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jeudi 26 juin 2025

Victoire au trail du Salève, genèse d'une performance

Je le dis toujours, une bonne préparation est essentielle pour une faire une bonne performance.
Le week-end dernier, c'était la fête de l'école. Vous savez, ce type de fête où pendant deux heures, les enfants essaient de chanter. Essaient de danser. Vous, vous essayez de pas trouver le temps long, et au bout de deux heures de calvaire, quand les applaudissements s'uniformisent genre "une autre", tous les parents se regardent en se disant "Mon Dieu, ils vont pas recommencer ?!".

Je m'étais proposé gentiment de donner un coup de main pour la préparation, et la veille au soir de la fête, j'entends deux filles qui parlent de dormir sur place, dehors, pour garder le matériel. Au cas-où des petits marrants viendraient piquer ce qu'il y avait dehors. J'ai toujours rêvé de jouer les supermâles, alors je lève le doigt pour être ce super homme. Elles me toisent, silence gêné, puis me disent "écoute, on va réfléchir". Deux heures plus tard, elles reviennent vers moi, me disent que c'est bon tout en soufflant qu'elles n'ont trouvé personne d'autre pour s'y coller.
Je ne sais pas comment il fallait le prendre, qu'importe, à 23h, j'étais dans mon sac de couchage à la belle étoile. Ce à quoi je n'avais pas pensé, c'est qu'on était en pleine canicule, qu'il faisait au moins vingt degrés dehors, et que dans mon sac de couchage confort par -20°, c'est un peu comme si j'étais à l'arrivée d'un marathon, j'étais complètement en nage en un rien de temps. A une heure du matin, j'ai enlevé le T-shirt, à deux heures, le short, et à trois heures, j'ai enfin réussi à fermer l'œil. 
A quatre heures, j'entends gueuler, en moins de deux, je suis au garde-à-vous dans la rue, juste armé de mon caleçon. Je descends voir ce qu'il se passe, deux lascars bien éméchés sont arrêtés au bord de la route. 
-Il y a un souci ? je demande gentiment en bombant le torse.
Le ton monte, je débombe le torse, je leur dis qu'ils ont de la chance que je sois pas deux. Ma remarque les fait rire, ils me disent que je suis un vrai petit comique et finissent par partir.
Un vrai petit comique. Leur remarque résonne dans ma tête, je me dis en me recouchant que je dois avoir un véritable talent caché. J'arrive à somnoler jusqu'à 5h30, heure à laquelle le chien d'à côté se met à aboyer sans discontinuer.
Je remballe mes affaires au petit matin, la journée passe, je suis à l'Ouest, ce qui me permet de ne pas voir le spectacle passer. Ensuite, c'est corvée frites saucisses. J'enfile ma tenue du parfait cuisinier, et je vais aux fourneaux.
Je me débrouille à peu près bien, je transforme juste quelques saucisses en morceaux de charbon (qu'il faut ensuite manger, car rien de se perd) et pour les frites, je les goute régulièrement pour être sûr qu'elles soient bien cuites.
La soirée avance, je suis au bord de l'indigestion de charbon et de frites trop grasses, et l'odeur d'huile me colle sérieusement à la peau. A ce moment, je vois un petit qui commence à chaparder des frites. Je baisse la tête.
-eh, le gnôme...! je commence.
"Y'a un problème ?"
Lentement, je relève la tête.
-Monsieur ? je dis.
-Merdeux ? me répond-il.
C'est le père du gnome. Une baraque (à frites). J'essaie de le détendre en lui disant que c'est très subtil, ça rime. Monsieur, Merdeux... Voyant que ça ne marche pas, j'essaie de faire diversion. Je parle des sachets de frites. Préfrites, plus exactement. Je lui dis que c'est drôle ce jeu de mots, parce que frites vient du verbe frire, qui au participe passé pourrait se dire...
-Il veut une baffe le bouseux ?
Il commence à tendre sa main, que je regarde avec surprise. Sa main, c'est au moins deux fois la mienne, aussi grande qu'un tamis de raquette de tennis.
Avant de voir ma tête décoller à 200km/h, je lui annonce que depuis 2016, les giffles, claques et fessées sont interdites par la loi.
-Et un pin dans ta gueule, c'est interdit aussi ?
Je pense à cet instant à mon talent caché.
-Je sais pas, faudrait demander au boulanger.
Silence.
-Pin. Pain...
Silence.
J'utilise alors mon seul talent pas caché, je fais demi-tour et je prends les jambes à mon cou.
A 23h, enfin, je suis au lit.
Le réveil sonne à 7h. Dimanche, jour de course. Je me décide à y aller à vélo. Réflexe écolo. Au passage, je récupère un ami voisin, qui a sympathiquement proposé de m'accompagner jusqu'au départ de la course. Il y avait 25km pour y aller, un peu de dénivelé. Un bon échauffement en perspective.
Sauf qu'en arrivant au départ de la course, j'étais déjà cramé et desséché comme un raison sec.
Coup de sifflet, départ. Parti sur ma lancée, j'étais déjà en sprint au bout d'un kilomètre, et la langue pendante au bout de deux. Tout du long, j'avais les reflux de charbon et d'huile des frites.
Bien sûr, j'ai terminé, il n'y avait même pas 20km au compteur.
Sauf qu'après, il a fallu rentrer. J'étais occis. Un petite m'a doublé en trottinette dans un faux plat montant en m'encourageant.
-Allez Monsieur !

