C'est
étrange, ce qui se passe dans un cerveau. Le cheminement des
pensées, l'incapacité à changer lorsque l'on est ancré dans un
fonctionnement, le manque de recul.
Le
cerveau, organe le plus complexe du corps humain, un kilo trois cents
grammes de mystères. J'essaie d'apprivoiser le mien, ce n'est pas
toujours évident, mais je suis sur la bonne voie. J'arrive à
m'aimer (un peu), c'est un bon début.
Si
comprendre le nôtre est une lourde tâche, comprendre celui des
autres est impossible. Hier, des devantures de magasins (parisiens)
asiatiques ont été taguées : « dégage, coronavirus ».
J'ai
lu ce même genre de messages, nous les avons tous lus, appris,
récités lors de cours d'histoire, dans les livres, dans les récits.
Les noirs se sont battus pour leur liberté, au prix de nombreuses
vies. Une guerre a éclaté dans le Monde, elle est encore jeune,
morte au milieu du siècle dernier. Les juifs étaient affublés
d'une étoile, raillés d'abord, molestés ensuite, déportés
finalement puis exterminés.
Le
virus vient d'envahir nos frontières et plutôt que de lui faire la
chasse, certains font la chasse à l'homme. Les chinois se font
insulter dans les transports en commun. Certains disent que c'est de
leur faute. Le commerce d'animaux sauvages en serait la cause.
Beaucoup de conditionnel, mais le débat est-il le bon ? Ne
devrait-on pas pointer du doigt les terres que l'on préempte, les
barrages que l'on construit, la nature qu'on abîme pour mieux nous
servir ?
Se
soucie-t-on des forêts surexploitées, des mers vidées de leurs
poissons, des loups ou des ours tués ?
Aujourd'hui,
nos comportements changent, nous délaissons les grandes surfaces
pour les commerces de proximité, nous achetons davantage de produits
biologiques, mais ces changements sont-ils pour notre bien être
personnel ou pour la planète ? J'aimerais savoir, lire ce qui
se passe dans la tête des gens pour avoir une réponse à cette
question.
Ce
virus est un message, nous modifions la planète très rapidement et
nous n'avons pas le temps de nous adapter.
Il
faudrait probablement accepter de ne plus réguler les autres
espèces, laisser la faune et la flore s'exprimer, ne plus les
exploiter pour des richesses quelconques, pour des crèmes pour le
visage, pour une qualité gustative, pour un caprice sur un vêtement.
Je
lève les yeux, au-dessus de mon lit, j'ai noté une phrase qui m'a
marquée : « nous n’héritons pas de la Terre de nos
ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ».
Je
la trouve belle, elle a du sens, pour moi. J'espère qu'elle en a
aussi pour beaucoup d'entre nous. Parce que la mort, encore elle, est
devant chacun de nous, personne ne sera épargné. Il ne faut pas
nous précipiter. Il faut vivre, toujours, pleinement, sans nous
soucier de demain, mais sans oublier que demain se construit
aujourd'hui.
Le
mur est devant, à portée de main.
Ralentissons
avant de nous écraser dessus.
Ralentissons
vite.
*
Jules s'était réveillé pendant la nuit avec un mal de tête. Il
s'était mis à hurler, Sandra s'était levée en sursaut pour aller
voir ce qui se passait.
Elle était allée prendre du paracétamol dans l'étagère à
pharmacie. Elle était en colère contre Bertrand qui n'avait pas
levé un sourcil, qui dormait encore paisiblement sans s'inquiéter
de la santé de leur fils.
Elle lui reprit la température, il avait plus de 38 de fièvre. Elle
lui donna le médicament et le berça en lui chantant un berceuse.
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