi 12 août 2021

3ème au Trail des Hauts Forts (1ère partie)

L'invitation datait de plusieurs semaines, pourtant, cinq jours avant l'épreuve, je n'étais toujours pas inscrit. J'hésitais encore sur la longueur à parcourir, j'avais le choix entre le 23, le 40 et le 51km. Je regrettais qu'il n'y ait pas eu un 13km, sans quoi j'aurais opté sans hésiter pour ce format plus court. De toute façon, je m'étais dit que j'irais en mode tranquille, d'autant plus que l'épreuve clôturait un gros bloc volume avec des semaines oscillant entre 30 et 35 heures d'entraînement. Pour la fraîcheur, je repasserais, en témoigne mon dossard improvisé au Kilomètre Vertical de Manigod la semaine précédente, avec 3mn de plus que mes meilleurs passages (soit dit en passant, quel bonheur de pouvoir cracher ses poumons en toute simplicité, sans Pass sanitaire car moins de 50 personnes, un grand mérite à David et à Manigod pour avoir organisé l'épreuve, toujours aussi conviviale).

Alors voilà, j'en étais à "est-ce que, est-ce que pas", optant finalement pour le 23km. De toute façon, j'avais donné mon engagement moral, je ne pouvais plus y couper. Dans la foulée, je devais aller vadrouiller avec les petits, une itinérance de quatre jours quelque part en Haute-Savoie, le lieu restant à définir. Selon la météo, selon la fatigue, selon leur envie, et puis la mienne. D'un côté, j'ai préparé mon sac pour la course, de l'autre, le sac pour la vadrouille. Les culottes des petits dans l'un, short et caleçon dans l'autre, baskets de randonnée dans l'un, celles de course dans l'autre, Cr'oc and Go, Odevie et Fenioux en ravito dans l'un, réchaud, gaz et sac de couchage dans le second... Bref, fallait être bien lucide pour ne pas s'emmêler les pinceaux. Lorsque j'ai tout bouclé pour le départ, j'étais à peu près sûr de n'avoir rien oublié. J'ai quitté le domicile la veille au soir avec mon sac de course, relativement serein. J'ai fait le trajet avec Cédric qui, en plus de la casquette chocolatier et Cr'oc & Go, est fervent amateur de dossards et prenait le départ du 40km. Chemin faisant, nous avons papoté entraînement, compétition, récup, CCC (mon gros objectif de cette fin de mois d'août, raison pour laquelle j'ai enchaîné les heures ces dernières semaines), et au fil de la discussion, j'ai commencé à remettre en question le format de course, j'avais la tête embrouillée, comme quoi, trop parler n'arrange pas le fouillis perpétuel dans ma tête. 

Au moment de prendre mon dossard, à 20 heures le vendredi soir pour un départ le lendemain à 8h30, j'ai demandé si, à tout hasard, il était possible de basculer sur le 51km. On m'a répondu oui, j'ai dit ok. On m'a tendu le dossard, j'ai tendu le bras pour le récupérer. On m'a informé que le départ était à 6 heures, j'ai pensé à ma grasse matinée avortée, j'ai tenté un "euh, finalement, je sais pas si..." mais la personne avait tourné le dos, tirant la grille de fer au passage pour fermer boutique, et j'ai compris qu'il était trop tard pour faire marche arrière...




lundi 5 juillet 2021

5ème au 90km du Mont-Blanc

Qu'on soit d'accord, ce qui m'intéressait en prenant le départ de cette course, c'était d'être logé à Chamonix, d'avoir une chambre tranquille, sans femme ni enfants, de pouvoir me reposer, faire la grasse matinée. Les vacances avant l'heure. Oui, en me parlant de cette fameuse course, on m'avait vendu du rêve. Ce que j'ignorais, au moment de valider mon dossard cet hiver, c'est que le départ de la course serait à 4 heures du matin. Qui dit départ à 4h, dit lever à 2h30, qui dit lever à 2h30, dit petite nuit, à la fois par peur du réveil qui ne sonne pas et toute l'émulation de l'avant course. Donc autant vous dire que pour la soirée reposante, je pouvais toujours me brosser. Fatigué pour fatigué, je me suis demandé si je n'avais pas meilleur temps d'aller en boîte de nuit et enchaîner dans la foulée avec le dossard, mais la sagesse l'a emporté, j'ai fait les choses comme il le fallait, un plat de pâtes, un p'tit dodo et à 4 heures du matin, frais comme un gardon (enfin, question fraîcheur, j'ai quelques doutes quand même), j'étais sur la ligne du départ de cette nouvelle épopée. Bien sûr, vous me direz que l'époque des biberons en pleine nuit pour les enfants n'était pas si lointaine, mais à la grande différence de ma jeune paternité, je n'allais pas retrouver mon lit ensuite, mais un gros morceau de Trail sur les cailloux du Mont-Blanc.

Question forme, ça allait mieux que les dernières semaines. L'impression d'être sur une pente ascendante, sans toutefois être sur un pic de forme. Je vous passe les détails du départ -la nuit noire, le monde sur la ligne, l'excitation du départ, le cardio qui s'emballe et PAN! le coup de fusil qui résonne et tous les coureurs lancés- qui, vous en conviendrez, ne changent guère d'une course à l'autre, il est temps de se plonger dans le vif du sujet: LA COURSE.