Donc, traileurs, traileuses, si vous voulez être performants sur une épreuve sportive, ne faites surtout pas ce que je fais.
Et encore moins ce que je dis.



mercredi 4 juin 2025

MaxiSouffrance à la MaxiRace

Pour cette édition, tout comme celle de l'an passé, Titouan, cycliste au long cours et coach du ski club des Dragons d'Annecy, avait accepté de m'accompagner pour l'aventure. Parce que s'occuper des ravitaillements, c'est une chose, mais le faire à vélo en prenant tout le paquetage avec soi, c'en est une autre.


Titouan et son paquetage


Le départ de cette édition était fixé à 2h15 du matin. Autant dire que la nuit a été quasi inexistante. Il y avait du stress autour de cette aventure, et même si quelques voyants clignotaient orange concernant la forme, il en fallait bien plus pour m'empêcher d'être à mon 3ème départ d'affilée pour cette édition qui s'annonçait chaude. J'avais encore en tête 2024 et le plaisir pris quasiment tout au long de la course. 
Je m'attendais à souffrir.
J'ai réussi à fermer l'œil (et même les deux) une bonne heure. Ensuite, il a fallu aller au charbon.

Toujours la même adrénaline au moment du départ. La nuit noire, la foule, l'effervescence, la sono, la folie douce...
J'ai trouvé ma place dans le sas de départ, et quelques instants après le coup de sifflet, l'immense troupe d'illuminés -frontale vissée au casque- cheminait le long des berges du lac.
Contrairement aux années précédentes, je n'ai pas cherché à suivre la tête de course lors de la montée du Semnoz.
A quatre heure du matin, j'ai retrouvé Titouan, le SEUL ravitailleur à être monté au Semnoz à vélo. Sur les crêtes, les premières lueurs du jour venaient bousculer la nuit. Je poursuivais l'avancée à mon rythme, aux alentours de la quinzième place. J'avais l'impression de gérer. Ce que je ne savais pas à ce moment, c'est que je ne pouvais pas aller plus vite.


Il y a eu ensuite Saint-Eustache, le col de la Cochette, Entrevernes... Jambes lourdes et l'impression de plafonner. A chaque passage de route, Titouan venait m'encourager, nous vivions tous les deux notre aventure, partagée en divers endroits de la course.


