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mardi 31 août 2021

Retour sur ma CCC (1ère partie)

Par quoi commencer ?
Par ces longues journées de préparation, afin d'être au top pour la course ? Par cette histoire de téléphone avec obligation de télécharger une application particulière sous peine d'être disqualifié ? Par cette envie soudaine de tout changer dans mon alimentation (régime dissocié) pour pouvoir être au top le jour J ?

La CCC, c'était pour moi l'occasion de mettre un pied dans l'univers de l'UTMB. Même si le plateau était extrêmement relevé, je savais qu'un top 5 était possible. Comme il est désormais coutume sur les Ultra Trails, j'avais fait la liste de tout le matériel obligatoire, et à part la galère du téléphone portable, tout était prêt. Concernant le téléphone, j'avais passé un temps fou à essayer de télécharger la fameuse application sur mon téléphone, sans succès. Je n'étais pas assez dans l'ère du temps, mon téléphone étant trop vieux, impossible d'installer quoi que ce soit. Mais au moment de récupérer mon dossard, on m'annonce que finalement, l'application n'était pas indispensable. Tout ça pour ça.
Depuis quelques nuits, j'avais le sommeil agité. Pourtant, des courses, j'en avais une quantité dans la besace. On dit toujours qu'il y a le bon stress et le mauvais stress. Celui d'avant course, je le connaissais, pourtant. Pensé-je.
Le matin, en rejoignant Courmayeur, la pression est montée tranquillement. Le monde, les coureurs, les spectateurs, les médias... c'était tout bonnement incroyable. même dans ma carrière de skieur, je n'avais jamais vécu cela. J'avais hâte d'entendre le décompte du départ. Les trente secondes. Puis le quinze. Le coup de sifflet.
La course était lancée. 101, comme les Dalmatiens. 101 kilomètres autour du Mont-Blanc, quelques cols à gravir, de belles vues, de l'émotion, une belle journée, j'espérais vivre toutes ces choses avec légèreté. Pourtant, dès les premiers mètres, j'ai senti qu'il y avait un hic. Un problème de synchronisation entre la tête et le corps.

Je bascule en 14ème position au sommet de la première montée, et dès la relance, mes jambes me paraissent trop grosses, trop lourdes, trop pataudes. J'essaie de me calmer, de faire une descente tranquille, en me persuadant que la course sera longue, que je dois être dans la gestion. Quelques concurrents me dépassent, je mange, je m'hydrate, je me ménage. Les minutes passent, les kilomètres également, et il ne m'en faut pas beaucoup pour comprendre que la journée sera longue. Sur le sentier vallonné qui rejoint le refuge Bonatti, j'ai une première vision de l'abandon. 20km au compteur, je suis 19 ou 20ème, un peu plus de deux heures de course, à ce moment, je n'imagine pas l'enfer qui va suivre. 

Pourtant, tout les ingrédients sont réunis pour la journée parfaite: un ciel dégagé, une température assez fraîche pour un mois d'août, des vues imprenables sur les massifs alentours. Je sais que sur un Ultra Trail, le corps peut être surprenant, et qu'il ne faut pas se fier aux sensations du départ. Au fil des heures, la forme peut venir, je me dis que les sensations médiocres sont dues au régime dissocié, et que bientôt, j'entrerai dans le vif du sujet. Même si je pense à l'abandon, je ne veux pas mettre le clignotant, d'autant plus que Valentin et Cédric m'attendent au premier ravitaillement.

Dans la longue descente qui m'amène vers la Fouly, je me perds une première fois. Pas grand-chose, un petit détour d'une minute, mais assez révélateur de mon manque de vigilance. Je suis ailleurs, j'essaie de convaincre mon corps que tout va bien aller.

24ème à la Fouly. 
Vienent ensuite les 10km de plat descendant avant la remontée sur Champex-Lac. Je ne connais pas, il paraît que c'est joli là-haut. Joli de quoi ? Encore faut-il pouvoir apprécier. J'ai mal aux genoux, mes cuisses tétanisent, je n'en peux plus. Ma tête déraille, je ne veux plus entendre parler de Trail. De courses. De dossards. Je suis au fond du trou, je me perds une nouvelle fois, tant pis, tant mieux, j'avoue qu'en ce moment, je me fous de tout, j'aimerais être partout sauf ici, je me dis que ma carrière de Traileur n'aura pas duré, qu'elle aura pris fin sur un sentier autour du Mont-Blanc... 
(...suite sous peu)

On échange de place? Prendre des photos, c'est un bon job aussi




mardi 17 août 2021

Trail des Hauts Forts (suite)

...J'ai cherché un endroit douillet pour poser ma tente, déballé mon sac pour préparer mes affaires de course, me demandant ce qui m'avait pris de prendre une telle décision. Heureusement, j'avais un peu de rab dans mes ravitaillements, j'avais également emporté, au cas-où, un sac léger avec deux flasques (sachant que sur les formats courts, je prends uniquement un porte-gourde) et aussi une paire de bâtons. Bien m'en a pris. Sauf que je me suis rendu compte en étalant toutes mes affaires qu'il me manquait un élément essentiel, que j'avais malheureusement glissé dans mon sac de randonnée: les chaussettes! Eh oui, je n'avais aucune paire à me mettre aux pieds. Sauf qu'il y avait ma petite étoile qui passait par là, figurez-vous que le lot souvenir offert à chaque participant était... une paire de chaussettes. C'était un jour à jouer au loto.

A dix heures, j'ai éteint la lampe, à onze heures, je l'ai rallumée pour être sûr de n'avoir rien oublié, à minuit, j'ai regardé si j'avais bien changé l'heure de réveil, à une heure, j'ai essayé de compter les moutons, remettant sans arrêt en question mon choix: n'avais-je pas présumé de mes forces en m'inscrivant sur cette longue distance, avec toute la fatigue accumulée des dernières semaines d'entraînement ? Finalement, à deux heures, Morphée a eu raison de moi, j'ai enfin pu fermer les yeux. Trois heures plus tard, la sonnerie du réveil m'a sorti de ma torpeur, j'ai enfilé ma tenue de course, pressé d'en découdre. En mettant mes chaussettes, j'ai une nouvelle fois béni l'organisation d'avoir intégré ce lot souvenir.

Le départ a été donné au moment de l'Angélus, j'étais parti pour une sortie de près de 6 heures, avec 4000 mètres de dénivelé positif. Mes premiers pas ont été prudents, aux alentours de la vingtième place. Je n'ai pas voulu présumer de mes forces, je savais pertinemment qu'une cadence trop rapide transformerait cette bambée en bon traquenard. En haut de la première bosse, j'étais septième. J'ai grapillé deux places dans la descente (oui, vous avez bien lu, dans la descente!). Une autre un peu plus tard, si bien qu'à mi-course, j'avais le podium en ligne de mire. J'ai doublé un concurrent au début de la montée du Col du Fornet. Un type aux épaules bien carrées, qui me semblait en perdition. Je croyais le podium était assuré. Eh bien que nenni. Le concurrent, c'était un coureur de Spartan. Un guerrier, à qui il ne manquait que l'armure. En gros, tout le reste du parcours, j'ai senti son souffle derrière mes baskets. Il n'a pas lâché mes semelles, ni dans les montées, encore moins dans les descentes. Heureusement pour moi, j'ai réussi à faire des descentes honorables (comme quoi, à force de travailler ses points faibles, on progresse!), et même si la dernière montée a été très difficile, j'ai réussi à garder ma place jusqu'à l'arrivée, franchissant la ligne peu avant midi. Je n'avais plus une once d'essence dans le moteur.

