Je tiens d'abord à préciser que mon message ne s'adresse pas à une personne en particulier. Dans une fédération, même s'il y a un président, il y a de nombreux décisionnaires. Je m'adresse à tous ceux qui s'octroient des pouvoirs abusifs, à ceux qui ne prennent pas le temps d'écouter. A ceux qui ne veulent pas avancer.
Selon l'INSEE, "Une fédération sportive organise et assure la promotion de la pratique de sa ou ses disciplines, de l'activité de loisir au sport de haut niveau. Elle est l'union d'associations sportives".
Aujourd'hui, notre fédération ne défend que le sport de Haut Niveau, oubliant que les clubs ont formé les athlètes avant que la fédération ne leur colle l'étiquette Haut Niveau. Elle oublie que sans le bon fonctionnement des clubs, sans le travail incroyable de leurs entraîneurs, il n'y aurait pas d'athlètes, ni même de pratiquants. Et que sans eux, sans tous ces acteurs indispensables au bon fonctionnement d'une fédération, celle-ci n'existerait tout simplement pas. Nos dirigeants oublient qu'ils vivent sur le dos des clubs, des jeunes coureurs, des entraîneurs, des parents, de leurs motivations sans faille.
Les décisions sont désormais prises sans concertation ni consentement, elles sont imposées et nous subissons ces abus sans possibilité de nous faire entendre. Les initiatives de nous autres, "petites gens", sont brisées sans raison valable. Alors oui, dans les bureaux, certains de nos responsables se félicitent des médailles obtenues aux Championnats du Monde ou aux Jeux Olympiques, et les athlètes deviennent leur faire-valoir, la possibilité d'afficher leurs galons, de serrer des mains et de sourire plus que nécessaire. Mais avez-vous seulement une pensée pour tous ces jeunes laissés de côtés, ces jeunes écrasés, ces entraîneurs désabusés ? Croyez-moi, ils sont nombreux, pourtant, vous ne souhaitez offrir de solutions à leur désarroi. Alors qu'ils vous nourrissent, vous les affamez.
Le contexte sanitaire actuel n'est en rien responsable de ce qu'il se passe en ce moment dans notre fédération, le problème est plus profond. Les langues n'osent pas se délier, car tous connaissent les représailles. Alors que seul le chrono devrait être juge de paix, nombreux sont les prétextes invoqués, trop grand âge, écart avec les poursuivants pas suffisamment importants, concurrence pas assez forte... Nous savons tous que nos droits ne sont pas égaux et que les décisions ne sont pas impartiales.
Il est temps de bousculer ce système autoritaire pyramidal où les décisions sont hiérarchiques et ne peuvent ni ne doivent être discutées, il serait intéressant de redonner enfin aux différents clubs la possibilité de s'exprimer et d'exister. Car aujourd'hui plus que jamais, tous se retrouvent sous le joug de décideurs qui ne semblent plus penser à l'avenir, mais uniquement à la possibilité de briller, quels qu'en soient les moyens, faisant fî des conséquences. Quitte à oublier l'égalité. Quitte à oublier le sportif et ses droits. Quitte, somme toute, à oublier l'humain (et je suis bien placé pour le savoir *).
Notre fédération en oublie alors ce pour quoi elle est née: unir, rassembler autour d'une idée commune, d'un idéal, et ce pour le bien-être de tous. En un mot, fédérer, et plus encore, faire preuve de bienveillance envers ces acteurs qui vous font vivre.Il est peut-être temps de changer -enfin- un système qui ne tient plus debout. Car la colère gronde, messieurs les dirigeants.
La colère gronde, mais il est encore temps d'agir.