Après une première heure et demie relativement tranquille sur les pentes du Brévent, nous voilà sur le point culminent du parcours (2500 mètres). Je suis dans le groupe de tête, entouré d'une douzaine de coureurs. En face, la vue sur le Mont-Blanc est spectaculaire, je prends le temps d'apprécier: connaissant mon penchant pour la descente qui se profile devant moi, vous comprendrez que je ne suis pas pressé de basculer. 

Pourtant, il a bien fallu y aller, et au premier ravitaillement, j'accusais déjà 2mn de retard sur le premier. Valentin, mon fidèle ravitailleur (qui est par ailleurs monté bivouaquer à la Flégère pour l'occasion) change mes gourdes, et me voilà reparti pour l'aventure. Je réussis à revenir sur le peloton de devant au niveau de la Tête aux Vents, découvre dans la descente de Vallorcine que certains coureurs sont capables de pisser en courant (si si, je vous assure, en descente en plus, comme quoi, chaque seconde est vitale, le tout, s'est de ne pas s'arroser au passage 😁, mais je ne m'y risquerais pas), et peu après le ravitaillement du Buet (km 30, 3h30 de course), je prends la tête de ce petit monde et je prends surtout un premier coup de moins bien. Je lâche quelques mètres dans la montée, plusieurs minutes dans la descente (4' pour être précis), je me dis que la course risque d'être longue, et c'est à ce moment là que je prends ma plus grande résolution: je fais MA course sans me soucier des autres. Une grande première pour moi. Bien que je perde systématiquement du temps dans les descentes, je remonte quelques places, je trotte quand je peux, comme je peux, et à ce jeu, je finis par rentrer dans le top 5 en fin de course. 

Le passage entre Montenvers et Plan de l'Aiguille est juste magique, arrosé de nombreux cours d'eau. Bien que les guibolles soient dures comme deux bouts de bois, dans un trail, on peut encore s'émerveiller du panorama, même si je ne rêvais que d'une chose à ce moment: en terminer le plus rapidement possible. Fait incroyable, je parviens à doubler un coureur dans la dernière descente (comme quoi, tout arrive. Mais je ne vais pas me pavaner, je crois qu'il était juste plus rôti que moi).

Une belle 5ème place qui me satisfait pleinement, j'étais un peu juste pour jouer le podium, mais j'ai encore beaucoup appris et même si j'ai perdu trois ongles d'orteils au passage, j'ai hâte d'être sur la prochaine. D'autant plus qu'avec ce top 5, j'ai gagné un super lot qui me motive pour continuer sur ma lancée: une... gourde. Décidément, je ne choisi pas les bons sports pour devenir riche 😂

Et côté récup, le lendemain, c'était préparation des saucisses frites pour l'APE du village. Bon, j'avoue, j'ai pas tenu jusqu'à 4 heures du matin comme certains.

Encore un grand merci à Valentin et Corentin, mes ravitailleurs de choc!


Photo de Robin Schmitt, mais faut pas se fier à mon sourire, je galère!



lundi 7 juin 2021

manque d'E(ne)rgy au Trail du Ventoux

Il y a deux mois, ma fille a fait un joli portrait de son papa. Nez, yeux, bouche, oreilles, rien ne manquait. Elle m'avait fait également un joli sourire.
Sur le coup, je n'ai pas bien compris pourquoi elle avait mis deux traits au feutre noir de chaque côté de la tête.
-Bah, parce que tu n'as pas de cheveux en haut! s'est-elle alors exclamée.
Merci ma fille, merci de me rappeler ma calvitie.

Ce week-end avait lieu l'Ergy Trail du Ventoux. Vous connaissez forcément le Ventoux, surnommé également le Mont Chauve par les habitants du coin. J'y ai vu comme une coïncidence, me disant que lui et moi serions peut-être faits pour nous entendre.
Depuis deux semaines et mon dernier trail, ce n'était pas la grande forme, mais le gros du coup de fatigue semblait être passé et je me suis dit que ce Mont Chauve serait peut-être un signe, lui qui l'est déjà (chauve) et moi en passe de l'être, sans compter le fait qu'entre Chauve et Chauvet, une seule lettre nous sépare. Un double signe, donc.

Le réveil a sonné à quatre heures trente du matin, j'ai mis tout mon bardas dans la voiture et hormis quelques chevreuils et lapins, je n'ai pas croisé grand monde sur les routes. Je logeais à une petite heure, promettant aux enfants de leur faire un coucou lorsque je serais au sommet de la montagne.

A six heures trente, la course élite s'élançait. Je suis resté en fin de peloton. Incertain sur mon état de forme, je me suis dit qu'il valait mieux jouer la prudence et en garder sous le pied pour la deuxième partie de la course, celle qui me donnait déjà des sueurs froides avant même de l'affronter: la descente! Pour moi, c'était évident, si je ne grillais pas mes cartouches à la montée, la descente serait une partie de rigolade.

Au passage au sommet, le podium n'était pas loin, j'avais également un bon lièvre dans la descente, et aux trois quart de la course, je me disais que l'affaire allait être pliée correctement.
La mécanique s'est alors déréglée, et la fin n'a pas été un long fleuve tranquille. Misant sur mon passif de fondeur, j'ai tenté la position de recherche de vitesse. Pieds parallèles, tête et fesses relevées pour une position aérodynamique, mais je n'avançais pas d'un caramel. J'ai essayé la godille, là non plus, ce n'était pas concluant. Frotter un bout de plastique sur mes semelles de chaussures, mais question fartage, j'avais connu mieux. 
J'ai vécu un grand moment de solitude sur les quinze derniers kilomètres, prenant exactement 12 minutes par la tête de course ainsi que par le coureur avec qui j'étais en début de descente, qui s'en est allé tranquillement vers la 4ème place.

Au final, je termine 10ème, je n'ose même pas imaginer combien de minutes je perds dans l'ensemble des descentes. Une chose est sûre, c'est qu'entre le Mont Chauve et moi, malgré une seule lettre de différence, un monde nous sépare.

J'ai bien essayé de prendre le téléski pour aller plus vite,
mais il me manquait la neige...


mercredi 26 mai 2021

Premier dossard de l'année

Enfin ! 
Depuis le temps que je l'attendais, ce premier dossard. Sept mois. Une éternité. Inscrit à la dernière minute par l'organisation du Torgon Trail (grand merci au passage, toutes mes félicitations pour cette organisation au top malgré les conditions extrêmes), je suis allé me dérouiller les cuisses du côté de nos amis Suisses (en espérant ne pas prendre une trop grosse dérouillée au passage).
30km, 1900 mètres de D+, avec un point culminant à 2000 mètres, lorsque j'ai pris la voiture de bon matin, je me suis dit que ça allait être un peu folklo, avec le froid et les précipitations du moment. La limite pluie/neige était bien basse, et après vingt minutes de courses, nous avions déjà les pieds dans la neige.
A mi course, nous étions trois en tête, mais cette première moitié au profil montant était plutôt à mon avantage. C'était faire abstraction de mon pécher mignon : la descente. Dès les premières portions, j'ai commencé à perdre du terrain. A deux heures de course, j'étais troisième et j'accusais trois minutes de retard sur la tête. Trois belles gamelles et quarante minutes de descente plus tard, boueux de la tête au pied (j'ai même perdu un masque attaché à mon poignet, à quatre pattes dans la boue, pieds et bras enfoncés jusqu'aux genoux et coudes ), j'ai franchi la ligne d'arrivée en 6ème position, j'avais pris 5 minutes de plus par les premiers.
Je ne vais pas faire la fine bouche, pour une première sortie, ça reste correct, mais il va falloir lâcher un peu plus les chevaux dans la pente si je veux parvenir à jouer devant la prochaine fois.

Si vous voulez faire un saut à Torgon, c'est un coin super sympa juste de l'autre côté de la frontière, une petite station/village nichée à 1200 mètres d'altitude, un coin sauvage et verdoyant. Une découverte pour ma part, avec de beaux espaces de randonnée avec vues imprenables sur les Alpes.

Prochain dossard dans 2 semaines avec l'Ergy Trail du Ventoux, une course que je n'avais pas prévue dans mon programme. Je crois que j'ai envie de rattraper ce manque de dossards hivernaux par de belles courses dans la région...




jeudi 29 avril 2021

Bilan de l'entretien avec la FFS


Vendredi dernier, M. Vion, président de la FFS, ainsi que M. Saguez, DTN, ont accepté de me recevoir. Nous avons évoqué les différents points sensibles, autant durant cet hiver que lors des saisons précédentes. Les sélections, les OPA, les différents championnats... 
Il en est ressorti un point essentiel: les clubs ont un mois pour faire part de leurs retours sur leurs incompréhensions, leurs attentes, leurs besoins... de manière à ce que des règles soient réellement mises en place et respectées. M. Vion et M. Saguez ont été très clairs sur ce point, ils veilleront au bon respect de ces règles si elles sont adoptées, et elles ne pourront être adoptées que si vous vous manifestez.
Les athlètes doivent faire, de leur côté, leur demande auprès des clubs pour faire remonter toute information qu'ils jugent pertinente afin de mettre en place ces règles de bon fonctionnement. 

Nous avons donc un mois pour faire changer les choses. De nombreuses personnes, entraîneurs et athlètes, m'ont contacté durant cet hiver, il est désormais temps de prendre la parole. Aucune sanction ne pourra être prise à l'égard des clubs ou des coureurs, l'avenir de ce sport est donc entre vos mains, à vous de savoir sous quels auspices vous le voyez. Il faut être constructif, nous avons une belle opportunité et il serait dommage de ne pas la saisir.

Pour ma part, je souhaite un sport moins élitiste avec davantage de communication et transparence de la part de la fédération et la possibilité de pratiquer librement la compétition.


Pour rappel, voilà quelle avait été ma demande au cours de l'hiver:

–Chaque sélection doit être organisée et annoncée avec des critères définis en toute transparence. Les sélections doivent être ouvertes à tous les athlètes licenciés au sein de la FFS.

–Les critères d'âge étant discriminatoires, il ne peuvent être invoqués lors d'une sélection.

–Les meilleurs athlètes (au classement chronométrique) présents le jour de la sélection seront ceux nominés lors de l'épreuve concernée.

–Les inscriptions aux courses internationales (hors Coupes du Monde) doivent être autorisées aux athlètes désirant y participer, du moment que l'organisation de course le permet, sans que la fédération n'intervienne de quelconque manière auprès de l'organisateur dans le but de bouleverser son organisation.


Ne vous contentez pas de hocher la tête, exprimez-vous! N'hésitez pas, si vous le souhaiter, à me mettre en copie des mails ou à me contacter (mon mail est dans l'onglet Contact).

Il est essentiel, même si vous êtes d'accord avec ma demande, de vous exprimer, de prendre votre crayon ou votre clavier. Il faut une manifestation écrite pour que cette action soit prise en considération. 




mercredi 14 avril 2021

Bilan de fin d'hiver

Petit cours d'histoire.
Mes premiers skis de fond étaient avec des écailles, les chaussures avaient un débord en caoutchouc à l'avant, il fallait alors coincer ce surplus dans la fixation, pourvue d'un système de pince métallique. Le pied, mal maintenu, partait la plupart du temps de côté dès le premier virage, les chaussures étaient trempées au bout de cinq minutes, il faisait régulièrement -20 degrés, je skiais sans gant et sans bonnet. C'était dans la fin des années 80, un autre siècle, et à cette époque lointaine, je mettais mes premiers dossards.

J'aimerais pouvoir faire un bilan hivernal de cette saison 2020/2021, mais pour la première fois depuis cette époque immémoriale, je n'ai pas mis de dossard officiel cet hiver. Il a fallu trouver d'autres idées pour garder la motivation, s'inventer des challenges.
Mon premier gros challenge aura été celui des montées à pied au plateau, un peu plus de 17km pour 800 mètres de dénivelés, skis dans le dos ou à la main, suivies de quelques tours de piste.



D'autres challenges sont venus, comme l'Ultra tour des Aravis (je suis à la bourre pour le compte rendu et la vidéo, mais promis, ça va venir), ainsi qu'une tentative de record du 100km à ski (5 jours après mon Ultra tour, une récup un peu légère pour ce record).

Au final, pas mal de kilomètres à pied, en préparation de la saison estivale que j'espère plus prolifique. 

Je suis pour l'instant inscrit à la Maxi Race (course prévue fin mai, elle n'est pas encore annulée...), normalement je serai présent sur le 90km du Mont-Blanc fin juin, puis sur la CCC fin août. Ensuite, ce sera le Festival des Templiers, puis la SaintéLyon.
Avec, entre temps, quelques épreuves locales de courte distance (kilomètres verticaux et autres montées sèches) pour garder un peu de vitesse et se faire plaisir.

mardi 6 avril 2021

Réponse de M. Benoît Chauvet à la Fédération Française de Ski

 Réponse de Benoît Chauvet à la Fédération Française de ski


J'avoue que je suis surpris.

Dois-je réellement prendre le temps de répondre à ces propos, arrangés presque jusqu'au mensonge, répondre à ces arguments qui ne satisfont personne ? Dois-je vous citer des noms, dois-je faire une liste des coureurs ayant bénéficié de passe-droits cet hiver, ainsi que de tous ces coureurs, non membres des équipes de France ni sportifs de haut-niveau, ni même professionnels, qui ont pu courir à l'étranger sans que vous ne soyez intervenus ? Y tenez-vous vraiment ?

Si je suis surpris, ce pourrait être également de voir que certaines fédérations (FFME par exemple) sont parvenues à organiser nombre d'épreuves sur le sol français malgré la situation sanitaire, des épreuves aux critères de participation bien plus ouverts que les vôtres. J'ai pu y voir des athlètes amateurs courir, sans distinction d'âge ni d'appartenance à un quelconque statut.

Mais probablement, me direz-vous, que la FFME n'a pas été respectueuse des recommandations sanitaires. Et peut-être, vous répondrai-je, a-t-elle eu un certain courage et la volonté de défendre son sport et ses athlètes, tous ses athlètes, surtout par ces temps difficiles où la possibilité de pratique s'est réduite à peau de chagrin, mais ce serait, j'imagine, faire preuve d'un manque de respect envers votre grand engagement sportif.

Je ne vais pas rentrer dans les détails concernant le statut de sportif professionnel dans le monde du ski de fond, et pourtant depuis 10 ans je vole de mes propres ailes, soutenu par des partenaires qui ont eu confiance en moi, avec la volonté de respect, de courage et d'abnégation.

Il y a bien des choses dont je pourrais dénoncer les incohérences, mais il est temps de regarder en avant, de ne pas s'enfermer dans une guerre de crispation et de jugement. L'image de notre beau sport n'en brillerait sûrement pas davantage.

Vous savez qu'au fond ma démarche est légitime et que quoi qu'il m'en coûte, je n'abandonnerai pas, bien que cette action me demande beaucoup de temps et d'énergie. Je n'ai rien à prouver, j'ai beaucoup plus à perdre qu'à gagner. Comme  je l'ai précisé lors de mon article Le sport et la libertémême s'il me reste encore quelques années de compétition, la plus grosse partie de ma carrière est derrière moi. J'agis pour défendre un idéal, celui d'un sport juste, équitable et respectueux.

Je vous demande de m'entendre, car je porte les maux de nombreux licenciés de la FFS. Je vous ai proposé la mise en place d'une charte à laquelle vous n'avez pas souhaité répondre, je vous ai proposé une rencontre (envoi par mail le 27 mars), mais ma demande est restée également sans réponse.

Ce combat ne doit pas être celui de l'amour-propre, avançons avec courage et détermination, pour porter encore plus haut les valeurs d'une charte commune. 

