Il fait nuit noire, il est cinq heures du mat. Environ 4 degrés. J'ai dormi dans la voiture, et là, j'attends sagement qu'on me donne mon dossard. La personne en face de moi regarde ma carte d'identité, regarde ensuite sur sa feuille le numéro de dossard attribué, numéro 460. Les dossards étant triés dans l'ordre croissant, elle va rapidement dans le milieu du tas, trouve le 458, le 465 (les autres ont déjà été distribués), mais pas de 460. Bon, elle élargit la recherche, passe en revue tous les 400 restants, puis élargit encore à tous les dossards. Cinq minutes plus tard, pas de trace du 460. Derrière moi, les coureurs s'impatientent, une autre personne vient à la rescousse pour satisfaire les coureurs, et moi j'attends. Un nouveau tri plus méticuleux, l'horloge tourne, je propose de regarder, pendant ce temps, mon interlocutrice va regarder dans les dossards annulés s'il y a trace du mien. Et moi, je me dis que quand ça commence comme ça, c'est quitte ou double. Soit je vais faire une course de folie, soit ce sera un jour sans.
Le départ approche, je commence à me demander si je vais pouvoir y être, et au dernier moment, l'organisation réussit à faire le nécessaire pour m'attribuer un dossard. Je file à la ligne de départ en me disant que l'échauffement, ce sera pour une prochaine.
Le départ est très rapide, je reste sage, la course sera suffisamment longue pour accélérer ensuite. Cinq ou six cents mètres de dénivelé plus tard, j'entame la descente sur Servoz. Je passe le premier ravito en 8ème position. J'attaque ensuite la longue montée qui me mènera au Brévent, les sensations sont bonnes, je double quelques concurrents, la 3ème place est à moins de 10 secondes, j'entrevois déjà le podium final.
Ensuite... plus grand chose. Lente agonie. J'essaie de manger, en me disant que ce n'est qu'un vide passager. Dans le trail, il y a toujours des moments "sans". Je me fais courser par deux énormes patous qui sont sortis de leur enclos et manquent de m'arracher les mollets. Plus loin, j'arrive dans la partie technique, du caillou à tout va. Je prends un peu plus de temps au 2ème ravitaillement, un concurrent me rattrape, je passe 6ème. J'essaie de continuer à courir dans les portions montantes, mais les jambes ont du mal à suivre. Les descentes commencent à devenir laborieuses elles aussi. Je me refais doubler. 7ème. Il faut faire un crochet pour profiter du dernier ravito. Je ne suis plus à une minute près. Je me fais à nouveau doubler. 8ème.
Vient la dernière portion. "Vas-y, lâche tout" me dit-on. Chamonix est au-dessous, je me dis que j'y suis presque. Sauf que, n'ayant pas étudié le profil, je me rends vite compte qu'il y avait quelques cerises supplémentaires au gâteau. Des petites montées (interminables) qui font bien mal aux jambes.
Je franchis -enfin- la ligne d'arrivée, plus 45 minutes après la tête. En me disant "ça, c'est fait".
Dans le Trail, il faut parfois savoir rester humble. Et se contenter d'avoir mal aux pattes. C'est déjà pas mal.
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Pour cette épreuve comme toutes celles à suivre, je porterai les couleurs de l'association "A chacun son Everest", qui œuvre pour les enfants atteints d'un cancer ainsi que les femmes atteintes d'un cancer du sein. N'hésitez pas à aller faire un tour et faire un don, si le cœur vous en dit.
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