Il y a dix ans, lors de l'une de mes dernières Coupes du Monde, un virus (déjà) traînait dans les parages. A l'époque, la psychose (re-déjà) gagnait de nombreux pays. Il était question de Grippe A, le gouvernement avait commandé des milliers de masques, des vaccins avaient été mis sur le marché, et dans ma malchance, j'avais eu le bonne idée d'avoir mes premiers symptômes grippaux l'avant veille de la course, alors que j'étais à Beitostolen, en Norvège. On m'avait alors envoyé en ambulance à Lillehammer (2 heures de route) pour faire des tests et savoir de quoi il tenait. A quatre heures du matin, après de nombreux tests, on m'avait effectivement déclaré porteur du Virus de la grippe A et dans mon malheur, j'avais la chance que le virus n'affecte pas de manière grave mes voies respiratoires. L'hôpital ne voyait donc pas la nécessité de me garder dans ses locaux, et me conviait à retourner parmi mes collègues dans l'hôtel, stipulant qu'avec le port d'un masque, je les protégerais d'une éventuelle infection. J'ai appelé le chef des équipes pour lui relater les faits, ce sur quoi il m'a répondu qu'il était hors de question que je rentre à l'hôtel, que je devais retourner sur le champ au bercail. Chez moi. Par mes propres moyens. Je lui expliqué n'avoir sur moi que ma carte bleue et mon téléphone. Toutes mes affaires étaient à l'hôtel, notamment mes clés de voiture et d'appartement.
"Débrouille toi. Appelle une personne de ta famille, elle viendra te chercher". Voilà la réponse qui m'a été faite.Il a fallu que j'insiste, que j'explique que ma famille ne serait pas forcément disponible, et après un long échange, il a consenti à me laisser revenir à la gare de Beitostolen, située à une quinzaine de kilomètres de l'hôtel, pour que j'y récupère mes affaires qu'on me laisserait là bas. J'avais 41,5 de fièvre, j'étais bourré d'antiviraux, perclus de courbatures, j'avais dormi deux heures et j'ai dû effectuer 3 heures de voyage en bus pour rejoindre la gare de Beitostolen. Ensuite, j'ai dû prendre un train et effectuer le trajet en sens inverse pour aller à l'aéroport d'Oslo. Bien entendu, personne ne m'avait communiqué les horaires possibles des avions, lorsque je suis arrivé, il était 22 heures et la plupart des compagnies étaient fermées. J'ai fini par dormir sur un banc de l'aéroport.
Quelques années auparavant, j'avais eu un échange avec l'un des membres du staff du nordique. Mal dans ma peau, j'avais demandé un aménagement du planning de stages. On m'avait traité de con et que, si c'était le cas, on me supprimerait mon contrat professionnel avec les douanes.
Ce ne sont que des histoires parmi tant d'autres, mais voilà la manière dont on peut traiter l'humain au sein de la fédération.
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lundi 15 février 2021
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dimanche 7 février 2021
Le sport et la liberté
Aujourd'hui, je souhaitais prendre part à une épreuve de ski de fond en Suisse. Une épreuve internationale à laquelle l'organisation suisse conviait les athlètes nantis d'un code FIS (licence internationale) et justifiant un nombre de points inférieurs à 200 (les points FIS sont des points attribués aux skieurs à l'issue de la saison précédente, il faut avoir effectué au moins une course internationale pour en avoir). Je remplissais les deux conditions et ai donc contacté l'organisation de l'épreuve pour m'inscrire. Je reçois un retour positif, et hier soir, au moment de préparer mes skis, ne voyant pas mon nom sur la liste de départ, j'apprends par les organisateurs que certains dirigeants de la Fédération Française de Ski leur ont demandé de refuser les inscriptions des athlètes français (hors membres des équipes de France).
Bien entendu, je n'en ai pas été informé directement et si je n'avais pas regardé la liste de départ, je serais arrivé la bouche en cœur au départ de la course.
L'important, c'est de participer. Depuis des décennies, ces mots pleins de sagesse résonnent dans les pensées collectives. Ils sont véhiculés au sein des valeurs sportives de chaque athlète, professionnel ou amateur.
Je tiens à pousser mon coup de gueule. En ce contexte difficile, l'ensemble des courses françaises sont réservées aux seuls membres des équipes de France, mais voilà que nos dirigeants font pression auprès des pays voisins.