J'ai très vite été en difficulté, et j'ai eu bien du mal à canaliser ma tête, afin qu'elle ne suive pas les travers du corps.
J'ai pris la course kilomètre après kilomètre, pas après pas, sachant qu'il allait falloir faire abstraction du résultat final. Je n'étais pas en capacité cette année de jouer aux avants postes.
A Montmin, Titouan était de nouveau là, banane vissée de part et d'autre du visage. Il m'a proposé de jouer le maillot du meilleur grimpeur au chalet de l'Aulp. J'étais sûr de gagner, la route bitumée n'allait pas jusqu'en haut.




Pourtant, dans les lacets de la route forestière, au milieu des alpages, j'entends quelqu'un me brailler dessus "10 secondes d'avance". Je lève la tête, l'énergumène était là, juste au-dessus de moi.
J'ai tout donné, mais au col, j'ai dû m'avouer vaincu. Je n'ai pas osé lui proposer une revanche, plus haut sur le roc Lancrenaz. Il aurait encore été capable de prendre son vélo avec tout le bardage sur son dos et me poser un sac (attention, poser un sac, dans le jargon sportif, n'est pas laisser un sac au milieu du parcours mais veut dire "faire une attaque" (re-attention,  "faire une attaque", dans le jargon sportif, n'est pas un problème cardiaque, mais une accélération nette pour déposer un concurrent...)).
Ça y est, je vous ai perdus. Et moi aussi. Perdu dans mon combat contre moi-même et contre l'UltraTrail. Car il faut bien l'avouer, là, je me suis dit que j'en avais Ultra Marre.
Donc, j'en étais au Roc Lancrenaz, le point haut du parcours versant Est, navigant toujours aux alentours du top 15.


Montée du Veyrier (merci Guillaume pour la photo)


J'ai poursuivi mon petit bonhomme de chemin sur la descente d'Alex. 25 bornes à tenir. Ne me resterait plus que le Veyrier, dernier morceau cassant, avec ses cailloux rendant la progression difficile.
A Menthon-Saint-Bernard, je retrouve toute ma petite famille, des amis sont venus également prêter main forte au ravitaillement. 
Titouan, bien entendu, était arrivé avant moi. Pourtant, j'avais tout fait pour essayer de grapiller du temps, essayant de faire une descente au maximum de mes capacités. A peu près à deux à l'heure, mais des fois, faut pas faire la fine bouche. 
Sauf que le bougre m'avait chipé les trois sprints intermédiaires.

La planche à ravito "fait main", déroulée sur le vélo

Au ravito, j'ai avalé du jus de cornichons et du jus de betterave. On m'aurait dit ça il y a dix ans en arrière, je me serais bien marré. Bientôt, ce serait tripes et marmelade de cerveau. D'ailleurs, parlant du mien de cerveau, il n'était plus trop présent, la chaleur et l'exercice finissaient d'en fondre les quelques neurones restant.


J'ai attaqué le dernier morceau, un Veyrier dont je ne voyais pas le bout. Bien entendu, j'y suis arrivé. J'ai fait ensuite ma descente jusqu'à Annecy. Titouan étant encore là. Il n'allait pas lâcher le morceau. Je lui ai proposé quitte ou double, c'était à qui franchirait la ligne d'arrivée en premier.


crédit photo Guillaume Crétinon



Dans le Veyrier

Pas de bol pour lui, le dernier tronçon était interdit aux vélos.
J'ai filé sous l'arche. Un kilomètre. C'est là que j'ai retrouvé mes enfants. Frais comme des gardons, ils m'ont eu au sprint final. 




J'allais pas gagner grand chose aujourd'hui, hormis du jus de chaussettes. J'avais les pieds qui commençaient à bien macérer dans les chaussures. Mon corps en avait eu sa dose. 
Passé la ligne, je suis resté bien trente minutes avachi sur la table du ravitaillement, au bord du malaise.
C'était pas ma journée.
Et décidément, faut vraiment être timbré pour se mettre dans des états pareils.
Le pire dans tout ça, c'est que je vais re-signer. Pas de doute, le trail dézingue le cerveau. Et ça, c'est une certitude.

En lien la superbe vidéo concoctée par Titouan: