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dimanche 29 mars 2020

confinement: page 11

[...]

Sabrina remet l'éponge sur le bord de l'évier, regarde si tout est en place. Elle tient à ce que ce que la cuisine soit à peu près propre au moment d'aller se coucher, se lever avec du bazar lui donne le cafard. Pas évident avec les enfants qui mettent tout sens dessus-dessous chaque jour. Jeanne commence à faire attention, elle est relativement ordonnée, malgré son jeune âge. Par contre, Louise, c'est une autre paire de manches. Il faut sans arrêt être derrière elle, l'obliger à ranger ce qu'elle a sorti précédemment.

On va toujours chez tes cousins, ce week-end ?
Yoann ne dit rien, il regarde le plafond de la chambre, allongé sur le dos, les bras croisés derrière la tête. Sabrina est allongée contre lui, elle lui caresse tendrement le cou. Il ne répond pas, il est pensif.
Ce serait bien qu'on ait aussi un moment tous les deux. Hier, j'ai rêvé d'une semaine rien que pour nous. Tu m'avais emmenée voir les châteaux de la Loire, et nous faisions du vélo le long du fleuve. Au réveil, j'étais encore en train de sourire, et cette sensation de bien être ne m'a pas quittée de le journée. Je me suis dit que ce serait bien qu'on ait des vacances à nous, juste toi et moi. Tu pourrais demander à tes parents ?
Il réfléchit à sa question, se demande depuis combien de temps ils n'ont pas eu des vacances sans les filles. Sans avoir à préparer à manger, à lire des histoires, à occuper le temps et l'espace des filles, au moins pendant deux jours. La naissance de Jeanne ? Avant ?
Désormais, ils peuvent s'octroyer des sorties cinéma, un restaurant, Aurore garde ses deux sœurs pendant la soirée. 
Effectivement, ce serait bien, avoir un véritable tête à tête, flâner au lit le matin sans avoir à s'occuper des deux dernières, ne pas avoir de cris pendant une journée, parce que les filles se chamaillent, que l'une veut le jouet de l'autre, que tout à coup, elles ont décrété qu'elles ne s'aiment plus, que Louise n'est plus sa copine, que Jeanne vient alors en pleurs, qu'il faut la consoler.
Aurore prend souvent ses deux sœurs dans sa chambre, elle sait les canaliser, leur donnant du travail à faire. Un dessin, un jeu de construction, des origamis. Elle est devenue un troisième pilier pour la famille, et les parents la remercient de son soutien. Leurs grands-parents appréhendent de les garder, Louise et Jeanne sont trop énergiques, mais elles ont changé, grandi, et il est indéniable que la présence de l'aînée sera rassurante pour eux.
Je les appellerai, concède-t-il. Je pense qu'ils seront d'accord.
Ce serait chouette, murmure-t-elle. Nous pourrons faire des énormes grasse matinée. Et puis aussi nous balader tout nu dans notre logement, sans avoir peur qu'une paire d'yeux nous observe, fait-elle en descendant sa main le long de son torse.
Ah, si tu me prends par les sentiments, je ne leur proposerai pas, je leur imposerai.
Il rabat la couverture sur elle d'un geste brusque et poursuit le jeu qu'elle vient de lui suggérer.

*

L’hiver était une période difficile pour Henriette. Les jours courts, le peu de luminosité, les brouillards parfois persistants… Depuis peu, la météo avait une influence sur son moral, c’était indéniable. Il fut un temps où elle avait aimé cette saison froide et enneigée, mais depuis bon nombre d’années, le manteau neigeux se faisait désirer. Il n’y avait qu’à éplucher son petit carnet à spirales pour s’en rendre compte. C’était une manie chez elle, héritée de son père. Chaque jour, elle notait les températures au lever, à midi, au coucher, la pluviométrie, la quantité de neige au sol lorsqu’elle s’arrêtait de tomber. Elle faisait des courbes, des statistiques, elle jouait avec les nombres.
Et puis la neige était si belle, lorsqu’elle recouvrait le paysage de sa fourrure glacée. Elle donnait une seconde vie, éphémère, à la nature austère, aux arbres décharnés, à l’herbe brûlée par les gelées matinales.



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