Moins d'un mois avant la première grande longue distance de l'hiver. Moins d'un mois avant de reprendre un grand dossard. Et un texte, sorti des archives, à lire ici:
L’impatience… Elle me
titille depuis que j’ai rangé ma housse dans la voiture, depuis la
période des fêtes, depuis les premières chutes de neige, depuis
que j’ai attaqué le ski à roulettes, et même depuis ma dernière
sortie sur neige la saison dernière.
Des mois que j’attends
ça. Je sais qu’il y a un dossard qui s’impatiente aussi dans une
pochette en carton, un dossard qui va m’accompagner durant une
grosse heure et demie, qui va m’aider à me transcender, à donner
le meilleur de moi-même. Comme quoi, une course, ça ne tient pas à
grand-chose, simplement un bout de tissu fiché d’un numéro et
posé sur les épaules.
Lorsque je me présente
sur la ligne de départ, je repense à tout ce travail effectué ces
derniers mois. Mes jambes tremblent, mes skis frétillent, mon cœur
s’emballe, il y a un peu de tout, l’attente, presque
interminable, l’émotion, l’appréhension, l’inconnue…
Les regards sont en coin,
chacun se jauge, concurrent, ami, compagnon d’échappée, de joie
et de galère. On regarde les skis, on évalue les marques, on se
rassure, on se convainc, en boucle, on repasse les heures de
préparation. Au fond de moi, je ne cesse de me dire que le travail
paie. J’essaie d’apaiser trop de Et si...
J’entends la voix du
speaker annoncer les cinq dernières minutes. Tout le monde est en
place, il ne reste plus que quelques retardataires. Dont moi. Je
m’approche de la ligne de départ au pas de course, mon cœur tape
fort contre ma poitrine. Trop. Je sais que nous sommes plus de mille
aujourd’hui dans ce cas-là. Toujours ce fichu trac.
Mais quel que soit le
résultat, nous sommes aussi mille à être sûrs d’une chose.
Bessans, nichée entre les géants blancs des Alpes, sera au final
notre juge de paix.
Le coup de fusil
s’échappe dans les airs. Ensuite, plus rien. Le temps se suspend. Je suis dans une
autre dimension, l’espace temps se modifie, quarante deux
kilomètres à lutter contre les limites de son corps. A donner le
meilleur de soi même. A vibrer, à rêver.
A faire du ski, tout simplement.