La pratique du sport se doit d'être équitable pour chaque athlète. J'ai toujours pensé que les fédérations faisaient certains choix qui leur étaient propres quant à la constitution des équipes fédérales.
Notre sport, ce sport que j'ai tant aimé, m'a octroyé de grandes joies, mais il m'a apporté et m'apporte encore de nombreuses amertumes. Un manque d'empathie, d'écoute. Depuis des années, nombre de nos dirigeants nordiques ont décidé (sans raison valable) de limiter l'accès à certaines courses aux athlètes. L'âge est souvent un motif discriminatoire, il faut avoir moins de 25 ans pour pouvoir prendre le départ à une épreuve. Différents arguments sont avancés par la fédération, aucun n'est admissible. Ces athlètes n'ont rien à se reprocher, si ce n'est de vouloir exister.
Bientôt, d'autres motifs viendront s'ajouter, il ne faudra pas être noir, ni juif, ni roux, ne pas avoir les yeux marrons, ne pas être trop petit, ni trop grand. Ne pas l'ouvrir et rester dans le "moule" instauré, se taire et oublier.
L'anecdote n'est, certes, pas vraiment drôle. Car dans cette histoire comme dans beaucoup d'autres, la fédération qui devrait défendre une idéologie basée sur le respect, le dépassement de soi, le résultat sportif pur et simple, s'octroie finalement un droit qu'elle ne peut ni ne devrait s'approprier : le pouvoir de décider quels sont les droits de l'Homme. Alors qu'il y a quelques siècles, la révolution française aboutissait aux « Liberté, égalité, fraternité », ces trois termes semblent aujourd'hui bafoués.
Nous ne vivons plus dans un monde libre, nous sommes assujettis aux caprices des gens de pouvoir. Nous oublions que le sport est avant tout une promesse, celle de nous battre à chances égales, de croire. D'avoir, comme tout un chacun, la possibilité de nous exprimer avec notre corps, notre tête. L'espoir de nous dépasser, de grandir, d'avancer. Nous oublions que pour motiver nos licenciés, nous devons leur laisser cette chance de s'exprimer.
Alors comment pouvons-nous pousser nos jeunes athlètes à persévérer si, d'emblée, les portes leur sont fermées?
Le milieu du sport est injuste, j'aimerais que les personnes qui le régissent soient davantage humaines, qu'elles n'oublient pas qu'un jour, elles ont été coureurs, et qu'à cette époque, elles se révoltaient également contre les injustices. Pourquoi aujourd'hui ont-elles changé leur point de vue ? Je crains que leur poste soit plus important que les idéaux, que les salaires leur fassent oublier qui elles sont, qui nous sommes, et que le pouvoir -encore lui- biaise nos jugements et nous enlève notre libre arbitre.
Une charte olympique a été établie voilà quelques années: « La pratique du sport est un droit de l’homme. Chaque individu doit avoir la possibilité de faire du sport sans discrimination d’aucune sorte et dans l’esprit olympique, qui exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play ».
Je ne peux que constater que notre fédération fait triste sort de ce fair-play qui donnerait alors la possibilité à chacun de défendre ses chances avec équité. Depuis vingt ans, je constate un système désuet, presque totalitaire.
Je ne suis pas en train de partir en guerre, ni mener une révolution. Simplement défendre des droits, avec quelque part dans un coin de la tête, les paroles sages de Coubertin : L'important dans la vie, ce n'est point le triomphe, mais le combat. L'essentiel n'est pas d'avoir vaincu, mais de s'être bien battu.
Ma carrière, même si je souhaite la poursuivre encore quelques années, touche bientôt à sa fin. Je n'ai plus rien à prouver ni à défendre, je pense surtout aux générations futures, à ces jeunes emplis de rêves, et j'aimerais que l'on cesse de les leur ôter.
A bon(s) entendeur(s).
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