Alors je vais attendre. Attendre avec impatience votre retour. Attendre avec impatience de savoir si nous allons avancer ensemble.

Dans l'attente de votre retour et de pouvoir informer nos nombreux lecteurs sur nos échanges,


Sportivement


Benoît Chauvet






samedi 3 avril 2021

Réponse de la Fédération Française de ski

Suite à ma lettre ouverte et à mes derniers coups de gueule (Rétablissons le ski pour tous et Le sport et la liberté), voici la réponse qui m'a été faite.
Amis lecteurs, je vous laisserai le soin de lire très prochainement ma réponse suite à ce retour.


Réponse de la Fédération Française de Ski à la lettre ouverte de Monsieur Benoît CHAUVET concernant les Championnats de France

La Fédération Française de Ski est une association reconnue d’utilité publique ayant reçu délégation de la part du ministère chargé des sports. A ce titre, elle participe à l’exécution d’une mission de service public sous la tutelle dudit ministère.

Il lui appartient de se conformer aux dispositions légales, à la réglementation, aux instructions et directives du ministère.

Nul n’est censé ignorer la situation sanitaire dans laquelle la France est plongée depuis maintenant plusieurs mois.

Dans ce contexte sanitaire, le Gouvernement français et le ministère des sports ont pris des mesures de restrictions sanitaires à la pratique sportive et à l’organisation des compétitions qui s’imposent aux fédérations comme à leurs pratiquants.

Par décision gouvernementale, la tenue des différentes compétitions fédérales est suspendue jusqu’à nouvel ordre, sauf pour les compétitions professionnelles ou de haut-niveau.

Afin de permettre aux fédérations de continuer à organiser leur filière d’accès au haut niveau, le ministère a par ailleurs autorisé l’organisation de certaines épreuves de sélection à l’entrée en PPF (Parcours de Performance Fédéral).

Cependant, et toujours par décision gouvernementale, toutes ces compétitions ne sont ouvertes qu’à un public prioritaire composé des athlètes de haut niveau, des athlètes inscrits dans le PPF et des jeunes compétiteurs participant à une sélection pour l’entrée dans la filière d’accès au haut niveau (entrée en PPF).

Afin de respecter les règles en vigueur, les Championnats de France ont été organisés en regroupant les athlètes des publics prioritaires.

La Fédération a donc veillé à respecter le caractère de haut niveau des compétitions autorisées en France tout en veillant à l’avenir sportif des jeunes compétiteurs dont le niveau permettait d’envisager une entrée dans le dispositif PPF.

De toute évidence, Monsieur Benoît CHAUVET n’entrant dans aucune de ces catégories (athlètes de haut niveau, athlètes en PPF et potentiels entrants en PPF), la Fédération Française de Ski n’a fait qu’une juste et nécessaire application des mesures gouvernementales qui s’imposent sur l’ensemble du territoire national.

Insinuer que la Fédération fait preuve de discrimination par l’âge notamment est donc tout à fait hors de propos.


Réponse de la Fédération Française de Ski à la lettre ouverte de Monsieur Benoît CHAUVET concernant sa participation aux compétitions à l'étranger

Le Ministère des Sports a demandé aux fédérations sportives de limiter les déplacements à l’étranger aux seuls sportifs professionnels et sportifs de haut niveau des équipes de France A, uniquement lorsque leur déplacement ne pouvait être différé.
Même pour les équipes de France A, cette autorisation de déplacement supposait que l’Agence Nationale du Sport valide le caractère impérieux des compétitions et que le ministère valide la liste nominative des voyageurs sur proposition de la Fédération.

De ce fait, en dehors de la population très restreinte visée ci-dessus, les stages et compétitions à l’étranger se trouvaient impossibles en raison de ces contraintes de déplacement.
Qu’on le veuille ou non, les restrictions sanitaires prises par le Gouvernement français s’imposent aux pratiquants et l’autorisation de concourir donnée par des organisateurs étrangers de compétitions est totalement inopérante.


Réponse de la Fédération Française de Ski à la lettre ouverte de Monsieur Benoît CHAUVET concernant sur l’accès du sport au plus grand nombre

Grâce au travail de tous ceux qui s’investissent pour l’intérêt général, la Fédération Française de Ski est parvenue depuis maintenant plus de 15 ans à générer de nouvelles ressources financières qui ont contribué à une croissance régulière de ses budgets.

La politique de limitation de ses charges fixes au strict nécessaire lui permet de concentrer le maximum de moyens financiers à la pratique sportive.

Ainsi, le budget des Équipes de France de ski et de snowboard est en constante progression depuis plus de 15 ans.

Parallèlement à cela, la Fédération consacre de plus en plus de moyens au développement de la pratique sportive, notamment à travers une politique volontariste tournée vers la pratique loisir (développement des disciplines de glisse au sein des clubs, pluriactivité, sport santé, sport sur ordonnance, développement de la formation fédérale bénévole) et la compétition pour tous. Cette politique est formalisée dans le Projet Sportif Fédéral de la FFS dont la qualité a été soulignée par l’Agence Nationale du Sport.


A tous points de vue, les demandes de conciliation ou encore les menaces de saisine du Tribunal Arbitral du Sport ou d’une juridiction sont donc pour le moins dénuées de sens.


A travers ces quelques lignes, la Fédération Française de Ski ne cherche pas à justifier des décisions qui en tout état de cause s’imposaient à elle.