Une heure plus tard, c'était le déluge, les éclairs se sont mis à zébrer les montagnes, le ciel nous tombait sur la tête. J'étais au chaud dans un bus, la panse bien pleine, me disant que les éléments s'étaient mis en place comme il le fallait pour que cette journée ne se transforme pas en grosse galère. Côté galère, je ne savais pas que j'allais en vivre une (petite) dès le lendemain à l'occasion de notre itinérance avec les enfants, du côté des sentiers du Mont-Blanc.

Je tire mon chapeau à l'organisation, fantastique. Outre le pack ravito, le lot souvenir, tous les concurrents ont eu le droit à un bon d'achat "repas" à l'arrivée, à faire valoir dans les commerces d'Avoriaz, et même si la course a été arrêtée pour certains à cause des orages soudains, je crois que tout le monde était ravi de mettre le dossard sur ce trail des Hauts Forts.





jeudi 12 août 2021

3ème au Trail des Hauts Forts (1ère partie)

L'invitation datait de plusieurs semaines, pourtant, cinq jours avant l'épreuve, je n'étais toujours pas inscrit. J'hésitais encore sur la longueur à parcourir, j'avais le choix entre le 23, le 40 et le 51km. Je regrettais qu'il n'y ait pas eu un 13km, sans quoi j'aurais opté sans hésiter pour ce format plus court. De toute façon, je m'étais dit que j'irais en mode tranquille, d'autant plus que l'épreuve clôturait un gros bloc volume avec des semaines oscillant entre 30 et 35 heures d'entraînement. Pour la fraîcheur, je repasserais, en témoigne mon dossard improvisé au Kilomètre Vertical de Manigod la semaine précédente, avec 3mn de plus que mes meilleurs passages (soit dit en passant, quel bonheur de pouvoir cracher ses poumons en toute simplicité, sans Pass sanitaire car moins de 50 personnes, un grand mérite à David et à Manigod pour avoir organisé l'épreuve, toujours aussi conviviale).

Alors voilà, j'en étais à "est-ce que, est-ce que pas", optant finalement pour le 23km. De toute façon, j'avais donné mon engagement moral, je ne pouvais plus y couper. Dans la foulée, je devais aller vadrouiller avec les petits, une itinérance de quatre jours quelque part en Haute-Savoie, le lieu restant à définir. Selon la météo, selon la fatigue, selon leur envie, et puis la mienne. D'un côté, j'ai préparé mon sac pour la course, de l'autre, le sac pour la vadrouille. Les culottes des petits dans l'un, short et caleçon dans l'autre, baskets de randonnée dans l'un, celles de course dans l'autre, Cr'oc and Go, Odevie et Fenioux en ravito dans l'un, réchaud, gaz et sac de couchage dans le second... Bref, fallait être bien lucide pour ne pas s'emmêler les pinceaux. Lorsque j'ai tout bouclé pour le départ, j'étais à peu près sûr de n'avoir rien oublié. J'ai quitté le domicile la veille au soir avec mon sac de course, relativement serein. J'ai fait le trajet avec Cédric qui, en plus de la casquette chocolatier et Cr'oc & Go, est fervent amateur de dossards et prenait le départ du 40km. Chemin faisant, nous avons papoté entraînement, compétition, récup, CCC (mon gros objectif de cette fin de mois d'août, raison pour laquelle j'ai enchaîné les heures ces dernières semaines), et au fil de la discussion, j'ai commencé à remettre en question le format de course, j'avais la tête embrouillée, comme quoi, trop parler n'arrange pas le fouillis perpétuel dans ma tête. 

Au moment de prendre mon dossard, à 20 heures le vendredi soir pour un départ le lendemain à 8h30, j'ai demandé si, à tout hasard, il était possible de basculer sur le 51km. On m'a répondu oui, j'ai dit ok. On m'a tendu le dossard, j'ai tendu le bras pour le récupérer. On m'a informé que le départ était à 6 heures, j'ai pensé à ma grasse matinée avortée, j'ai tenté un "euh, finalement, je sais pas si..." mais la personne avait tourné le dos, tirant la grille de fer au passage pour fermer boutique, et j'ai compris qu'il était trop tard pour faire marche arrière...