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mercredi 13 septembre 2023

Mon échappée belle - 2ème partie

Une fois l'annonce de la réduction de l'épreuve digérée, nous sommes allés prendre nos quartiers avec Isa. Le réveil était programmé à 3h45. Le seul souci, c'est que notre chambre d'hôtel était sous les combles, qu'il n'y avait pas de clim et qu'il faisait plus de 35 degrés à l'intérieur, sans possibilité de créer le moindre courant d'air. J'avais emprunté une clim transportable au cas-où, mais elle faisait un bruit d'avion, donc inutilisable dans la petite chambre. Ce fut une nuit blanche, j'aurais voulu écrire que j'ai rêvé de cailloux, mais il aurait pour cela fallu dormir. A défaut, j'ai donc pensé cailloux, et plutôt deux fois qu'une. 
Je me suis levé avec les étoiles, le ciel était dégagé, pas l'ombre d'un nuage annoncé. Vizille était en ébullition, les coureurs venaient de partout, certains prolongeaient leur nuit sur un matelas dans le gymnase. Moi, je n'avais qu'une hâte, que le décompte du départ soit donné, dans une touffeur hallucinante. A quatre heures et demie, il faisait déjà plus de 25 degrés. Je savais que la course allait être difficile.
Vint le moment tant attendu: cinq, quatre, trois... La foule est partie en trombe, les deux kilomètres de plat ont été avalés en un rien de temps, à plus de seize à l'heure. Puis les premiers pourcentages sont arrivés. J'avais le sourire aux lèvres, juste heureux d'être là, dossard accroché au short.

Au premier ravitaillement d'Arselle, j'étais en tête. Isa avait galéré pour trouver la route, elle venait tout juste de déballer les affaires. L'aube se levait lentement sur les Belledonne, donnant comme toujours cette atmosphère irréelle des courses au petit matin. Deux minutes d'avance au Lac Achard, j'étais déjà trempé de la tête aux pieds, transpirant comme jamais.


col de la Botte, copyright le Dauphiné


Deux cols et une descente plus tard, j'étais rejoint par un Espagnol. Je ne le savais pas encore, mais nous allions effectuer un chassé-croisé pendant plusieurs heures. Lacs Robert, lac Léama, lac Longet... Le panorama était à couper le souffle, je l'avais encore en mémoire de ma dernière tentative, trois ans auparavant. L'avantage d'un Ultra, c'est qu'on a le temps d'observer malgré l'enjeu de la course. Plus encore sur l'Echappée Belle, qui se court à faible allure, même si à ce moment, le caillou me laissait encore à peu près tranquille.
C'est au refuge de la Pra que les choses sérieuses ont commencé. Et que j'ai eu mon premier coup de fatigue, dans la montée de la croix de Belledonne. Je me suis dit alors: pense à Isa. A son combat de tous les jours, mille fois plus intense que le mien.
En arrivant vers le sommet, un bénévole m'a dit: va toucher la croix, ça porte bonheur. Je ne suis pas très grigri, mais j'ai fait le détour. Je n'étais pas à trente secondes près. Sur la descente, je reviens lentement sur le premier. Au refuge Collet, nous repartons ensemble.

Du caillou, encore du caillou, toujours du caillou. A tel point qu'à certains endroits, il n'y a plus de chemin. On navigue à vue, en zigzagant de gauche à droite, sautant de pierre en pierre, de rocher en rocher. Concentré sur les pieds comme jamais, pour ne pas se faire une cheville.