Cette réponse à Monsieur Benoît CHAUVET a avant tout pour but de porter à la connaissance de ceux qui portent un intérêt à la vie de notre mouvement sportif un certain nombre d’éléments objectifs liés au contexte actuel ignorés ou passés sous silence par Monsieur CHAUVET.
De toute évidence, ignorer ces éléments conduit nécessairement à une analyse totalement biaisée et donnant inévitablement au lecteur une image totalement fausse et déformée de la réalité.



mardi 23 mars 2021

Lettre ouverte à la Fédération Française de Ski

Récemment, j'ai fait une demande pour participer aux Championnats de France de ski de fond qui auront lieu aux Contamines en cette fin de mois. Quelle surprise de voir ma demande rejetée, les prétextes suivants étant énoncés :

Pourront prendre le départ les athlètes senior qui ont participé à des courses internationales, et en fonction des tests nationaux qui ont eu lieu cet hiver.

Je précise que mes demandes de participation aux tests nationaux ont été refusées par la fédération (je ne remplissais pas les critères d'âge) et qu'elle m'a également interdit de courir la course au Brassus (Suisse). Alors oui, impossible pour moi de prendre le départ de ces Championnats de France. Je suis en colère, d'autant plus lorsque je vois que sur certaines épreuves (en ski alpinisme par exemple), des courses ont lieu et qu'elles accueillent des athlètes sans que l'âge soit un critère discriminatoire.

Les crises mettent en exergue les failles d'un système, et force est de constater que la fédération française de ski, du moins en ce qui concerne le ski de fond, a absolument tout cloisonné. Il n'y a plus de remise en question et les sélectionneurs ont trop de pouvoirs. Obnubilés par le haut niveau, ils délaissent la base de la pyramide sportive. Mais sans une base solide, le sommet de la pyramide se réduit à peau de chagrin. Sans confrontation, comment inciter un athlète à se surpasser ? Je tiens à rappeler qu'une fédération est délégataire de service publique, et voici ce que stipule le service public en matière de discrimination : La discrimination vise à défavoriser une personne pour des motifs interdits par la loi. Par exemple l'origine, le sexe, l'âge, l'orientation sexuelle, les convictions politiques, philosophiques ou religieuses. La discrimination fondée sur un de ces motifs est sanctionnée par la loi pénale.

Je m'adresse à ce jour à la Fédération Française de ski, à Monsieur le Président, à Monsieur le Directeur Technique ainsi qu'aux directeurs et entraîneurs. Je souhaite un sport plus juste. Par le biais d'une conciliation, je demande la mise en place d'une charte de fair-play, signée et respectée par nos dirigeants, avec ces points essentiels :

–Chaque sélection doit être organisée et annoncée avec des critères définis en toute transparence. Les sélections doivent être ouvertes à tous les athlètes licenciés au sein de la FFS.

–Les critères d'âge étant discriminatoires, il ne peuvent être invoqués lors d'une sélection.

–Les meilleurs athlètes (au classement chronométrique) présents le jour de la sélection seront ceux nominés lors de l'épreuve concernée.

–Les inscriptions aux courses internationales (hors Coupes du Monde) doivent être autorisées aux athlètes désirant y participer, du moment que l'organisation de course le permet, sans que la fédération n'intervienne de quelconque manière auprès de l'organisateur dans le but de bouleverser son organisation.


Mon seul souhait est de rendre ce sport plus accessible, que notre fédération défende les valeurs de liberté et d'égalité indispensables à la pratique du sport, ces valeurs que nous devrions tous défendre sans retenue.

Cependant, si aucune conciliation n'est possible, je m'engage à saisir le Tribunal Arbitral du Sport ou à effectuer un recours auprès des juridictions compétentes.




lundi 1 mars 2021

Du rêve sur les skis

Une magnifique réalisation de Matthias Gibaud réalisée au domaine nordique des Glières. On a envie que l'hiver dure encore quelques semaines, d'acheter une paire de skis et d'aller se perdre dans les décors féériques que seule la montagne est capable de nous offrir. 

Du rêve plein les poumons!

A découvrir ICI ou en cliquant sur l'image.




lundi 15 février 2021

Rétablissons le ski pour tous

  • Je tiens d'abord à préciser que mon message ne s'adresse pas à une personne en particulier. Dans une fédération, même s'il y a un président, il y a de nombreux décisionnaires. Je m'adresse à tous ceux qui s'octroient des pouvoirs abusifs, à ceux qui ne prennent pas le temps d'écouter. A ceux qui ne veulent pas avancer.

    Selon l'INSEE, "Une fédération sportive organise et assure la promotion de la pratique de sa ou ses disciplines, de l'activité de loisir au sport de haut niveau. Elle est l'union d'associations sportives".

    Aujourd'hui, notre fédération ne défend que le sport de Haut Niveau, oubliant que les clubs ont formé les athlètes avant que la fédération ne leur colle l'étiquette Haut Niveau. Elle oublie que sans le bon fonctionnement des clubs, sans le travail incroyable de leurs entraîneurs, il n'y aurait pas d'athlètes, ni même de pratiquants. Et que sans eux, sans tous ces acteurs indispensables au bon fonctionnement d'une fédération, celle-ci n'existerait tout simplement pas. Nos dirigeants oublient qu'ils vivent sur le dos des clubs, des jeunes coureurs, des entraîneurs, des parents, de leurs motivations sans faille.

