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lundi 12 mars 2018

L'engadine

L'Engadine a quelque chose de particulier.
Peut-être cette grande vallée plate, abritant d'immenses lacs gelés. Les skieurs arrivant en raz-de-marée, plus de 14 000 à passer le portillon de départ. 
Dès le coup de fusil, les compétiteurs s'élancent, des lignes se forment, se désagrègent au rythme des vagues. La tension est à son comble, les batons cassent comme du verre, les chutes sont nombreuses, chacun veut se placer en tête de peloton sans jamais vouloir mener, profiter de l'aspiration de celui qui le précède et garder à tout prix sa place. Si un vient à doubler, ils seront quinze à profiter d'un trou de souris.
La première montée égrenne la meute, qui se reforme en une cinquantaine de coureurs dès le retour du plat, long, interminable. A affronter bien souvent les rafales de vent. A attendre les derniers kilomètres pour s'exprimer. 
Il faut alors de nouveau éviter les chutes, les bris de bâton. 
Et bien souvent, personne ne réussit à s'extraire, il faut s'en remettre à la chance, à un petit coup de rein, à un coup de pouce du destin qu'il faut aussi savoir provoquer.
Mettre sa dernière cartouche au moment propice, et croiser les doigts jusqu'à l'arche d'arrivée.
Parfois, ça passe. Et ça ne tient à rien.
A quelques fractions de secondes. 
C'est l'Engadine.
Il m'aura manqué à peine 6 secondes cette année encore. 
6 secondes de trop, mais je suis joueur, je retenterai ma chance. Encore et encore.


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