Je le dis toujours, une bonne préparation est essentielle pour une faire une bonne performance.
Le week-end dernier, c'était la fête de l'école. Vous savez, ce type de fête où pendant deux heures, les enfants essaient de chanter. Essaient de danser. Vous, vous essayez de pas trouver le temps long, et au bout de deux heures de calvaire, quand les applaudissements s'uniformisent genre "une autre", tous les parents se regardent en se disant "Mon Dieu, ils vont pas recommencer ?!".
Je m'étais proposé gentiment de donner un coup de main pour la préparation, et la veille au soir de la fête, j'entends deux filles qui parlent de dormir sur place, dehors, pour garder le matériel. Au cas-où des petits marrants viendraient piquer ce qu'il y avait dehors. J'ai toujours rêvé de jouer les supermâles, alors je lève le doigt pour être ce super homme. Elles me toisent, silence gêné, puis me disent "écoute, on va réfléchir". Deux heures plus tard, elles reviennent vers moi, me disent que c'est bon tout en soufflant qu'elles n'ont trouvé personne d'autre pour s'y coller.
Je ne sais pas comment il fallait le prendre, qu'importe, à 23h, j'étais dans mon sac de couchage à la belle étoile. Ce à quoi je n'avais pas pensé, c'est qu'on était en pleine canicule, qu'il faisait au moins vingt degrés dehors, et que dans mon sac de couchage confort par -20°, c'est un peu comme si j'étais à l'arrivée d'un marathon, j'étais complètement en nage en un rien de temps. A une heure du matin, j'ai enlevé le T-shirt, à deux heures, le short, et à trois heures, j'ai enfin réussi à fermer l'œil.
A quatre heures, j'entends gueuler, en moins de deux, je suis au garde-à-vous dans la rue, juste armé de mon caleçon. Je descends voir ce qu'il se passe, deux lascars bien éméchés sont arrêtés au bord de la route.
-Il y a un souci ? je demande gentiment en bombant le torse.
Le ton monte, je débombe le torse, je leur dis qu'ils ont de la chance que je sois pas deux. Ma remarque les fait rire, ils me disent que je suis un vrai petit comique et finissent par partir.
Un vrai petit comique. Leur remarque résonne dans ma tête, je me dis en me recouchant que je dois avoir un véritable talent caché. J'arrive à somnoler jusqu'à 5h30, heure à laquelle le chien d'à côté se met à aboyer sans discontinuer.
Je remballe mes affaires au petit matin, la journée passe, je suis à l'Ouest, ce qui me permet de ne pas voir le spectacle passer. Ensuite, c'est corvée frites saucisses. J'enfile ma tenue du parfait cuisinier, et je vais aux fourneaux.
Je me débrouille à peu près bien, je transforme juste quelques saucisses en morceaux de charbon (qu'il faut ensuite manger, car rien de se perd) et pour les frites, je les goute régulièrement pour être sûr qu'elles soient bien cuites.
La soirée avance, je suis au bord de l'indigestion de charbon et de frites trop grasses, et l'odeur d'huile me colle sérieusement à la peau. A ce moment, je vois un petit qui commence à chaparder des frites. Je baisse la tête.
-eh, le gnôme...! je commence.
"Y'a un problème ?"
Lentement, je relève la tête.
-Monsieur ? je dis.
-Merdeux ? me répond-il.
C'est le père du gnome. Une baraque (à frites). J'essaie de le détendre en lui disant que c'est très subtil, ça rime. Monsieur, Merdeux... Voyant que ça ne marche pas, j'essaie de faire diversion. Je parle des sachets de frites. Préfrites, plus exactement. Je lui dis que c'est drôle ce jeu de mots, parce que frites vient du verbe frire, qui au participe passé pourrait se dire...
-Il veut une baffe le bouseux ?
Il commence à tendre sa main, que je regarde avec surprise. Sa main, c'est au moins deux fois la mienne, aussi grande qu'un tamis de raquette de tennis.
Avant de voir ma tête décoller à 200km/h, je lui annonce que depuis 2016, les giffles, claques et fessées sont interdites par la loi.
-Et un pin dans ta gueule, c'est interdit aussi ?
Je pense à cet instant à mon talent caché.
-Je sais pas, faudrait demander au boulanger.
Silence.
-Pin. Pain...
Silence.
J'utilise alors mon seul talent pas caché, je fais demi-tour et je prends les jambes à mon cou.
A 23h, enfin, je suis au lit.
Le réveil sonne à 7h. Dimanche, jour de course. Je me décide à y aller à vélo. Réflexe écolo. Au passage, je récupère un ami voisin, qui a sympathiquement proposé de m'accompagner jusqu'au départ de la course. Il y avait 25km pour y aller, un peu de dénivelé. Un bon échauffement en perspective.
Sauf qu'en arrivant au départ de la course, j'étais déjà cramé et desséché comme un raison sec.
Coup de sifflet, départ. Parti sur ma lancée, j'étais déjà en sprint au bout d'un kilomètre, et la langue pendante au bout de deux. Tout du long, j'avais les reflux de charbon et d'huile des frites.
Bien sûr, j'ai terminé, il n'y avait même pas 20km au compteur.
Sauf qu'après, il a fallu rentrer. J'étais occis. Un petite m'a doublé en trottinette dans un faux plat montant en m'encourageant.
-Allez Monsieur !
Donc, traileurs, traileuses, si vous voulez être performants sur une épreuve sportive, ne faites surtout pas ce que je fais.
Et encore moins ce que je dis.