    Les décisions sont désormais prises sans concertation ni consentement, elles sont imposées et nous subissons ces abus sans possibilité de nous faire entendre. Les initiatives de nous autres, "petites gens", sont brisées sans raison valable. Alors oui, dans les bureaux, certains de nos responsables se félicitent des médailles obtenues aux Championnats du Monde ou aux Jeux Olympiques, et les athlètes deviennent leur faire-valoir, la possibilité d'afficher leurs galons, de serrer des mains et de sourire plus que nécessaire. Mais avez-vous seulement une pensée pour tous ces jeunes laissés de côtés, ces jeunes écrasés, ces entraîneurs désabusés ? Croyez-moi, ils sont nombreux, pourtant, vous ne souhaitez offrir de solutions à leur désarroi. Alors qu'ils vous nourrissent, vous les affamez.

    Le contexte sanitaire actuel n'est en rien responsable de ce qu'il se passe en ce moment dans notre fédération, le problème est plus profond. Les langues n'osent pas se délier, car tous connaissent les représailles. Alors que seul le chrono devrait être juge de paix, nombreux sont les prétextes invoqués, trop grand âge, écart avec les poursuivants pas suffisamment importants, concurrence pas assez forte... Nous savons tous que nos droits ne sont pas égaux et que les décisions ne sont pas impartiales.
    Il est temps de bousculer ce système autoritaire pyramidal où les décisions sont hiérarchiques et ne peuvent ni ne doivent être discutées, il serait intéressant de redonner enfin aux différents clubs la possibilité de s'exprimer et d'exister. Car aujourd'hui plus que jamais, tous se retrouvent sous le joug de décideurs qui ne semblent plus penser à l'avenir, mais uniquement à la possibilité de briller, quels qu'en soient les moyens, faisant fî des conséquences. Quitte à oublier l'égalité. Quitte à oublier le sportif et ses droits. Quitte, somme toute, à oublier l'humain (et je suis bien placé pour le savoir *).
    Notre fédération en oublie alors ce pour quoi elle est née: unir, rassembler autour d'une idée commune,  d'un idéal, et ce pour le bien-être de tous. En un mot, fédérer, et plus encore, faire preuve de bienveillance envers ces acteurs qui vous font vivre.

    Il est peut-être temps de changer -enfin- un système qui ne tient plus debout. Car la colère gronde, messieurs les dirigeants.

    La colère gronde, mais il est encore temps d'agir.



    Il y a dix ans, lors de l'une de mes dernières Coupes du Monde, un virus (déjà) traînait dans les parages. A l'époque, la psychose (re-déjà) gagnait de nombreux pays. Il était question de Grippe A, le gouvernement avait commandé des milliers de masques, des vaccins avaient été mis sur le marché, et dans ma malchance, j'avais eu le bonne idée d'avoir mes premiers symptômes grippaux l'avant veille de la course, alors que j'étais à Beitostolen, en Norvège. On m'avait alors envoyé en ambulance à Lillehammer (2 heures de route) pour faire des tests et savoir de quoi il tenait. A quatre heures du matin, après de nombreux tests, on m'avait effectivement déclaré porteur du Virus de la grippe A et dans mon malheur, j'avais la chance que le virus n'affecte pas de manière grave mes voies respiratoires. L'hôpital ne voyait donc pas la nécessité de me garder dans ses locaux, et me conviait à retourner parmi mes collègues dans l'hôtel, stipulant qu'avec le port d'un masque, je les protégerais d'une éventuelle infection. J'ai appelé le chef des équipes pour lui relater les faits, ce sur quoi il m'a répondu qu'il était hors de question que je rentre à l'hôtel, que je devais retourner sur le champ au bercail. Chez moi. Par mes propres moyens. Je lui expliqué n'avoir sur moi que ma carte bleue et mon téléphone. Toutes mes affaires étaient à l'hôtel, notamment mes clés de voiture et d'appartement.
    "Débrouille toi. Appelle une personne de ta famille, elle viendra te chercher". Voilà la réponse qui m'a été faite.

    Il a fallu que j'insiste, que j'explique que ma famille ne serait pas forcément disponible, et après un long échange, il a consenti à me laisser revenir à la gare de Beitostolen, située à une quinzaine de kilomètres de l'hôtel, pour que j'y récupère mes affaires qu'on me laisserait là bas. J'avais 41,5 de fièvre, j'étais bourré d'antiviraux, perclus de courbatures, j'avais dormi deux heures et j'ai dû effectuer 3 heures de voyage en bus pour rejoindre la gare de Beitostolen. Ensuite, j'ai dû prendre un train et effectuer le trajet en sens inverse pour aller à l'aéroport d'Oslo. Bien entendu, personne ne m'avait communiqué les horaires possibles des avions, lorsque je suis arrivé, il était 22 heures et la plupart des compagnies étaient fermées. J'ai fini par dormir sur un banc de l'aéroport.

