...J'ai cherché un endroit douillet pour poser ma tente, déballé mon sac pour préparer mes affaires de course, me demandant ce qui m'avait pris de prendre une telle décision. Heureusement, j'avais un peu de rab dans mes ravitaillements, j'avais également emporté, au cas-où, un sac léger avec deux flasques (sachant que sur les formats courts, je prends uniquement un porte-gourde) et aussi une paire de bâtons. Bien m'en a pris. Sauf que je me suis rendu compte en étalant toutes mes affaires qu'il me manquait un élément essentiel, que j'avais malheureusement glissé dans mon sac de randonnée: les chaussettes! Eh oui, je n'avais aucune paire à me mettre aux pieds. Sauf qu'il y avait ma petite étoile qui passait par là, figurez-vous que le lot souvenir offert à chaque participant était... une paire de chaussettes. C'était un jour à jouer au loto.
A dix heures, j'ai éteint la lampe, à onze heures, je l'ai rallumée pour être sûr de n'avoir rien oublié, à minuit, j'ai regardé si j'avais bien changé l'heure de réveil, à une heure, j'ai essayé de compter les moutons, remettant sans arrêt en question mon choix: n'avais-je pas présumé de mes forces en m'inscrivant sur cette longue distance, avec toute la fatigue accumulée des dernières semaines d'entraînement ? Finalement, à deux heures, Morphée a eu raison de moi, j'ai enfin pu fermer les yeux. Trois heures plus tard, la sonnerie du réveil m'a sorti de ma torpeur, j'ai enfilé ma tenue de course, pressé d'en découdre. En mettant mes chaussettes, j'ai une nouvelle fois béni l'organisation d'avoir intégré ce lot souvenir.
Le départ a été donné au moment de l'Angélus, j'étais parti pour une sortie de près de 6 heures, avec 4000 mètres de dénivelé positif. Mes premiers pas ont été prudents, aux alentours de la vingtième place. Je n'ai pas voulu présumer de mes forces, je savais pertinemment qu'une cadence trop rapide transformerait cette bambée en bon traquenard. En haut de la première bosse, j'étais septième. J'ai grapillé deux places dans la descente (oui, vous avez bien lu, dans la descente!). Une autre un peu plus tard, si bien qu'à mi-course, j'avais le podium en ligne de mire. J'ai doublé un concurrent au début de la montée du Col du Fornet. Un type aux épaules bien carrées, qui me semblait en perdition. Je croyais le podium était assuré. Eh bien que nenni. Le concurrent, c'était un coureur de Spartan. Un guerrier, à qui il ne manquait que l'armure. En gros, tout le reste du parcours, j'ai senti son souffle derrière mes baskets. Il n'a pas lâché mes semelles, ni dans les montées, encore moins dans les descentes. Heureusement pour moi, j'ai réussi à faire des descentes honorables (comme quoi, à force de travailler ses points faibles, on progresse!), et même si la dernière montée a été très difficile, j'ai réussi à garder ma place jusqu'à l'arrivée, franchissant la ligne peu avant midi. Je n'avais plus une once d'essence dans le moteur.
Une heure plus tard, c'était le déluge, les éclairs se sont mis à zébrer les montagnes, le ciel nous tombait sur la tête. J'étais au chaud dans un bus, la panse bien pleine, me disant que les éléments s'étaient mis en place comme il le fallait pour que cette journée ne se transforme pas en grosse galère. Côté galère, je ne savais pas que j'allais en vivre une (petite) dès le lendemain à l'occasion de notre itinérance avec les enfants, du côté des sentiers du Mont-Blanc.
Je tire mon chapeau à l'organisation, fantastique. Outre le pack ravito, le lot souvenir, tous les concurrents ont eu le droit à un bon d'achat "repas" à l'arrivée, à faire valoir dans les commerces d'Avoriaz, et même si la course a été arrêtée pour certains à cause des orages soudains, je crois que tout le monde était ravi de mettre le dossard sur ce trail des Hauts Forts.
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