Il y a tout d'abord le
décompte, lent et régulier, qui précède le coup de sifflet. Le
moment d’effervescence, où la foule se désorganise. Mettre en
place les gestes, doucement. Un pied devant l'autre, en s'obligeant à
le faire avec lenteur.
Les montres se sont
enclenchées, le compte à rebours est lancé, c'est la course contre
l'autre, contre soi-même. La pente augmente rapidement, tout le
monde essaie d'accorder sa respiration au rythme des pas. Je
m’attelle à la tâche avec succès. Du moins, pendant les cinq
premières minutes. Ensuite, je sens la première goutte de
transpiration perler sur ma joue. Rapidement accompagnée par une
deuxième. La pente augmente encore et contredit ma foulée qui
aimerait faire de même.
J'essaie de regarder le
paysage, mais lorsque je n'arrive plus à quitter les yeux de mes
pieds, je sais que je vais traverser une mauvaise passe. La suite, je
la connais par cœur. Le pouls aussi rapide qu'une formule1 alors que
j'avance comme une tortue. Je me traîne, je suffoque, j'ai les
jambes dures, j'en bave. J'essaie de penser à autre chose, au temps
qu'il fait, mais il fait trop chaud et ça ne m'aide pas. Je pense
aux dernières musiques que j'ai écoutées, mais quand « la
danse des canards » commence à tourner en boucle dans ma tête,
je comprends que ce n'est pas la bonne technique.
Je sens que je vieillis
au fil des kilomètres. En à peine quinze minutes, je suis passé du
stade de solide gaillard à celui de sordide vieillard. J'ai le buste
plié en deux, mal partout, la respiration courte, et j'avance à
deux à l'heure.
Vient ensuite le moment
où ma tête me lâche, où je me demande ce que je fais dans cette
galère, et quand c'est qu'on arrive, c'est encore loin, là ?
Où je disjoncte, où je radote, je me dis plus jamais, plus jamais,
plus jamais...
Et puis j'arrive, enfin.
Halte salvatrice, instant libérateur, je suis sauvé. Mon cœur bat
encore, mon corps vit encore, je reprends mes esprits, je me calme,
tout va bien. Je pense encore à mon « plus jamais ».
C'était dur, hein, quand
même ?!
Au bout de cinq minutes,
je relativise et me dis que finalement, pas tant que ça.
Dix minutes plus tard, je
rigole avec les autres concurrents. Oui, à vrai dire, c'était bien
marrant ce petit moment (et j'ai la rime facile).
Et le soir, de retour à
la maison, je regarde mon chrono et j'ai la certitude que je peux
mieux faire. J'ai déjà hâte et je me dis : vivement le
prochain !
Hello,
RépondreSupprimerJ'ai lu ta nouvelle et résultat, je me suis chanté la danse des canards durant toute ma sortie course ... mdr :)
Tu verras, à force te la passer en boucle, on finit par la connaître par coeur ;o)
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