    Quelques années auparavant, j'avais eu un échange avec l'un des membres du staff du nordique. Mal dans ma peau, j'avais demandé un aménagement du planning de stages. On m'avait traité de con et que, si c'était le cas, on me supprimerait mon contrat professionnel avec les douanes.
    Ce ne sont que des histoires parmi tant d'autres, mais voilà la manière dont on peut traiter l'humain au sein de la fédération.





dimanche 7 février 2021

Le sport et la liberté

Aujourd'hui, je souhaitais prendre part à une épreuve de ski de fond en Suisse. Une épreuve internationale à laquelle l'organisation suisse conviait les athlètes nantis d'un code FIS (licence internationale) et justifiant un nombre de points inférieurs à 200 (les points FIS sont des points attribués aux skieurs à l'issue de la saison précédente, il faut avoir effectué au moins une course internationale pour en avoir). Je remplissais les deux conditions et ai donc contacté l'organisation de l'épreuve pour m'inscrire. Je reçois un retour positif, et hier soir, au moment de préparer mes skis, ne voyant pas mon nom sur la liste de départ, j'apprends par les organisateurs que certains dirigeants de la Fédération Française de Ski leur ont demandé de refuser les inscriptions des athlètes français (hors membres des équipes de France). 
Bien entendu, je n'en ai pas été informé directement et si je n'avais pas regardé la liste de départ, je serais arrivé la bouche en cœur au départ de la course.

L'important, c'est de participer. Depuis des décennies, ces mots pleins de sagesse résonnent dans les pensées collectives. Ils sont véhiculés au sein des valeurs sportives de chaque athlète, professionnel ou amateur.
Je tiens à pousser mon coup de gueule. En ce contexte difficile, l'ensemble des courses françaises sont réservées aux seuls membres des équipes de France, mais voilà que nos dirigeants font pression auprès des pays voisins.
La pratique du sport se doit d'être équitable pour chaque athlète. J'ai toujours pensé que les fédérations faisaient certains choix qui leur étaient propres quant à la constitution des équipes fédérales.
Notre sport, ce sport que j'ai tant aimé, m'a octroyé de grandes joies, mais il m'a apporté et m'apporte encore de nombreuses amertumes. Un manque d'empathie, d'écoute. Depuis des années, nombre de nos dirigeants nordiques ont décidé (sans raison valable) de limiter l'accès à certaines courses aux athlètes. L'âge est souvent un motif discriminatoire, il faut avoir moins de 25 ans pour pouvoir prendre le départ à une épreuve. Différents arguments sont avancés par la fédération, aucun n'est admissible. Ces athlètes n'ont rien à se reprocher, si ce n'est de vouloir exister.
Bientôt, d'autres motifs viendront s'ajouter, il ne faudra pas être noir, ni juif, ni roux, ne pas avoir les yeux marrons, ne pas être trop petit, ni trop grand. Ne pas l'ouvrir et rester dans le "moule" instauré, se taire et oublier.
L'anecdote n'est, certes, pas vraiment drôle. Car dans cette histoire comme dans beaucoup d'autres, la fédération qui devrait défendre une idéologie basée sur le respect, le dépassement de soi, le résultat sportif pur et simple, s'octroie finalement un droit qu'elle ne peut ni ne devrait s'approprier : le pouvoir de décider quels sont les droits de l'Homme. Alors qu'il y a quelques siècles, la révolution française aboutissait aux « Liberté, égalité, fraternité », ces trois termes semblent aujourd'hui bafoués.
Nous ne vivons plus dans un monde libre, nous sommes assujettis aux caprices des gens de pouvoir. Nous oublions que le sport est avant tout une promesse, celle de nous battre à chances égales, de croire. D'avoir, comme tout un chacun, la possibilité de nous exprimer avec notre corps, notre tête. L'espoir de nous dépasser, de grandir, d'avancer. Nous oublions que pour motiver nos licenciés, nous devons leur laisser cette chance de s'exprimer. 
Alors comment pouvons-nous pousser nos jeunes athlètes à persévérer si, d'emblée, les portes leur sont fermées?
Le milieu du sport est injuste, j'aimerais que les personnes qui le régissent soient davantage humaines, qu'elles n'oublient pas qu'un jour, elles ont été coureurs, et qu'à cette époque, elles se révoltaient également contre les injustices. Pourquoi aujourd'hui ont-elles changé leur point de vue ? Je crains que leur poste soit plus important que les idéaux, que les salaires leur fassent oublier qui elles sont, qui nous sommes, et que le pouvoir -encore lui- biaise nos jugements et nous enlève notre libre arbitre.

Une charte olympique a été établie voilà quelques années: « La pratique du sport est un droit de l’homme. Chaque individu doit avoir la possibilité de faire du sport sans discrimination d’aucune sorte et dans l’esprit olympique, qui exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play ».
Je ne peux que constater que notre fédération fait triste sort de ce fair-play qui donnerait alors la possibilité à chacun de défendre ses chances avec équité. Depuis vingt ans, je constate un système désuet, presque totalitaire.

Je ne suis pas en train de partir en guerre, ni mener une révolution. Simplement défendre des droits, avec quelque part dans un coin de la tête, les paroles sages de Coubertin : L'important dans la vie, ce n'est point le triomphe, mais le combat. L'essentiel n'est pas d'avoir vaincu, mais de s'être bien battu.
Ma carrière, même si je souhaite la poursuivre encore quelques années, touche bientôt à sa fin. Je n'ai plus rien à prouver ni à défendre, je pense surtout aux générations futures, à ces jeunes emplis de rêves, et j'aimerais que l'on cesse de les leur ôter. 

A bon(s) entendeur(s).