Physiquement, je piochais dans les montées. Mais pour une fois, les descentes m'étaient salutaires. Ce que je perdais dans les montées, je le reprenais à la descente. En tête, deuxième, en tête, deuxième... Au dernier ravitaillement du Habert d'Aiguebelle, Isa était là, heureusement d'ailleurs, j'ai pu lui piquer un bâton pour remplacer celui que je venais de casser entre deux cailloux.
Plus loin, j'ai entendu une voix derrière moi: "ça te dirait qu'on arrive ensemble?". Mon collègue Espagnol m'avait repris. Nous avions encore près de trois heures de route, près de vingt minutes d'avance sur notre plus proche poursuivant. Nous étions en course, mais moi, finalement, ça m'allait d'arriver à deux.
Col de la Vache, lacs de Sept Laux, tout s'est fait en mode entraînement. Le plus curieux, c'est qu'à partir du moment où nous avons décidé d'arriver ensemble, c'est comme si le corps avait relâché la tension. Les cailloux m'ont paru plus gros, les descentes plus laborieuses. C'est dingue comme le mental peut jouer des tours.
L'avantage, c'est que j'ai pu savourer. Cette première belle victoire sur un grand Trail, qui plus est l'échappée belle. Même avortée. C'était peut-être un fait exprès. Parce que je serai obligé d'y retourner. Pour terminer d'une traite -enfin- la grande traversée. Même si dix minutes après avoir passé la ligne, j'ai eu un très gros coup de chaud, le thermomètre affichant près de trente degrés.

podium avec l'Espagnol Tejada Ocejo
copyright le Dauphiné


Merci à l'organisation pour cette invitation.
Merci Isa pour ton aide malgré les circonstances, cette victoire est aussi la tienne.

mercredi 6 septembre 2023

Mon Echappée Belle - première partie

La première partie, elle remonte à 2020. A cette époque, je me lançais dans l'Ultra. Une première tentative dans les Belledonne. En 2019, je faisais mes premiers pas dans le trail, deux 25km, et puis la SaintéLyon. Et puis... c'était tout.

La suite, vous la connaissez. 125km, et puis le cerveau a disjoncté. Il en avait marre de tous ces cailloux, avalés jusqu'à l'indigestion. Je me suis dit que cette course n'était pas pour moi. Trop long. Trop dur. Les cuissots n'avaient pas tenu, le cerveau avait déraillé. En redescendant du col de la Perche, je m'étais dit: plus jamais. J'en étais convaincu, personne n'allait me faire changer d'avis.

Sauf moi. Trois ans plus tard, la cervelle avait digéré, la douleur avait été oubliée, j'étais de nouveau prêt. Et puis, comme on dit, il n'y que les cons qui changent pas d'avis. En rentrant du Canada, lorsque j'ai vu dans ma boîte mail l'invitation pour remanger du caillou, je n'ai pas hésité longtemps. D'autant plus que je n'aime pas rester sur un échec. Il m'a fallu une minute pour cogiter, la décision était prise, j'allais retenter l'aventure dans les Belledonne. Même si physiquement, j'étais bien loin de mes préparations lorsque j'étais en carrière sportive, le mental était présent: j'avais une solution imparable pour me préparer à la course: faire des chantiers. L'échappée Belle, tout le monde le sait, c'est un véritable chantier. Alors rien de mieux que de continuer dans la lignée: terrassement, coulage de dalle, isolation. J'avais du boulot à la pelle, et rien de mieux que de travailler à l'extérieur en pleine canicule pour me mettre en situation de course.

A coups de pelles et de grandes transpirées jusqu'à l'avant veille au soir, j'étais fin prêt pour ma bambée. Pour ne rien laisser au hasard, je suis quand même allé reconnaître le dernier morceau avec Cédric, mon chocolatier préféré et fournisseur de Cr'oc&Go. Un petit 50 bornes pour savoir à quoi allait ressembler l'arrivée à Aiguebelle.


Attention, photo codée... Allez-vous réussir à la décripter?...


En arrivant à Vizille, la veille de l'épreuve, le thermomètre affichait 42 degrés. Même si la météo annonçait quelques orages, j'étais assez confiant sur le déroulement de la course. Le premier coup de tonnerre est pourtant arrivé très tôt: à 18 heures, l'organisation annonçait une épreuve raccourcie. Les prévisions étaient plus mauvaises que prévues, et il fallait jouer la sécurité. Une décision difficile à prendre, mais il fallait en prendre une et tout le monde le sait, il faut savoir rester humble devant les forces de la nature.

Une course réduite de moitié, mais la plus belle moitié, et probablement la plus dure. De toute façon, ça ne changeait rien pour moi, j'étais prêt à en découdre, d'autant plus qu'Isa avait accepté de m'accompagner pour encouragements et ravitaillements. J'avais là mon assistance personnelle de choc.