Cette année encore, pour ne pas déroger à la règle, nous avions envisagé un petit périple à pied. Sac à dos, tente, sac de couchage, popote, tout le truc du parfait petit marcheur. Le bouquin de la France s'était arrêté à la page du Beaufortain. Débarassés de nos deux petits monstres, baskets aux pieds, nous étions prêts pour quatre jours de galère. Euh, non, de belle randonnée.
Jusqu'à présent, l'été avait été plutôt sec. Enfin, carrément sec. Un coup d'oeil sur la météo, des orages étaient annoncés en fin de journée, mais ce n'était pas quelques gouttes qui allaient nous empêcher de mettre un pied devant l'autre. D'autant plus que tout le monde sait qu'il ne faut pas se fier à la météo. C'est ce que je ne cessais pas de répéter à Isa pour la motiver.
Bien sûr, pour me faire mentir, c'était le déluge à la mi-journée. Après deux cols gravis en moins de temps qu'il ne faut pour le dire (élevé au carré de l'hypthénuse de la plus grande des médiatrices), nous sommes au pied du Lac de Roseland. Normalement, nous devons emprunter un bout du Gr5, mais je vois un semblant de chemin sur la carte.
-Tu es sûr ? me fait Isa.
-Je suis né avec une boussole dans la tête, t'inquiète.
Une heure plus tard, nous tentons une escalade dans la copie de la forêt Amazonienne, dans une pente à 60%. Je prends un peu d'avance et je fais passer la pilule en annonçant, triomphant, qu'une jungle de framboisiers nous attend sur le replat juste au-dessus.
J'ai toujours eu du mal avec les demi-tours, alors on a fini par retrouver notre chemin. Les baskets trempées, les chaussettes éventrées, les jambes en sang. Mais on y est arrivés.
Il a fallu ensuite chercher un lieu de bivouac. A dix-sept heures, il y en avait un absolument magique, juste en face du lac. Presque les pieds dans l'eau. Un joli coin de paradis avec de l'herbe bien grasse, un sol parfaitement plat, pas trop dur. Mais, vu qu'il y a toujours un "mais", il n'était que 17 heures. Nous n'étions qu'à la moitié du lac et dans notre plan de base, nous avions prévu d'arriver au bout de l'étendue d'eau. Alors nous avons continué, persuadés que l'avenir nous réserverait encore meilleur accueil.
Dans nos rêves. Deux heures plus tard, nous nous contentions du "moins pire" pour installer notre camp de manouche.
Les joies de l'aventure.
J'avais minutieusement étudié la carte. Je savais que le lendemain, nous allions passer à côté d'un site préservé. J'avais prévu un lever aux aurores, il nous fallait être les premiers au lac d'Amour.
Profiter d'un moment en... tête-à-tête, si je puis dire.
Manque de bol, je ne devais pas être le premier à avoir ce genre d'idée. Un arrêté préfectoral avait sévi. ,Brecouilledouille, il a fallu continuer son chemin.
Gravir des cols. D'autres cols. Et puis encore d'autres cols. Descendre, pour remonter encore. Remonter, pour redescendre encore. Des heures et des heures de marche, arriver éreintés à la fin de la journée, prendre des bains glacés dans les rivière. Manger du Lyophilisé. Allez, on ne va pas se plaindre, on avait la bouteille de gaz et le brûleur pour faire chauffer. Il y a quatre ans, j'avais oublié le brûleur. On avait alors pu constater que la polenta ne gonfle pas dans de l'eau froide.
Quatre jours. Quatre jours à arpenter les chemins du Beaufortain. Et vu qu'on est tous les deux bien maso, on a choisi d'agrandir notre tour, de faire des variantes, de pousser dans la Tarentaise.
Après des jours de marche, les guiboles courbaturées, j'ai eu la bonne idée de proposer à Isa de rallonger encore un peu. Isa a accepté. Je pense qu'elle avait égaré son bon sens dans la dernière montée.
Et nous voilà dans une interminable montée, au pied du Mirantin, à constater que le ciel se couvre légèrement. Lentement. Mais sûrement. A chaque fois que nous croyons toucher au but, un autre sommet se profile au bout du chemin.
Et enfin, nous arrivons au dernier col du jour. C'est là que ça devient marrant. Jusqu'à présent, notre rando avait été un peu monotone. Des cols, des traversées, des jolies vues, mais toutes les montagnes se ressemblent, hein ! Donc voilà, arrivés à notre fameux dernier col, les jambes perclues de courbatures, une goutte s'est écrasée sur ma main. Une autre sur le front d'Isa. Une troisième un peu plus loin. Je suis un peu bourrique, et Isa aussi. On hausse les épaules, on se dit que ce n'est pas trois gouttes qui vont nous faire peur, une averse passagère, comme le dirait le dicton, pas de quoi casser trois pattes à un canard.
Une minute plus tard, c'est le déluge. Mais il est trop tard pour enfiler une veste. Allez, un peu de contraste avec la sécheresse de l'été.
C'est lorsque la grêle vient nous fouetter le visage et le cou que l'on se dit qu'on aurait peut-être dû réfléchir un peu avant.
Il pleut des seaux d'eau, à tel point que je ne serais pas étonné de voir Noé passer dans le coin avec une arche improvisée. Pour couronner le tout, le brouillard s'invite dans la partie.
Bon, en tout cas, la vue est absolument splendide.
Bien qu'on ne croise pas Noé, on trouve M. Seguin lors de notre descente sur Beaufort, et même qu'Isa réussit à décongeler durant la nuit dans notre tente et apprécie le lever de soleil.
On arrive finalement à bon port le quatrième jour, notre boucle est bouclée. Il va falloir attendre un an avant nos prochaines aventures à pied. Je suis sûr que vous avez déjà hâte de les lire!
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